samedi 27 février 2016

Jacques à dit !




Désolée pour cette absence. Je manquais trop au milieu hospitalier...il m 'a rappelé !
Finalement, l'idée d'un blog n'était peut-être pas si bonne, depuis que je l'ai commencé je suis plus souvent à l'hôpital que chez moi. (les mauvaises langues diront que ce n'est pas vrai, que j'ai toujours fréquenté ce lieu assidument...mais ne les écoutez pas !)
Aujourd'hui un article sérieux, qui marque mon ras le bol. Je préviens ceux qui s'attendent à une bonne tranche de rire...vous pouvez partir maintenant. Il s'agit plutôt d'une réflexion personnelle, qui j'espère amènera la vôtre.
Le sujet ? La place du libre-arbitre chez le patient. (Vous avez 2 heures ! Que voulez-vous la philo est une passion).

Jusqu'où sommes nous libre de choisir les soins, les actes que nous recevons ? Sous prétexte que cela sert à nous soigner, devons nous tout accepter ? Quelle place avons-nous face aux médecins ? Ils ont le savoir universitaire mais en tant que patient nous avons le vécu. Y en a-t-il un qui pèse plus lourd que l'autre? Sont-ils complémentaires ?
J'ai souvent eu cette impression que mon corps ne m'appartenait plus vraiment. Quand à 11-12 ans, en plein début de mon adolescence, je me retrouvais plus souvent en sous-vêtements devant les médecins que devant mon miroir, j'ai été obligé de mettre une certaine distance avec ce corps qui m'était encore étranger. Baisses-toi ! Touches tes pieds ! Tends ton bras ! Ta colonne n'est pas droite ! Allonges-toi ! Relèves-toi ! ( mais t'as même pas dit "Jacques à dit" !)
Ce corps qui m'appartenait, les médecins avaient l'air de le connaître mieux que moi !
A partir de là, comment faire pour en garder la maîtrise ?

A 15 ans, lors d'un examen d'imagerie de routine sur une épaule luxée, le médecin chargé de la réalisation de l'examen voulait absolument que le bras luxé soit derrière mon dos. (Pas évident de visualiser mais je vous assure que ce n'est pas la position la plus agréable ni la plus facile à tenir). Au bout de 15 minutes, c'était devenu intenable, j'ai pleuré. Il m' a alors sermonné, me menaçant d'appeler ma mère qui selon lui se mettrait de son côté. Nous avons stoppé l'examen et il a mis sa menace à exécution. Mais il était loin de penser que Madame Clochette prendrait ma défense.
Qui était-il pour décider du seuil de douleur que je pouvais tolérer ?

Vendredi, ma deuxième bouche a cédé de nouveau. Le médecin devait donc en poser une autre. La pose d'une voie veineuse centrale se fait en anesthésie locale, mais ce n'est pas le geste le plus agréable qui soit. (ça ne vaut pas le plaisir procuré par une crêpe banane Nutella amandes effilées quoi !)
Mon cerveau n'avait sans doute pas encore effacé les restes douloureux infligés par le premier essai, 15 jours auparavant. Et il avait raison de se méfier...L'opération restera un de mes plus mauvais souvenir. (Avec la fois où je n'avais plus de Nutella pour confectionner ma fameuse crêpe banane/nut...oh ça va !    Si on ne peut plus plaisanter...) L'anesthésie locale n'ayant pas fonctionnée comme elle devait, c'est tout mon corps qui a été sanctionné, traversé par des décharges électriques que même une Raie n'égaleraient pas ! (oui, la Raie envoie des décharges ...on dit merci à Arte pour ce moment culture du monde animal). Bref, après 2h30 de lutte, le médecin a décidé d'en finir. (Mais non il n'a pas attenté à ses jours ! Il a juste jeté ses gants de désespoir en pestant qu'on n'y arriverait pas mais que ce n'était pas à moi qu'il en voulait mais à l' anesthésiant...bien aimable de ne pas me remettre la faute dessus !)
Je savais qu'il faudrait recommencer l'acte mais Monsieur le docteur avait évoqué une anesthésie générale...Soulagement !
Soulagement ? Pas tant que ça car finalement l'idée d'une sédation totale a vite été remise en question.
Encore une fois, on jugeait pour moi ce que j'étais capable de supporter ! L'idée même de revivre la douleur de cette pose était inconcevable.
Je suis une patiente "modèle", la bonne élève...Pas rebelle pour un sou, qui absorbe tout, qui ne contredit pas...Je respecte le savoir universitaire et la blouse blanche. Je ne remets pas en question ! J'applique ce qu'on me demande, j'essaye leurs drogues, je teste les effets secondaires, je suis docile...Mais pas cette fois ! Une petite voix m'a soufflé de ne plus faire confiance, d'arrêter de tout accepter ! Mon libre-arbitre s'est réveillé me criant : "Briochette ! STOP ! C'est ton corps ! TU décides de ce qui est bien pour toi, le seuil de douleur que tu ne peux pas dépasser, la manière dont tu es traitée. Trop bon, trop con !" (Bon en vrai j'entends pas de voix...enfin, je crois !)
Du coup, j'ai fait face. Pour la première fois de ma vie je me suis opposée au corps médical. J'ai refusé toute nouvelle intervention qui n'aurait pas lieu sous anesthésie générale. Ça a du faire mal à leurs égos...mais je m'en moque !

J'ai décidé que désormais si mon libre-arbitre me souffle que la personne n'a pas dit "Jacques à dit", je ne m'exécuterai plus ! La vie est un jeu ? Dans tous les jeux,  y a des règles. Désormais, plus personne ne bouge mon pion à ma place !

Jacques à dit : Article terminé ! Mangez une crêpe ou baignez vous avec les raies !

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