mardi 1 mars 2016

L'essentiel est invisible pour les yeux...

Lieu
Le métro ( encore lui !)
Personnage principal
Briochette (mais ce rôle est remplaçable aisément par toute personne se sentant concernée.)
Personnages secondaires :
 La population Française (Pas tous hein ! Mais comme je ne sais pas qui englober je vois large !)
La scène :
 Hier, j'ai pris le métro. J'étais à pied. (Je renie un peu mon fauteuil ces derniers temps . Je suis dans ma période rebelle, genre : "Nan, je veux pas me faire chier suer avec ça !" (Mes parents lisent mon Blog, pas de gros mot sinon je me fais gronder !) Du coup, je me fatigue en marchant. Oui, c'est complètement stupide, mais que voulez-vous, je ne peux pas tout assumer en même temps. La nutrition c'est déjà beaucoup pour moi, alors nutrition + fauteuil, c'est un peu comme me priver de toutes libertés. J'ai la chance de pouvoir marcher (même si ça fait mal, même si ça fatigue.) Alors pour pallier à ce manque d'autonomie, j'ai fait ce choix.Un peu version : Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, vous voyez ? Ben là c'est pareil mais version autonomie du corps, coco tu veux déconner ? Pas de soucis, mais tu assumes et tu choisis. Autonomie des jambes ou autonomie de la nourriture ? ... haha on rigole moins là hein ! )

Bon tout ça pour dire, j'étais à pied mais fatiguée et douloureuse. Je suis sortie par obligation et non par choix. (Oui là encore ça a son importance. Si je décide de sortir pour le plaisir alors que je sais que j'ai mal ...j'assume les conséquences quelles qu'elles soient).

Ce n'était pas une heure de pointe et il y avait de la place. (En même temps je suis montée au terminus, ça aide.) Choix cornélien mais je décide de m'asseoir !
Les stations défilent, les gens (Entrée des personnages secondaires : la population Française) défilent, les places se comblent.
Je suis tranquille, écouteurs dans les oreilles, dans ma bulle. Je ne demande rien à personne et personne ne me demande rien : le bonheur !

Et puis là, un groupe de personnes âgées entre dans le métro. Autour de moi, les places sont presque toutes occupées, par des collégiens, des bambins, des trentenaires et soixantenaires. (La diversité prend toute sa place dans les transports en commun).
Le groupe en question semble sportif : pantalons, chaussures et cannes de marche. (Ils revenaient d'un trek quoi !)  
En face de moi, deux jeunes, environ 10 ans : Iphone à la main et sucette verte dans la bouche.

Je n'ai pas envie de sortir de ma bulle, je n'ai pas envie de céder ma place. D'habitude je me lève et je laisse les gens plus âgés que moi s'asseoir mais là je n'en n'ai pas le courage. Et je me dis que pour une fois "les autres peuvent bien se bouger". (Alors cette phrase c'est la crétinerie absolue. C'est comme ça qu'on laisse passer les situations les plus graves, en pensant que l'autre peut bien le faire ! Un bon exemple d'illustration : Je n'ai pas appeler les secours, je pensais que tout le monde l'avait fait ! Oui ? Et ben ...non ! On ne peut compter que sur ses propres actes.)

Et puis, j'ai croisé ce regard insistant. J'ai pu lire dans ses yeux : "Cette jeunesse qui ne laisse plus sa place, aucun respect !" Je l'ai senti, ça a traversé mon corps. J'ai hésité, j'ai failli me lever et me suis ravisée. Je me suis sentie mal. J'avais envie d' hurler : Ce n'est pas parce que j'ai la flegme, ce n'est pas parce que je ne te respecte pas ! Ce n'est pas parce que je suis jeune ! C'est parce que je souffre ! Ca ne se voit pas, j'ai l'air jeune et en pleine santé mais sincèrement je pense que toi revenant de ton trek tu as plus la patate, malgré ton âge." 

Ces situations de jugement, de catégorisation, de hiérarchisation ...encore. 
Comment faire ? Comment faire pour ne pas avoir à se justifier sans cesse. Comment faire pour être cru ? Comment faire pour arrêter de ne juger que sur le paraitre ? Peut être que finalement, revenant du trek tu étais vraiment épuisé ? Peut être qu'en fait vous n'aviez marché que quelques minutes et que tu sortais de maison de rééducation ? Moi aussi je me sens obligée de hiérarchiser... Moi aussi ça m'énerve quand je vois que deux enfants ne cèdent pas leur place, mais peut être sont-ils malades eux aussi ? Comment savoir ? 

C'est là tout le problème des caisses réservées, des places réservées, des cartes réservées... Il faut justifier d'un état, mais qui est bien souvent invisible aux yeux de tous. 80 % des déficiences sont invisibles ! Alors selon vous à la caisse ou dans le bus, vous aurez plus de chance de croiser un fauteuil roulant, une canne blanche ou une personne semblant en excellente santé ? Pourquoi avons-nous besoin de justifier notre état ? Pourquoi l'être humain se sent à ce point obligé d'avoir une explication visible à la situation. 
Si quelqu'un vous demande de passer en priorité, vous pensez réellement qu'il est à ce point pressé qu'il veut gruger ? Et au pire, même s'il s'agit d'un impatient... pour toutes les personnes qui en ont vraiment besoin et qui n'osent plus demander, est-ce que ça ne vaut pas la peine de laisser passer sans demander justification ? 

J'ai une carte de priorité, que je n'utilise ... jamais. Les seules fois où j'ai tenté, je l'ai regretté et j'ai été plus que blessée par le retour des gens. Depuis, elle est bien rangée au fond de mon sac. (A côté de ma fierté lorsque je porte du Gaultier vous savez !) 

Oui je n'entre pas dans les codes. Non je ne suis pas une handicapée modèle (bien paraplégique, bien tétraplégique, bien hémiplégique : ça serait tellement plus facile pour le passant.) Je ne fais pas semblant. Je me lève en courses si je suis en fauteuil pour attraper quelque chose en hauteur. (Parce que je peux le faire et que jouer à l'handicapée c'est pas ce qui m'amuse). Je sors de ma voiture à pied et vais chercher le fauteuil dans le coffre. Et je m'assois devant vos yeux qui n'y comprennent rien. Et je m'en fiche... Et finalement ce que je demande juste, c'est d'avoir le droit de m'asseoir sur des places réservées (ou non) quand j'en ressens le besoin, sans avoir à me justifier ni à culpabiliser. 

Nous avons besoin de hiérarchiser en s'attachant à des codes pré-établis. Les enfants ne doivent pas être gravement malades, les ados ont la fougue de la jeunesse, les personnes âgées sont fatiguées. NON ! Et si la hiérarchisation s'établissait autrement. Non plus sur des idées pré-conçues, mais sur la bonne foi et l'altruisme. 

Dans mon monde de Clochette, il y aurait des places qui ne seraient même plus réservées. Les gens s’installeraient vraiment s'ils en avaient besoin, ainsi plus de questions à se poser... si les gens sont assis c'est qu'ils doivent l'être. (ça marche aussi pour les places de parking et les files d'attente) 
Pas de justification, pas besoin de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit...juste l’honnêteté. 

Oui, je sais, je vous entends d'ici ...Clochette elle vit au pays imaginaire ! ...Mais vous avouerez quand même que c'est bien dommage !







4 commentaires:

  1. Pas mal cet article que je comprends tout à fait... A présent je me fiche du regard des autres. Et encore plus celui des personnes âgées...

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    1. merci beaucoup ! C'est un point sur lequel je dois travailler ^^

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