jeudi 24 mars 2016

...



Il  y a ceux qui comprennent sans regarder, et ceux qui regardent sans comprendre.
 Il y a ceux qui écoutent quand tu parles, et ceux qui parlent sans t'écouter.
 Il y a ceux qui compatissent en agissant, et ceux qui agissent sans compassion.
 Il y a ceux qui espèrent en restant, et ceux qui restent sans espérer...
Il y a ceux qui pensent que l'autre "c'est le monde", ...et cet Autre qui pense ETRE le monde !
Il y a ceux qui tuent, qui détruisent, qui anéantissent... et d'autres qui tentent de tenir debout, de rêver... encore, et d'y croire... un peu.
Il y a ces femmes, ces hommes, ces enfants...  Il y avait cette femme, cet homme, cet enfant...
Il y a ceux qui pensent qu'il est permis de croire, et ceux qui se croient tout permis !

et

Il y a Clochette qui vit dans un monde imaginaire, et Briochette qui veut imaginer un autre monde...


P.S : Un grand grand graaaaand merci à Cassiopée qui est la talentueuse auteur (oui c'est une fille mais y a pas de "E", il parait que l'académie Française condamne AUTEURE... alors on respecte !) de l'illustration. Merci !






mercredi 16 mars 2016

Quand je serai grande ... Je serai...





Ma tête fourmille : de questions, de projections futuristes (ou futuresques ? en tous cas d'interrogations sur l'avenir ! ) 

Vous savez ces moments où tout vous semble incertain, où vous avez envie de plein de choses mais qu'en même temps elles semblent inaccessibles. 

Ce n'est pas un sentiment de défaite, ni un moment de pessimisme, ça sonne plutôt comme une prise de conscience. 
J'ai pris conscience que je ne pouvais pas programmer une semaine à l'avance un projet. J'ai pris conscience que le mental ne fait pas tout. J'ai pris conscience que ma vie était une organisation perpétuelle. J'ai pris conscience qu'on ne peut pas décider de tout, que la vie n'est pas tracée, qu'elle est sans cesse en mouvement. J'ai surtout pris conscience que je ne pourrai pas travailler "comme tout le monde". 

Ce "comme tout le monde" me dérange, mais il faut l'avouer il s'impose. Nous sommes dans un schéma de société inculqué depuis l'enfance : naissance-école- diplômes (passes ton bac d'abord !) - travail-retraite. (Enfin peut être un jour, pour les plus chanceux ou les plus vieux d'entre vous haha !) 

Petite je reproduisais les gestes des "grands". (Rien de rare là dedans hein, c'est le but des jeux : dinette, ménage, mécano.) J'adorais faire semblant de passer l'aspirateur, changer bébé... (J'avoue qu'une fois qu'il faut le faire pour de vrai c'est nettement moins emballant...)  
J'ai aussi eu ma période "maîtresse", une véritable passion que d'inculquer mes savoirs tout juste acquis à des poupons de 15 centimètres.J'ai poursuivi avec la récupération de publicités d'un magasin de bricolage. (Papier journal, avec pour seules couleurs celles des présentations d'échantillons). Attablée à mon bureau dalmatien (oui oui, j'ai eu un bureau Pongo !), sur lequel était savamment disposé un téléphone à cadran marron (branché à...ben ...rien !) et mon super pot à crayon (c'est à dire une boite de lait pour bébé recouvert de papier vénilia Minnie !),  je vendais des salles de bain, cuisines et autres toilettes armée des dits prospectus cités précédemment !  Bref j'étais une working girl en puissance ... d'environ 8 ans. Aucun manque d'approvisionnement ne me résistait, j'appliquais des réductions à mes meilleurs clients et savais leur vendre nos produits derniers cris ! Une commerciale, une vraie ! ... Et puis, j'ai grandi. J'ai laissé tomber le commerce pour devenir chanteuse/maquilleuse par intermittence avec ma copine mémé. On se repeignait la face avec une palette maquillage trouvée dans un magasin de jouet, Youtube n'existait pas encore mais nous aurions fait un ravage et toutes les youtubeuses beautés nous auraient jalousées. (Alors je vois que vous vous posez tous une question et je vais y répondre : Non nous n'avons jamais eu de boutons, un exploit !). 

 Et puis j'ai encore grandi ! Et on a commencé à me parler d'avenir, de conseillères d'orientation, de : "tu veux faire quoi après la 3eme ?". Et puis c'était déjà compliqué pour moi, car ma maladie (enfin la mienne et celle de tous les autres hein ! J'en fais pas une exclusivité ! ) qui n'était pas encore diagnostiquée me causait déjà quelques tracas. J'ai eu ma période : 
- " Je veux être prof de théâtre ! "
- "Pourquoi ?"
- "¨Parce que j'adoooooooore le théâtre !" (Avouons que c'est un peu court comme argument, je le concède) 
-"Oui mais tu comprends, c'est pas stable...blabla...intermittent...blabla...pas facile de vivre d'une passion....blablabla...peu de place. (J'ai été à l'essentiel !) 

Après réflexion, je me suis donc renseignée pour être éducatrice jeunes enfants. (Ahhh cette envie d'aider son prochain !) J'ai donc été dans l'école des éducateurs jeunes enfants pour connaitre le parcours post bac. 
-"Bonjour Madame, je suis clochette, j'ai 16 ans et je voulais des renseignements pour être EJE." (ouaich, t'as vu, je maitrise le vocabulaire !)
-" Euh, oui...alors il faut s'inscr...mais euh votre attelle au bras là c'est ...temporaire ?"
-"Ah non, ça risque de durer un moment ... voir toute ma vie héhé (petit moment gênant)."
-"Ah oui mais non hein ! ça ne sert à rien alors, on ne vous prendra jamais. Vous avez déjà vu un éducateur avec un seul bras vous ? Faut trouver autre chose !."


Voilà. A 16/17 ans j'en étais là. Je ne savais pas ce que j'avais et ça commençait à mettre quelques bâtons dans mes roulettes. Le coup de grâce est arrivé le jour de mes 18 ans, le jour de la libération d'Ingrid Betancourt, lorsque qu'on m'a dit que mon épaule était condamnée. (Toute en finesse comme toujours !).
 J'étais perdue et ne savais pas ce que j'allais faire de ma vie : j'ai envisagé prof, police scientifique (si si un jour je suis rentrée emballée d'un forum d'orientation, en étant persuadée que c'était mon avenir. C'est vous dire l'utilité de ces fora ! Moi qui ai peur dès que la nuit tombe, qui flippe au moindre bruit, en train de découvrir des cadavres : mais c'est bien sûr !), diététicienne (le prix des écoles m'a achevé ...enfin a achevé mon projet)...

J'ai décidé de partir en Sciences de l'éducation, en me disant qu'un jour je passerai le concours pour être prof des écoles à l'hôpital.

Enfin bref, je ne vais pas vous retracer tout le cheminement intérieur qui fait qu'aujourd'hui je suis en poste confortable, en étant sûre de mon projet pro...Ah ben non en fait, j'ai passé mon bac, j'ai fait des études (que j'ai choisies, je tiens à le préciser), j'ai eu mes diplômes...et je ne trouve pas de boulot. La faute à la situation économique Française ? Peut-être en partie mais si je veux être franche, pas seulement. 

Je n'ai jamais (jusqu'à maintenant) remis en doute le fait que je pouvais travailler. J'avais une idée très arrêtée là dessus, genre : "Faut pas déconner non plus, c'est pas si grave ce qu'on a ! On peut bien travailler !" (A deux, trois mots près ça donnait ça !) 

Je me suis battue contre moi-même pendant mes études, je me suis même épuisée parfois. (Je ne suis pas une intellectuelle, je suis une travailleuse. Je n'imprime pas naturellement, je m'acharne ... qu'on se le dise.) Je passais donc des heures sur mes fiches, à réviser, à écrire... Je ne sortais pas (toutes façons je n'aime pas ça) et je bossais la nuit. (Oui les nuits où j'avais trop mal pour dormir, je me défoulais sur mes cours.) En clair celui qui me dit que la fac c'est la glande, je l'atomise ! Mais j'aimais ça (ahhh ce petit côté sado en chacun de nous !). Je me sentais utile, en train de préparer mon avenir. 

J'ai enchainé les petits boulots une semaine après ma remise de diplômes, jusqu'à trouver un CDD dans mon domaine. Je me suis aperçue que la fibre commerciale m'avait réellement quittée et que ce n'était pas dans ce milieu que je m’épanouirais. (Adieu bureau Pongo !). En plus, mes problèmes de nutritions devenaient réellement compliqués à gérer. Je ne mangeais pas, je ne dormais que très peu, les voyages m'épuisaient. J'ai donc décidé de prendre le temps de faire un point santé et de m'occuper de moi. 

J'ai postulé beaucoup, sans réponse. Je me suis donc lancée dans un service civique. Un poste à 80 %, qui me plait énormément. 
Depuis septembre j'enchaine sans vraiment m'arrêter les boulettes de santé et je me sens épuisée. Cet épuisement rend impossible les projections futuresques (ou futuristes..ou ... m'enfin, z'avez compris.) Au contraire, il est le lot de réelles interrogations. 

J'échangeais avec un médecin qui me demandait quels étaient mes loisirs dernièrement. Et je me suis mise à pleurer... car je me suis rendue compte qu'entre le travail (dans lequel j'ai besoin de m'investir), les branchements de nutritions, les rendez vous médicaux, les hospitalisations (qui ne seront pas toujours dans mon emploi du temps ...du moins j'espère), les livraisons du prestataire, de la pharmacie, les prises de sang au laboratoire, les crises de douleurs... J'étais trop fatiguée pour sortir le week-end, pour voir du monde. Que je n'en n'avais même pas envie. Alors oui je pâtisse, je fais quelques trucs par ci par là... mais je ne fais pas tout ce que je voudrais. 
Et puis, comment se projeter dans un travail sur le long terme alors que je ne sais jamais de quoi sera fait demain ? Quel employeur acceptera que je ne sois pas là un jour sur deux ? Nous ne sommes pas dans le monde des bisounours...être employé c'est une charge pour celui qui recrute, il faut être rentable et ce quel que soit le domaine. 
Alors qu'est ce que je vais faire ? J'ai fait le deuil d'un temps plein, je m'aperçois que 80 % c'est dur aussi... Un mi temps ? Mais à 25 ans, on devrait travailler comme "tout le monde", non? Pourquoi dans notre modèle de société on se sent "inutile" si on ne travaille pas ? Si on ne suit pas le modèle ? 
Pourquoi on ne pense pas à ceux qui sont malades mais qui veulent travailler et ne pas se retrouver à des postes sans responsabilités, des postes placards ? Pourquoi est-ce que c'est à nous de rassurer l'employeur alors que nous n'avons pas les cartes pour nous rassurer nous-mêmes ? Et qu'est-ce que je fais si un jour, avec toute la volonté du monde, je ne réussis plus à rentrer dans le moule ? 
Je ne veux pas être dépendante financièrement de quelqu'un ...et pourtant si je ne vais plus travailler je le serai. Pourquoi ? Parce que le système est si bien fait que l'aide aux adultes handicapés est calculée en fonction du revenu du conjoint (qui doit être quasiment au SMIC pour permettre une véritable aide)... Parce que le système est si bien fait que pour avoir la reconnaissance d'une invalidité dans le travail, il faut que je reprenne un emploi pendant un certain nombre d'heures, sans période de chômage et avec un nombre de jour d'arrêt bien défini... Mais qui veut reprendre en sachant que l'issue est un échec ? Qui souhaite se mettre délibérément en difficulté ? ... 

Bref, moi quand je serai grande ...je serai ... grande ! (...ou pas !)






vendredi 11 mars 2016

Merci



Si je vous dis que je suis vraiment désolée de mon absence mais que j'étais encore hospitalisée ...vous me croirez ? 

J'ai bien conscience que ça commence à faire un peu excuse bidon ...mais pourtant c'est ma triste réalité en ce moment. Trop de péripéties depuis quelques temps, ça fatigue ! 

J'essaye de tenir le coup, de garder le cap, de suivre ma route. Mais j'ai cette désagréable sensation d'être comme cette voiture à qui on aurait oublié d'enlever le frein à main avant de rouler. Elle tente de donner tout ce qu'elle peut mais ce n'est jamais suffisant pour dépasser les bâtons qu'on lui met dans les roues. Finalement ce qui l'aide encore à rouler c'est l'essence qu'elle contient, le carburant qu'on lui ajoute. Pour sortir de la métaphore (car je ne suis pas un bolide) mon carburant à moi ce sont mes proches. Aujourd'hui j'ai envie de les remercier et de faire un petit article (peut être gnan-gnan pour vous ) mais qui est important pour moi. 
Je tiens à préciser avant toute chose que l'ordre d'apparition dans le générique n'est pas un ordre préférentiel, c'est un ordre aléatoire (ou non mais au fond on s'en fiche de comment range ou réfléchit mon cerveau). 

Mon carburant est composé bien entendu de mes parents.
 Ils sont là depuis le début. Je vous entends dire : ben logique ce sont tes parents !  (Euh non...ils auraient pu me jeter dès la naissance mais non sous prétexte que j'étais une fille ils m'ont gardé !)  Bref, je sais que ma maladie les affecte. Je sais qu'ils se sentent coupables, responsables. (Et tous les mots en -ables que vous pourrez trouver), sous prétexte que la maladie est génétique. Mais ils ne le savaient pas. Alors comment pourrais-je en vouloir à qui que ce soit ? J'en veux à la médecine de ne pas avancer, de ne pas s'intéresser, de ne pas chercher. J'en veux à la "faute à pas de chance" mais je ne leur en veux sûrement pas à eux ! Ils font tout ce qu'ils peuvent pour nous. (Dans le nous, j'englobe les autres petites Clochettes que mes parents ont conçu). Ils sont présents, et d'un grand soutien. Je sais que ce que je leur impose via la maladie n'est pas simple à gérer. J'ai conscience de parfois baisser les bras et de ne pas toujours être cool avec eux. Je m'en veux souvent de l'attitude que j'ai pu avoir, ces jours où un rien ne m'énerve et où la vie me semble injuste. Je sais qu'ils font tout pour ne pas montrer leur peine, leurs craintes. Et pourtant je connais le poids que cela inflige. La culpabilité retenue, la peur de voir son enfant malade, les questionnements que je me pose également et auxquels on ne sait répondre. J'aimerai que la vie soit plus légère pour eux aussi. Je suis largement majeure, et pourtant je sens encore dans leurs yeux que je suis une petite fille. Comme si sortant de l’œuf, je n'avais pas encore les armes pour me débrouiller seule, comme si je pouvais me briser d'un instant à l'autre. Pourtant ce n'est pas l'image que je veux renvoyer. Je suis une Clochette peureuse, mais je veux être une Briochette battante. Ils le savent bien entendu, ils ont conscience que cela m'énerve quand on me dit de faire attention, de ne pas porter, de ne pas faire ceci ou cela pour ma santé ... mais je comprends ... parce que...ce  sont des parents tout simplement. 
(Ce passage vaut également en partie pour mes grands-parents (je vais pas recommencer hein c'est déjà tout écrit :) et certaines autres petites Clochettes que mes parents ont conçu ! Dis comme ça, ça donne la sensation qu'on est une graaaaaaande famille, mais en fait pas tant que ça.) 

Une autre ressource, mes amies. Mon petit vent, ma mémé, ma tarée, matiti, chlouette ... Vous êtes toujours là, quoi qu'il arrive. Même si nous sommes physiquement éloignées, vos messages me réconfortent. Vous avez les mots pour soigner les maux (elle était facile celle-là). Pour certaines nous avons grandit ensemble, pour d'autres c'est arrivé plus tardivement mais pour toutes vous êtes des éléments indispensables à ma vie. Ces derniers mois ont été éprouvants et vous avez su me faire tenir. Je ne vous le dis sûrement pas assez alors MERCI d'être là, d'être qui vous êtes, de ne jamais m'avoir tourné le dos. Ce n'est pas si évident que ça, il y en a beaucoup à qui la maladie fait peur ... Alors juste pour une fois, vous avez le droit d'être à l'honneur. (N'y prenez pas trop goût non plus, faut pas déconner). 

Il y a aussi les copines de galère. Celles que je n'aurai jamais rencontrées si nous n'avions pas été malades. Comme quoi, il y a aussi des côtés positifs. Le soutien, les astuces, ne pas se sentir seule dans la galère c'est important. Sans vouloir être ségrégationniste (pas fastoche comme mot), même avec toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas comprendre de la même manière ce qu'est être malade que lorsqu'on le vit. Même en essayant d'imaginer au mieux ! C'est un peu comme les gens qui vous disent : "si t'as jamais eu mal au dos Jean-René, tu peux pas savoir ce que c'est !" Ne le prenez pas mal, mais c'est un peu vrai. Alors merci à elles, de permettre cet échange et un espace de dialogue que je ne pourrai pas avoir ailleurs. 


Dans mon carburant, il y a aussi toutes ces personnes auxquelles je ne m'attendais pas. Des textos de soutien reçus par-ci par-là. Des personnes avec qui j'ai pu avoir plus ou moins de liens mais qui sans s'en douter sont les premières à prendre des nouvelles.  

Enfin, (oui je sais c'est long, ça fait un peu discours des Oscars mais bon ...je m'en fiche !) il y a Mr Clochette. Merci à lui d'être aussi fidèle, de me supporter au quotidien. Nous nous sommes connus il y a maintenant presque une décennie (outch dis comme ça, ça fiche un coup !). J'étais en meilleur état. La garantie est terminée et je me dégrade un peu. Pourtant il y a une chose que ne se modifie pas c'est mon amour et mon admiration pour lui. J'ai vraiment besoin de lui au quotidien. (Non ne pars pas joli Monsieur, c'est pas pour te mettre la pression c'est juste pour te dire que je t'aime vraiment !) 
Je mesure la chance de l'avoir aujourd'hui dans un monde où les couples se font et se défont sans réflexion. Je le sens parfois malheureux de tout ce qu'on doit affronter et pourtant il reste campé au poste. Soutien moral, soutien physique, soutien logistique (oui j'avoue c'est lui qui gère le stock de matériel depuis que j'ai perdu le wifi). Je sais qu'il est là et ça me fait du bien. Son calme olympien en toutes circonstances est d'un grand recours. Il y a quelques années, je lui avait fait lire La théorie des cuillères, (à lire d'urgence si vous ne connaissez pas). Le lendemain, il m'offrait un petit paquet. Dedans deux cuillères, avec pour légende : Je serais toujours là, le jour où tu auras besoin d'une cuillère supplémentaire. Et il n'a pas menti... Je sais que tout comme avec mes parents, je peux être parfois désagréable, la fatigue, la douleur et la lassitude se cumulant. Il est en première ligne car je n'ai pas de filtre avec lui. Pour ceux qui me connaissent, je fais rarement la tête, même lorsque je souffre. Ce n'est pas le cas chez moi. Parce que justement, c'est ma bulle et que je me permets de montrer que ça ne va pas. Je laisse tomber le masque et m'abandonne. C'est donc dans ses bras que je pleure et que je craque. Mais finalement, c'est plutôt bon signe, cela veut dire que je peux me dévoiler sans crainte. 

Pas facile de conclure un article comme celui-ci. Ce n'est pas dans la même veine que d'habitude je le sais. Mais cet article n'est pas fait pour plaire, ni pour partager une expérience. J'avais juste besoin de remercier et de dire que je les aime à ceux qui comptent pour moi au quotidien et ceux qui me permettent d'avancer.
Merci ! 






mardi 1 mars 2016

L'essentiel est invisible pour les yeux...

Lieu
Le métro ( encore lui !)
Personnage principal
Briochette (mais ce rôle est remplaçable aisément par toute personne se sentant concernée.)
Personnages secondaires :
 La population Française (Pas tous hein ! Mais comme je ne sais pas qui englober je vois large !)
La scène :
 Hier, j'ai pris le métro. J'étais à pied. (Je renie un peu mon fauteuil ces derniers temps . Je suis dans ma période rebelle, genre : "Nan, je veux pas me faire chier suer avec ça !" (Mes parents lisent mon Blog, pas de gros mot sinon je me fais gronder !) Du coup, je me fatigue en marchant. Oui, c'est complètement stupide, mais que voulez-vous, je ne peux pas tout assumer en même temps. La nutrition c'est déjà beaucoup pour moi, alors nutrition + fauteuil, c'est un peu comme me priver de toutes libertés. J'ai la chance de pouvoir marcher (même si ça fait mal, même si ça fatigue.) Alors pour pallier à ce manque d'autonomie, j'ai fait ce choix.Un peu version : Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, vous voyez ? Ben là c'est pareil mais version autonomie du corps, coco tu veux déconner ? Pas de soucis, mais tu assumes et tu choisis. Autonomie des jambes ou autonomie de la nourriture ? ... haha on rigole moins là hein ! )

Bon tout ça pour dire, j'étais à pied mais fatiguée et douloureuse. Je suis sortie par obligation et non par choix. (Oui là encore ça a son importance. Si je décide de sortir pour le plaisir alors que je sais que j'ai mal ...j'assume les conséquences quelles qu'elles soient).

Ce n'était pas une heure de pointe et il y avait de la place. (En même temps je suis montée au terminus, ça aide.) Choix cornélien mais je décide de m'asseoir !
Les stations défilent, les gens (Entrée des personnages secondaires : la population Française) défilent, les places se comblent.
Je suis tranquille, écouteurs dans les oreilles, dans ma bulle. Je ne demande rien à personne et personne ne me demande rien : le bonheur !

Et puis là, un groupe de personnes âgées entre dans le métro. Autour de moi, les places sont presque toutes occupées, par des collégiens, des bambins, des trentenaires et soixantenaires. (La diversité prend toute sa place dans les transports en commun).
Le groupe en question semble sportif : pantalons, chaussures et cannes de marche. (Ils revenaient d'un trek quoi !)  
En face de moi, deux jeunes, environ 10 ans : Iphone à la main et sucette verte dans la bouche.

Je n'ai pas envie de sortir de ma bulle, je n'ai pas envie de céder ma place. D'habitude je me lève et je laisse les gens plus âgés que moi s'asseoir mais là je n'en n'ai pas le courage. Et je me dis que pour une fois "les autres peuvent bien se bouger". (Alors cette phrase c'est la crétinerie absolue. C'est comme ça qu'on laisse passer les situations les plus graves, en pensant que l'autre peut bien le faire ! Un bon exemple d'illustration : Je n'ai pas appeler les secours, je pensais que tout le monde l'avait fait ! Oui ? Et ben ...non ! On ne peut compter que sur ses propres actes.)

Et puis, j'ai croisé ce regard insistant. J'ai pu lire dans ses yeux : "Cette jeunesse qui ne laisse plus sa place, aucun respect !" Je l'ai senti, ça a traversé mon corps. J'ai hésité, j'ai failli me lever et me suis ravisée. Je me suis sentie mal. J'avais envie d' hurler : Ce n'est pas parce que j'ai la flegme, ce n'est pas parce que je ne te respecte pas ! Ce n'est pas parce que je suis jeune ! C'est parce que je souffre ! Ca ne se voit pas, j'ai l'air jeune et en pleine santé mais sincèrement je pense que toi revenant de ton trek tu as plus la patate, malgré ton âge." 

Ces situations de jugement, de catégorisation, de hiérarchisation ...encore. 
Comment faire ? Comment faire pour ne pas avoir à se justifier sans cesse. Comment faire pour être cru ? Comment faire pour arrêter de ne juger que sur le paraitre ? Peut être que finalement, revenant du trek tu étais vraiment épuisé ? Peut être qu'en fait vous n'aviez marché que quelques minutes et que tu sortais de maison de rééducation ? Moi aussi je me sens obligée de hiérarchiser... Moi aussi ça m'énerve quand je vois que deux enfants ne cèdent pas leur place, mais peut être sont-ils malades eux aussi ? Comment savoir ? 

C'est là tout le problème des caisses réservées, des places réservées, des cartes réservées... Il faut justifier d'un état, mais qui est bien souvent invisible aux yeux de tous. 80 % des déficiences sont invisibles ! Alors selon vous à la caisse ou dans le bus, vous aurez plus de chance de croiser un fauteuil roulant, une canne blanche ou une personne semblant en excellente santé ? Pourquoi avons-nous besoin de justifier notre état ? Pourquoi l'être humain se sent à ce point obligé d'avoir une explication visible à la situation. 
Si quelqu'un vous demande de passer en priorité, vous pensez réellement qu'il est à ce point pressé qu'il veut gruger ? Et au pire, même s'il s'agit d'un impatient... pour toutes les personnes qui en ont vraiment besoin et qui n'osent plus demander, est-ce que ça ne vaut pas la peine de laisser passer sans demander justification ? 

J'ai une carte de priorité, que je n'utilise ... jamais. Les seules fois où j'ai tenté, je l'ai regretté et j'ai été plus que blessée par le retour des gens. Depuis, elle est bien rangée au fond de mon sac. (A côté de ma fierté lorsque je porte du Gaultier vous savez !) 

Oui je n'entre pas dans les codes. Non je ne suis pas une handicapée modèle (bien paraplégique, bien tétraplégique, bien hémiplégique : ça serait tellement plus facile pour le passant.) Je ne fais pas semblant. Je me lève en courses si je suis en fauteuil pour attraper quelque chose en hauteur. (Parce que je peux le faire et que jouer à l'handicapée c'est pas ce qui m'amuse). Je sors de ma voiture à pied et vais chercher le fauteuil dans le coffre. Et je m'assois devant vos yeux qui n'y comprennent rien. Et je m'en fiche... Et finalement ce que je demande juste, c'est d'avoir le droit de m'asseoir sur des places réservées (ou non) quand j'en ressens le besoin, sans avoir à me justifier ni à culpabiliser. 

Nous avons besoin de hiérarchiser en s'attachant à des codes pré-établis. Les enfants ne doivent pas être gravement malades, les ados ont la fougue de la jeunesse, les personnes âgées sont fatiguées. NON ! Et si la hiérarchisation s'établissait autrement. Non plus sur des idées pré-conçues, mais sur la bonne foi et l'altruisme. 

Dans mon monde de Clochette, il y aurait des places qui ne seraient même plus réservées. Les gens s’installeraient vraiment s'ils en avaient besoin, ainsi plus de questions à se poser... si les gens sont assis c'est qu'ils doivent l'être. (ça marche aussi pour les places de parking et les files d'attente) 
Pas de justification, pas besoin de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit...juste l’honnêteté. 

Oui, je sais, je vous entends d'ici ...Clochette elle vit au pays imaginaire ! ...Mais vous avouerez quand même que c'est bien dommage !