lundi 20 mai 2019

Il était une fois... Cendrillon et le nez cassé (partie 1 : Aux urgences)





Parfois je voudrais être un  cyborg ! Ouep, un joli cyborg avec des yeux supersoniques capables d'enregistrer touuuuuut ce qu'ils voient....

Malheureusement pour vous, je ne suis qu'une simple humaine. ( Et puis bon je suis une princesse, je fais caca paillettes et je vomis des papillons, on ne peut pas tout avoir !)
 Et encore une fois, il va falloir me croire quand je vais vous raconter mes supers aventures médicales ! (Avouez, ça fait rêver dit comme ça hein ... Allez bande de coquinous curieux, je vous  embarque dans ma vie ! Non ne me remerciez pas, je le fais d'abord pour moi, pour me décharger de toutes les émotions que j'accumule. Mais bon, si ça vous fait plaisir de vous dire que je le fais pour vous  en premier lieu, n'hésitez pas à le penser).





La semaine dernière j'ai eu des douleurs particulièrement intenses : de ventre, d'articulations, de migraines (des vraies qui font vomir, pas le petit mal de tête de quand tu n'as pas envie de... Enfin de... Mesdames, vous m'aurez compris (et messieurs aussi sans doute car finalement vous êtes aussi concernés).
J'étais donc couchée tranquillement dans mon lit (comprenez : j'étais en train de prier pour qu'une créature céleste me retire la vie afin d'abréger mes souffrances) quand SOUDAIN (ça fait peur hein !) de violentes nausées sont apparues. Je décide donc de me lever. (Bon ben du coup plutôt prestement histoire d'avoir la décence de ne pas me gerber dessus...  et puis parce que je n'avais pas envie de changer mes draps, de récurer tout ça, tout ça...Et puis les papillons c'est galère à rattraper...).
Comme vous vous en doutez, me lever n'était finalement pas une bonne idée. Parce que dans l'idée ça a donné : un voile noir puis :

Il suffit juste d'imaginer que la voiture est en fait une penderie, et que du père noël j'ai gardé la couleur rouge sang.

Je me suis donc "réveillée" dans une flaque de sang (si si c'est comme ça qu'ils ont dit à l'hôpital : une flaque).  Ma migraine toujours bien présente (à moins que ça ne soit l’œuf qui ait poussé sur mon arcade sourcilière qui me faisait mal ?) et un nez en moins...

J'ai donc eu cette réaction tout à fait naturelle d'appeler mes parents :
 "Euh maman ? Je crois que je me suis fait un peu mal en tombant ! T'inquiètes je vais bien mais... je crois que je me suis peut être probablement sûrement cassé le nez... "

Et en les attendant j'ai eu la présence d'esprit de lancer une lessive pour ne pas que le sang attache et j'ai commencé à nettoyer le sol à coup de sopalin (pour ne pas que le sang attache), tout en continuant d'en disséminer (du sang hein) par-ci, par- là.  J'ai ensuite attaqué ma penderie (bordel elle a 4 mois, et le sang ça tache ! ... Oui j'étais un peu en boucle sur la propreté et le sang qui tâche... Bizarrement beaucoup moins sur ma tronche de Mike Tyson piqué par Maya l'abeille dont il aurait été allergique. )

A un cheval près, je ressemblais à ça : (avec le bleu au dessus de l’œil et pas en dessous quoi ! et en version féminine... Enfin vu les formes de mon visage, fallait encore deviner que j'étais une créature humaine alors de là à déterminer un sexe...)



Mes parents sont arrivés, ma maman m'a demandé si j'avais mis la lessive à 30 degrés car il ne faut pas bouillir le sang sinon c'est mort ! (Ouais on est tous comme ça dans la famille). Et puis finalement ils ont appelé les pompiers parce que quand même c'était pas folichon.

Pompiers au top professionnellement (bon pour le physique, faudra quand même qu'on m'explique : il travaille où lui ?
Parce que perso, je ne tombe jamais dessus ... Mais c'est un détail...)

 Ambulance, urgences !

On m'emmène en traumato, sauf que la traumato ne veut pas me prendre car il y a eu malaise avant la chute, donc direction les urgences médicales... On vous prévient mademoiselle, il va y avoir de l'attente (pas de soucis, je le comprends je ne suis pas une urgence vitale donc je sais bien.) Je suis sage, je suis dans mon coin, tranquille. J'écoute les gens rouspéter, je regarde les nanas arriver à l'article de la mort : main sur le front, râle dans la voix ... pour finalement sortir le portable 3 minutes après (dès que les infirmières tournent le dos quoi !).

Puis vient le box... Mes parents m'y rejoignent. Entrée de l'infirmière qui vient poser une voie veineuse. Bon déjà elle dégage autant d'amabilité  que Germaine... (vous vous souvenez de Germaine ? C'est elle : )


Dialogue ? Allez dialogue ....

Moi : Juste pour information, mes veines roulent et claquent facilement (pour ceux qui me suivent assidument c'est un peu un gimmick de répétition l'histoire de mes veines...)
Germaine : Mais je sais faire mon travail hein !
Moi dans ma tête : Olà cannasson, touuuut douuuuux.
Moi en vrai : Je n'en doute pas, je vous prévenais juste.

Elle tâte, re tâte, se saisit de l'aiguille et...

Moi : Aiiiiieuuuuh (Les bips du scope sur lequel j'étais branchée ont dit eux aussi : aiiiieuuuuuh (à leur manière quoi, en s'agitant  !) )
Germaine : Nan mais. faut pas bouger hein !
Moi : Oui sauf que là vous avez piqué dans un nerf, j'ai des décharges et des fourmis dans la main ! (moi dans ma tête : grognasse tu recommences une fois je te la fiche dans le fion ton aiguille on verra si tu bouges pas !)
Elle :  Ha ben non en fait pas elle, car madame n'a même pas pris la peine de s'excuser.
Je me suis contentée de broyer la main de ma maman qui s'inquiétait en parallèle de savoir pourquoi les alarmes s'étaient lancées au moment où j'avais eu mal. Réponse de Germaine : ha nan mais ça c'est pas important, on s'en fiche.

Départ de Germaine, entrée du médecin. Là on était plus sur du Cruella (niveau dédain bien sûr).

Elle est entrée dans la pièce sans un bonjour, a lancé un : vous sortez à mes parents sans un regard.  Elle s'est ensuite dirigée vers l'ordinateur et a finalement daigné me regarder pour me lancer

Cruella : Vous n'avez rien à faire ici ! C'était en traumato qu'il fallait aller, c'était facile pourtant.
Moi : Mais ce sont les pompiers qui...
Cruella : Oui ben si ils ne savent pas faire leur boulot aussi ... on voit bien là quand même hein !
Moi : Mais ils m'ont emmené en traumato, c'est la traumato qui a dit de venir ici car j'avais fait un malaise avant et...
Cruella : Ha ben oui, la traumato c'est des CHIRURGIENS  (elle l'a dit avec tout le dégoût possible qu'elle pouvait mettre dans ce mot), faut pas trop leur en demander, ça sait pas ce que c'est un malaise vagal. Bref vous avez le nez cassé ! La prochaine fois hein ça sert à rien de vous lever, vous lever les jambes et puis c'est tout. Enfin... Il m'est arrivé la même chose en voyage, j'avais la tourista, j'ai fait un malaise bim nez cassé. Allez antibiotiques, anti-inflammatoires, radio et puis vous irez voir un ORL d'ici 8 à 10 jours.

J'ai dit que j'avais mal aux cervicales, elle a tâté vaguement et elle m'a dit : "Ha ben oui c'est tout bloqué, faut aller chez l'ostéo."

Et elle est partie...

Là j'ai tilté que j'avais oublié de lui dire que je ne pouvais pas prendre les antibiotiques par la bouche (pour cause je vais les revomir 2 fois sur 3 quoi !) Ma gentille maman essaye de la rattraper, mais Cruella s'est déjà évaporée. Du coup elle transmet à Germaine.
Germaine toujours aussi aimable dit qu'on a le temps, que je ne suis pas partie blablabla et puis elle vient me chercher pour me remettre en salle d'attente. Et elle balance un délicat : et les parents ils vont partir hein, ils peuvent pas rester ! Et puis elle, elle est assez grande pour dire qu'il lui faut une perfusion, hein elle va s'en sortir ?
Là j'avais envie de lui dire d'arrêter de me parler comme à une débile, mais finalement je lui ai rétorqué : en fait, tout à l'heure je n'ai pas pu lui courir après, parce que je n'ai pas le droit de me lever ... c'était logique  en somme ! Mais bon promis la prochaine fois, je serais grande et je ne respecterais pas les ordres Germaine !

 Bref, j'ai ensuite attendu, passé une radio du nez, attendu, écouté le personnel rigoler d'une fille qui aurait du aller en psy et qui ne voulait pas être attachée, attendu, attendu, attendu. J'ai osé demander pour aller aux toilettes au bout de 5h de présence... Ils n'avaient pas entendu le son de ma voix encore... On m'a dit que je ne pouvais pas me lever mais qu'on m'emmenerai. J'ai attendu... On ne m'a jamais emmené.

L'interne est venue avec une ordonnance. J'ai dit que je ne pouvais pas prendre les antibiotiques et les anti-inflammatoires par voie orale. Elle est partie. Elle est revenue et elle m'a dit que c'était trop compliqué de passer en perfusion... Elle m'a enlevé les anti-inflammatoires, elle m'a donné l'ordonnance et elle m'a dit de me débrouiller comme ça jusqu'à lundi et que lundi si ça n'allait pas je n'avais qu'à aller voir mon médecin traitant. J'ai attendu, on est venu m'enlever ma voie veineuse. On m'a dit : je vais vous emmener plus loin pour vous rhabiller avec tellement de lassitude dans la voix que j'ai proposé de me rhabiller entre mes deux paravents... De toute façon ma dignité à l'hôpital, ça fait un bail que je l'ai perdu. Il était content, il m'a dit ok. Il est partit...

Je me suis débrouillée pour retrouver mon chemin dans les couloirs de l'hôpital, il était presque minuit. Et je me suis dit que Cendrillon, elle avait quand même vachement dérouillé physiquement.
Ma citrouille m'attendait pour me ramener à la maison (mon père en cocher c'est bien plus la classe que le cheval Major !). 


Et puis ça aurait pu s'arrêter là, une tête déformée, une double fracture du nez (ah oui au fait, c'était ça ), mais non il y a eu le suivi  (enfin suivi... je vends du rêve !) en ORL.

Mais ça, ça vaut un article pour lui tout seul ...

PS : Même si j'avais pas mis à 30 degrés, le sang n'a pas bouilli ! Plus une trace ! Donc pour info, 40 ça passe encore...Je suis une souillon qui se respecte quand même dans les tâches ménagères ;)

vendredi 3 mai 2019

Lettre ouverte à mon corps (enfin à moi quoi !)



Mon très cher corps .... (Faut pas déconner non plus...)
Cher corps (non même ça c'est encore trop...) 

Corps, (oui là on est bien concis, précis, juste !) HUM HUM (c'est un éclaircissement de gorge, comme avant les grands discours, m'voyez ? Bon on reprend...) 

Corps, 

Je sens que tu ne m'aimes pas.
Alors peut être ai-je des aprioris, peut être que j'interprète (la formulation en "verbe-sujet' inversés utilisée précédemment ne rendait rien... interprète-je c'est moche, qu'on se le dise...)  mal les signes mais je pense pouvoir le dire sans trop m'avancer  : je sens que tu ne m'aimes pas. 

Voilà 28 ans (quoi bientôt 29 ? oui ben on n'y est pas encore il me semble donc mollo sur le vieillissement !) que nous vivons ensemble toi et moi. C'est long 28 ans, peu de couples y résistent. Les années qui filent, les écarts qui se creusent et puis tu sais, c'est pas toi, c'est moi ! (Oui cette fameuse phrase qui ne veut rien dire mais qui permet de filer en douce, sans verre cassé, sans scène digne d'un molière.)

Je t'ai permis de faire du sport, ça prenait du temps, tu rentrais fatigué mais je ne t'ai jamais reproché quoique ce soit.
Tu as voulu faire du piano, je t'ai laissé faire du piano. 
Tu as voulu faire du théâtre, je t'ai laissé faire du théâtre. 
Tu as voulu voir Vesoul... Alors là non ! Moi j'ai jamais cautionné Vesoul et sache que si je t'ai laissé y aller, c'est uniquement pour cause familiale !  

Il me semble tout de même que tu avais de la liberté mon petit corps ! Ah ça, la liberté tu en as pris, de plus en plus ! 
Sache que nous cerveau et émotions, on a subi ton comportement, plus d'une fois ! Les nuits blanches parce que tu ne savais pas comment te gérer, parce que tu rentrais complètement meurtri d'une activité. 
Les lendemains à ne pas assumer, tu empêches tout le monde de dormir ok, sauf que pour la concentration les jours suivants, c'est qui qui devait assurer hein ? C'est bibi ! 
Je bosse moi mon gars ! La proprio me demande des efforts pour les études, pour la vie sociale, pour paraitre en forme et toi ? Toi tu ne fais aucun effort ! On dirait un mec bourré : tu te tapes dans les encadrements de portes, tu tombes, tu lâches tout, tu vomis encore et encore... 
On passe pour quoi nous, le corps ? Tu peux me dire ? On passe pour quoi ? 

Et je ne te parle pas du ménage, le corps ! Je me tape tout ici ! Je répète sans cesse : faut que ça soit propre, faut nettoyer, faut ranger ! A longueur de journée ! Ca ne te plait peut être pas, mais le chef des opérations ici c'est moi. Tu es un exécutant c'est comme ça. Et un exécutant ça.... (allez y je vous laisse un peu réfléchir, enfin si vous êtes toujours là... parce que peut être que vous m'avez laissé dans ma schizophrénie ambiante... Mon cerveau en train d'engueuler le propre corps dans lequel il siège... je peux comprendre que le concept est... Novateur certes, mais pas simple ) 
Un exécutant, ça exécute. 

Je ne te laisse pas le choix, tu dois le faire. Je te force tous les matins à te lever, je te force à faire les courses, je te force à travailler, je te force à avoir une allure présentable, je te force à ranger, je te force à faire le ménage, je te force à avoir une vie sociale.
 Oui, j'ai le rôle chiant ! Mais si je ne le fais pas, qui le fera ? Je suis le cerveau des opérations, je ne te laisse pas le choix, tu dois le faire. 

Mais au bout de 28 ans à te donner des ordres, et à t'obliger je sens la rébellion. Tu te mets en grève de plus en plus souvent. Tu refuses de m'écouter. Tu fais n'importe quoi. Tu argues la fatigue, tu te mets en arrêt maladie. Mais moi dans tout ça le corps ? Tu as pensé à moi ?

Il y a quelques mois j'ai lâché prise... j'ai fait comme toi, j'ai laissé coulé. Je me suis dit qu'après tout si tu ne faisais aucun effort, je ne vois pas pourquoi j'étais forcé d'en faire. 
Moi le cerveau, j'ai décidé d'arrêter de réfléchir, d'arrêter de forcer les choses. J'ai fait comme toi. 
Résultat ? On a perdu l'un des seuls être qui nous supportait jour et nuit, qui nous aimait, qui nous soutenait. 

Alors tu vois le corps, on ne peut pas tous abandonner en même temps, car si on le fait, on perd la bataille. 
Dans la vie, il faut un meneur, et tu ne peux pas l'être car tu n'es pas assez fiable.
Regarde, je nous trouve du travail et toi au bout de 2 mois tu ne fais déjà plus aucun effort. 
Je rame seul ! 
Je suis tiraillé entre toi et les émotions qui se laissent influencées par ton état d'esprit. Tu es une mauvaise fréquentation !  (Un peu comme quand plus petit on nous disait :"'dis donc en ce moment je ne sais pas qui tu fréquentes mais... " Et puis c'est tout. Le Mais... se suffisait à lui seul. Et la phrase se terminait régulièrement par "Mais va falloir que ça change !")

Tu vois le corps, je sais qui tu fréquentes (car en tant que cerveau j'ai vu sur tout) mais je te le dis quand même il va falloir que ça change !  
A 28 ans je suis épuisé de devoir te trainer partout, de devoir justifier tes absences, de devoir faire semblant pour deux, de devoir rattraper tes bêtises, de devoir redoubler d'attention parce que tu ne mènes pas la vie que je voudrais avoir. A 28 ans, je ne veux pas que tu influes sur ma vie amoureuse (ou à la rigueur ton rôle serait d'être canon, voir légèrement sexy, sourire ultra brite et tutti quanti ! Tu dois arrêté d'être un boulet.) A 28 ans, je te demande d'être un peu autonome. 

Corps, à nous non plus (je parle toujours en compagnie des émotions... Je précise après ça vous allez croire que je suis mégalo ... Ou complètement siphonnée alors que franchement : PAS DU TOUT !),  ça ne nous fait pas plaisir de partager ta vie, sache le. Si nous pouvions changer de coloc, nous le ferions.
 Parce que nous on a envie d'une vie simple et saine. 
Parce que nous on a envie d'amour, d'amitié, de profiter, de voyager, de travailler, de jouer. 
Parce que nous, on voudrait juste devoir arrêter de choisir entre "se laver les cheveux" ou "passer le balais", entre "sortir pour une soirée jeux" ou "travailler". 
A 28 ans, on devrait être capable en bonne collaboration de mener toutes ces activités en même temps. 

Alors tu vois le corps, tout ça c'est ce que j'aurais pu te dire si je te savais en bonne santé et que je savais que c'était vraiment de la mauvaise volonté... Mais en tant que pilote des opérations, je sais bien que toi aussi, tu rêves de faire tout ça et que tu es frustré ! Alors mon très cher corps, non je ne t'abandonnerai pas, et on continuera ensemble à pleurer sur cette vie qui nous semble injuste, à rigoler sur des détails, à s'émerveiller devant un coucher de soleil, à espérer qu'un jour on nous aime pour toujours comme on est toi et moi, corps et cerveau (et émotions), pas toujours à la norme. 

Mon très cher corps, c'est pas de ta faute tout ça et l'essentiel c'est qu'on ne l'oublie pas.