vendredi 25 mai 2018

Paulo et la cigogne !


 

Aujourd'hui j'ai osé l'impossible, 
Tenté l'inimaginable, 
Essayé d'outrepasser des limites que personne encore n'avait osé franchir : j'ai ... (non je vais aller à la ligne, sinon ça casse mon style et ma mise en page)

J'ai contacté pôle emploi pour une demande de financements ! (Si ce sont des applaudissements que j'entends, alors vous pouvez les doubler (voir tripler... Non ? C'est trop demandé... Bon !)) 

J'ai eu une intense réflexion en début de semaine alors que je me morfondais sans énergie dans mon lit. Tu veux être professeur des écoles ? Tu veux passer le concours ? Tu veux bosser en même temps alors que tu es à peine capable de te remettre d'un week-end à 2h30 de route de chez toi ? 
Haha laisse moi rire (ça c'est mon moi intérieur qui se riait de mon moi physique). 

Du coup, je me suis dit que pour y arriver, il serait sans doute plus sage de consacrer un an, une année entière, 365 jours (vous avez compris là non ? C'est un peu lourd peut être)... à la préparation de ce fameux concours. Et pour se faire, quoi de mieux qu'une prépa ? (là, il faut imaginer cette tête de génie de the révélation de ma life ) :


Bref j'ai regardé les prix des prépas... Bon ça doit être comme les voitures, tu en as de toutes sortes, à tous les prix et la plus chère n'est pas forcément la plus pratique. (Hein dites moi que c'est ça !!!) Parce qu'une Ferrari c'est bien joli, mais si tu as une famille nombreuse, c'est pas évident de caser tout le monde, alors que ce bon vieux kangoo...
Parce que quand même ça va de 1000 à 4000 euros. (je parle de la prépa, pas du kangoo... Après pour la voiture faut voir, peut être que sur des sites de ventes entre particuliers... mais 1000 euros faut voir si ça passe le contrôle technique)... 
Donc 1000 à 4000 euros pour du français et des maths les gars ! Je veux bien qu'on ne soit pas des génies mais quand même 4000 euros !  Le SMIC étant à  1 188€ net (pas mois hein par mois !!), je vous laisse faire le calcul. Je veux bien essayer de réussir ma vie, mais fallait me le dire avant que le don de rein, de poumon ou de coeur était indispensable. (Je m'y serais moins attachée moi à mes organes si j'avais su, mais là ça fait bientôt 28 ans qu'on cohabite, on en a vécu des trucs...) 

Alors j'ai tenté l'impossible, voir si la formation était finançable par Paulo (faut bien qu'il serve dans sa vie...) Je ne suis pas vénale, mais il me serait soudain bien plus sympatoche le Paulo... Du coup, cet après-midi j'ai reçu ça : (je le livre tel quel) : 

Bonjour,
Bonjour, prioritairement à toute demande d'aide financière, il faut une validation de projet par un parcours encadré de façon à vous sécuriser. Le diagnostic doit être partagé entre vous, un professionnel tiers et expert sur le handicap ainsi que le pôle-emploi. C'est au regard de ces éléments que je pourrai présenter à la direction une demande de réservation budgétaire (comparatif sur 2 devis). La direction se réserve alors la réponse à donner (positive ou négative) en fonction des éléments présents. Je reste à votre disposition pour le parcours. Cordialement.


Je propose ici une petite analyse de texte. 

Ici nous pouvons voir que l'auteur a usé du fameux Contrôle C (ou pomme C pour MAC), contrôle V (pomme V pour MAC), soit un copié-collé de texte tout fait.  Nous pouvons justifier de cet argument par le double "bonjour" présent au début du texte mais aussi par la variation de taille du texte et par la non mise en forme de l'écrit. En effet, le "cordialement" se trouve accolé au reste du texte alors que celui-ci, pour respecter les règles de l'échange épistolaire devrait se trouver à la ligne. 

Voilà, voilà (j'en rajoute pas hein ?) Paulo, quand on copie-colle, ce qui en soit est accepté pour une réponse aussi technique, on essaye au moins de se relire et d'élaborer une légère mise en forme. Pour faire semblant ! Pour donner l'illusion de... Je sais que tu es un baroudeur et que de ta grande expérience je n'ai rien à t'apprendre mais là bordel BAZAR faut faire un effort !

Outre ces envolées littéraires, parce que je suis handicapée, on se sent obligé de "sécuriser mon parcours". (On fait quoi ? On y met des jolies petites barrières ? Une en haut et une en bas de l'escalier pour être sûre de pas tomber ? C'est balot parce que Paulo il m'a déjà fait tomber de haut, alors je ne risque plus grand chose... Ah attendez on me dit dans l'oreillette que ce n'est pas mon projet qui les inquiète mais l'argent qu'ils devront y engager. Ouf, on a cru que Paulo s'intéressait un instant à notre avenir. Fausse alerte ! On remet les barrières)



Pour mon projet professionnel, 3 personnes (en plus de ma petite personne) se permettront de statuer ou non sur ma capacité à aller plus loin dans cette idée de formation. Parce que c'est juste une idée pour le moment, l'émergence d'une envie. Non peut être que 3 guignols que je vais rencontrer 15 minutes décideront à ma place, sans même me laisser essayer, que ça ne me convient pas. 
Et ensuite la direction pourra statuer. 
Donc là je me suis dit que ma demande de financement serait prête pour...2028 ? 
1) Il faut demander au conseiller, comment obtenir le parcours ? (c'est lui qui le dit, parce que le dire directement dans le mail ça aurait été dommage... On a failli gagner du temps dis donc, on est passé à ça !) 
2) Il faut attendre le retour du conseiller (c'est le week-end, c'est pas facile.)
3) Il faut trouver un rendez-vous qui convienne à 4 personnes ayant des vies tout à fait opposées. (On va se marrer)
4) Peut être qu'entre temps il aura fallu fournir des documents...
5) Allez savoir car je ne connais pas la procédure du parcours sécurisé, mais après validation (ou non) de mon projet, il faudra faire remonter à la direction. 
6) La direction devra recevoir la notification d'une demande
7) Si la direction de Paulo est comme la MDPH j'ai le temps de faire un bébé avant d'avoir une réponse. Voilà ! (Et comme les dossiers de demande sont à rendre avant le 20 juin...autant dire qu'on n'est pas dans la mouise)

Et puis ce mail ça a fait émerger quelques réflexions personnelles. 

Quand tu es un "n'handicapé", j'ai remarqué qu'on s'immisçait quand même pas mal dans tes décisions de vie. La validation de mon projet pro en est un exemple. Les questions intimes en sont d'autres. 
Mais alors celles qui revient le plus depuis quelques temps : vous allez avoir un bébé quand ? 

Ma réponse oscille entre : 

Jamais et oh mon dieu jamais !

Le retour des gens lui oscille entre :

 - Haha non mais sérieusement, quand ? 
- Tu as le temps de changer d'avis ! 
- Ben si forcément, tu vas avoir un enfant. Ca fait des années que tu es en couple. C'est la suite logique des choses.
- C'est égoiste non ? 
-Tu as pas peur de finir seule plus tard ? 
- Si tout le monde réagissait comme ça ben tu ne serais pas là et puis l'humanité s'éteindrait.
- Non mais ça te ferait du bien tu sais.

Alors à tout ça j'ai envie de répondre : 

- Sérieusement, je n'ai pas envie d'enfant.
- J'ai effectivement le temps de changer d'avis et peut être que cela arrivera mais j'ai aussi la possibilité de devenir borgne, tétraplégique, millionnaire... avec le temps
- Avoir un enfant n'a jamais été pour moi le signe de la réussite ou de la concrétisation de mon couple. Dans ce cas là toi, tu vas avoir un chien quand ? Non mais parce que tu as une maison alors... 
-  Est-il plus égoïste de ne pas faire d'enfant par choix, parce que je n'ai pas envie que mon enfant me voit chialer de douleurs sur le coin d'un canapé plutôt que de l'emmener au parc, parce que le monde dans lequel j'évolue ne correspond pas à mes valeurs, parce que je sais que je serais trop angoissée de faire naitre un petit être dans ce monde que moi-même je ne cautionne pas et qui selon moi part à volo, que de faire un enfant parce que tu as peur d'être seul ? Parce que selon moi, si l'on a peur d'être seul à la retraite on prend un chat, un canari ou un serpent... mais avoir l'illusion qu'on fait un enfant pour s'assurer un avenir n'est selon moi (et toujours selon moi) pas un argument valable. 
Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises raisons d'avoir un enfant. 
Je pourrais juger tous ces gens qui font des enfants comme on me juge de ne pas en vouloir. Le plus important selon moi est d'être d'accord dans notre couple. Je ne vais pas faire un enfant parce que c'est bien, parce que c'est la mode, parce que c'est comme ça que ça doit être. Malade ou pas, on peut avoir mille raisons de vouloir ou de ne pas vouloir d'enfants. On a tous notre vision là dessus et heureusement. On doit être libre de mener notre vie là où on le souhaite, sans pression sociale. 
Pour moi avoir une maladie génétique est un argument supplémentaire à ne pas avoir de bébé mais ce n'est pas le seul. Parce que si ça avait été mon seul frein il y avait l'adoption, (seulement s'il me reste encore quelques organes après avoir payé ma formation) le don d'ovocyte... (ah, les merveilles de la médecine). J'ai des amies malades qui ont fait un enfant, parce qu'elles ne se voyaient pas vivre sans. Personne n'a aucun jugement à émettre. C'est leur vie, c'est leur choix, c'est leur accomplissement.

Mais la meilleure réplique reste selon moi : Non mais ça te ferait du bien tu sais ! (dixit la vraie vie). Allez petit dialogue lunaire avec cette personne (parce qu'en dialogue c'est toujours plus drôle. Ha ben Shakespeare il l'avait vu lui que les dialogues c'était plus fendard qu'une longue litanie. 
Paulo, litanie c'est encore un peu tôt pour ton vocabulaire, on en est encore à s'exercer au camouflage du copié-collé...On va déjà valider ça avec la direction, un professionnel tiers et expert sur le handicap, avant de voir si on peut aller plus loin.) 

Donnnc : 

Elle : (oui c'est souvent des femmes qui ont une réflexion intense sur ton envie ou non de maternité... Ça doit être les hormones, ou l'instinct de maman... Allez savoir) : 
- Non mais ça te ferait du bien tu sais !

Moi : Qu'est-ce qui me ferait du bien ? 

Elle : D'avoir un bébé. Dans ta situation... 

Moi : Comment ça ? 

Elle : Ben comme tu es malade, avoir un petit qui t'appartient (je peux lui mettre des chaines et tout et tout ou pas ? Nan ? Arf... dommage), tu vois ça te motiverait, ça te donnerait du courage !

Moi : Mais un bébé ce n'est pas fait pour donner du courage. Le rôle d'un parent c'est de l'élever, le mener vers l'autonomie pas de s'en servir comme pansement. 

Elle : Oui bien sûr mais bon tu serais deux, plus toute seule (Ah mais je te rassure ma grande, on est déjà plein dans ma tête, je m'ennuie pas !) 

Moi : Mais les jours où je souffre tellement que même me lever est un supplice. J'en fais quoi ? Je lui dit "attends bébé courage (quoi c'est pas son nom ? Mais on a déjà enlevé les chaines...Pfff z'êtes pas drôles) maman ne peut pas s'occuper de toi ? 

Elle : Oui bien sûr ces jours là ça sera peut être plus difficile mais il saura que tu fais tout pour lui (ha ben du coup là non, pleurer devant ton enfant, ne pas réussir à m'en occuper, ce n'est pas tout faire pour lui. Ne pas le faire, c'est tout faire pour lui !) et puis tu délégueras (oui mais dans ce cas...A quoi ça sert d'avoir voulu un enfant ?) 

Moi : Mais si je ne m'en occupe pas, à quoi ça sert de faire un enfant égoistement ? 

Elle : Ben pour plus tard. Tu seras pas toute seule quand tu seras vieille au moins. (Haaa oui ! C'est donc ça ! Mais l'option chat, chien ou même bénévolat, non toujours pas ? )

Moi : Et si je lui donne ma maladie, tu imagines comme je m'en voudrais ? Je sais que je suis porteuse, et j'ai les clés en mains pour stopper la génétique...

Elle : Ben c'est pas grave s'il l'a. Ca serait même super, vous pourriez partager quelque chose en plus ! (oh oui, dis maman tu peux partager ton cancer ? Oh s'il te plait pour avoir plein de souvenirs avec toi !)

Bref, je me suis arrêtée là. Elle était persuadée de ce qu'elle disait alors... Mais le côté positif c'est que si la connerie est génétique, elle aura plein de choses à partager avec son bébé ! (Paulo, je crois que ça y est, on a retrouvé ta mère... La génétique tu sais, ça parle vite !)





7 commentaires:

  1. oh la la, mais oui, tellement crispant ces réflexions sur les enfants ! Dans le même style, j'avais eu "de toute façon, une vie sans enfant, c'est pas une vie"... (ouais, t'as raison, je vais relancer les dés pour en avoir une autre de vie, elle me plait moyen moyen celle ci !).
    En même temps, dans ton cas, c'est à méditer, parce que si tu fais des enfants, tu pourrais ensuite vendre leur organes et faire tout pleins de formation !!!

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    1. Ton humour est pire que le mien... j'aime ça ^^J'ai beaucoup ri, merci <3

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  2. J'adore,et je suis de ton avis pour la reussite on aurait du vendre nos organes quand il etait encore temps lol, maintenant les miens sont invendables x) bisous miss

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    1. Haha, on ne nous dit pas tout dès la naissance aussi, alors forcément après ça fait du gâchis ^^Bisous à toi aussi

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  3. Pour la première partie: je suis passée par là..j'ai laissé tomber. Je ne sais pas si ça a changé mais bon, ils font bien trainer la chose, j'ai eu droit à 6 mois de "vos parents n'ont qu'à payer"...
    Pour celle sur la maternité, c'est vrai que le jour où ça ne va pas,et qu'il n'y a personne, ça va être merveilleux de le laisser crever de faim, dans sa couche sale,seul dans son lit parce que tu n'as pas la force de le sortir de là....Les gens sont égoïstes et ne réfléchissent pas...surtout que ce genre-là ne vient pas t'aider dans ces moments-là mais se permet de donner des leçons!

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    1. En effet, ils m'ont dit qu'il faudrait compter 4 à 6 mois autant dire que je vais laisser tomber aussi :)

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    2. C'est décourageant ( et rageant surtout! )

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