Moi ce que j'aime dans la vie, c'est aller dans les générateurs d'anecdotes. J'en ai deux. (Des générateurs hein. On ne va pas commencer comme ça, parce qu'on ne va pas s'en sortir les gars !). Le premier c'est ce monde fabuleux et fantastique, appelé : monde extérieur. (Oui c'était ironique ! Y a rien de fabuleux et de fantastique. Si j'avais parlé du monde De Mickey ou d'Europapark, bon là ok... Mais sérieusement notre société, vous y croyez vraiment ?) Ce monde regroupe tout ce qui se trouve en dehors de ma bulle. (C'est à dire tout ce qui se trouve au delà du seuil de ma porte d'entrée. Hum, dans le sens de la sortie hein. En gros, c'est tout sauf mon appartement quoi !)
Et puis le deuxième générateurs d'anecdotes c'est : l'hôpital. (Alors oui je vous entends déjà dire "Hé mais l'hôpital c'est pas chez toi ouaich, tu te prends pour qui ? T'as cru que tous les hôpitaux c'était chez toi ouaich ? (oui alors parenthèse dans la parenthèse, je ne sais pas pourquoi mais ce soir le rôle du lecteur relou a été attribué à "la racaille des quartiers". On peut tous l'applaudir
("Jean-Edouard ! Jean-Edouard, tu as vu ? Elle parle de "racaille des quartiers" et elle met un grand homme de couleur en image... c'est honteux Jean-Edouard, honteux !"
Ben d'abord c'est la dame qui reçoit le césar, pas l'inverse. Et toc ! Je ne vous ai pas appris à ne pas vous fier aux apparences dans mon blog hein ? On n'a donc retenu aucune leçon de l'images des gens et de ce qu'elles pouvaient renvoyer hein ? )) (c'est la fin de la parenthèse de la parenthèse, on va si vous le voulez bien passer à la suite, parce qu'on n'est pas tous de là).
Donc le sujet de l'article du jour portera sur : l'hôpital, qui est à lui tout seul un monde à part du monde extérieur. (Si vous ne me direz pas que dans une vie normale on vous prend la tension toutes les heures, qu'on vous fourre un thermomètre... (Quoi ? Non pas dans le...Roh mais vous êtes grossiers hein c'est terrible ça !), dans l'oreille, et qu'on vous sert les repas à 18h00...
Il y a quelques semaines j'ai eu rendez-vous en allergologie pour mes histoires de pommes (si vous ne vous souvenez plus, vous pouvez cliquer sur le mot et par magie vous serez transportés vers l'article. Un peu comme avec le tardis du Dr Who... Sauf que vous ne voyagerez pas dans l'espace... Ni dans le temps... ) Cela s'est très bien déroulé, médecin charmant (dans tous les sens du terme), qui découvrait mon dossier avec un mélange de pitié et de compassion. Il a décidé que je devais être hospitalisée pour faire des tests. Pour organiser l'hospitalisation, je devais rencontrer l'infirmière en charge de cette tâche ce jour là. L'infirmière que s'appellerio Quezac Jeannette (c'est pas son vrai prénom mais l'idée générale de ce dernier reste le même, un prénom masculin auquel les parents ont délicieusement accolé un "ette"), me reçoit.
(Vous l'attendez tous, le voici, le voilà : le dialogue ! )
Jeannette : "Bon alors... Pfffff pffff (oui alors il va falloir vous y habituer, Jeannette elle souffle beaucoup ou elle soupire... On ne sait pas trop.) Ah non mais moi je sais pas hein. C'est quoi le tauro... tauroclock ?
Moi : "Taurolock. C'est un verrou antiseptique qu'on utilise pour les voies cent..."
Elle : "Mouais bon ben je sais pas si on a ce machin moi ! Puis il faut faire un rappel en plus ? Pfff pffff... Ben ouais ben... Moi je sais pas hein." (Moi non plus Jeannette, moi non plus...) Bon ben... Je vais mettre et pi ils verront hein. Parce que moi là... Bon alors c'est pressé ?
Moi : (Alors la notion de "pressé" et "d'urgence" est toujours délicate au vue de la situation. Disons que les faits remontent à plusieurs mois, alors selon moi, non ce n'est pas pressé, mais selon le médecin vu juste auparavant, ça avait l'air de l'être... Mon coeur balance...) "Le médecin a dit qu'il fallait le faire rapidement."
Elle : Pffffffff (oui elle soupire beaucoup Jeannette, ma cousine pourra en attester un peu plus bas (de l'article les gars, de l'article). Ouais ben moi j'ai pas de place hein ! Donc bon...
Moi :
Elle : "Bon ben on va mettre ça là et pi voilà. Mais pour le tauro... Tauro... TauroClock (ça doit être comme un taureau qui connait l'heure... je suppose) je sais pas moi hein. Bon alors les 21,22 et 23 mars, vous êtes là ?"
Moi : "Oui"
Elle : "Bon pffff pffff. Bon pi faut fixer le rappel. Alors faut revenir, le mercredi d'avril (je ne donne pas la date, parce que bon c'est pas encore passé et que je veux pas qu'on me reconnaisse et puis cet argument est bidon parce que des "possiblement allergique au tauroClock y en n'a pas des milliers", mais je veux pas quand même et puis c'est tout !)
Moi :" Oui le mercredi c'est bon"
Elle : "Pfff comment on imprime ce pffffff pffff.... Ah voilà, rooooh ça marche pas, nan mais moi j'ai pas le temps hein pfffff... Ah voilà"
Là elle me tend les convocations, et je me rends compte qu'en fait le rappel constitue une seconde hospitalisation, de deux jours. Sauf que moi, le lendemain du mercredi, soit le jeudi, ben j'ai un rendez-vous pas simple à décaler. Du coup je l'ai dit à Jeannette. Et Jeannette elle était pas contente :
"Quoi ??? O mais non hein pffffpffff vous pouviez pas le dire avant ? Parce que moi c'est rentré là hein pffff. Va falloir tout recommencer ! PFFFF (oui elle a soufflé très fort, parce qu'elle était pas contente du tout, Jeannette. Mais bon moi je me disais que quand même c'était juste une erreur de rien du tout et que ça me semblait un peu disproportionné. Alors j'ai fait les yeux doux et la mine désolée, un peu comme ça (moi je suis Bouh et Jeannette c'est le nounours) :
Jeannette : "Bon vous pouvez pas aller dans une chambre double en plus avec votre truc... Votre nutrition. Faut que je trouve une chambre simple. Pfff... Bon ben on va voir hein". (Moi j'ai dit que c'était mieux sur du simple, mais que si pas d'autres possibilités je me débrouillerais pour mes branchements.)
Finalement j'ai eu un autre rendez-vous, j'ai dit au revoir, me suis excusée et suis partie.
Mercredi, j'arrive pour l'hospitalisation. (Sans oublier mes fameuses étiquettes, parce qu'ils avaient l'air d'y tenir.) On m'accompagne à ma chambre, on me fait subir un interrogatoire digne de la gestapo (Mariée ? Travail ? Chômage ah oui ? Vous avez une allocation, bon je vous demande pas combien mais hein faut le rentrer dans la machine si vous avez une allocation. Date de vos dernières règles ? Opérations ? Antécédents médicaux ? (Noterez que pour ces derniers, c'est toujours plus en lien avec le schmilblick que le reste...) et enfin la fameuse question : les plateaux repas.)
Les plateaux repas, c'est tout un sujet. Il faut leur faire réussir à intégrer que je veux mes plateaux mais que je ne les mange pas, c'est un exercice digne du plus grand équilibriste.
Souvent ils me regardent comme ça :
Du coup, pendant ces 3 jours, ça a été un comique de répétition. Parce que je ne vais vous faire subir tous les dialogues, j'ai sélectionné pour vous un florilège :
"Ha mais la petite jeune (c'est moi ça hein pour ceux au fond qui papotent avec leur voisin et qui ne suivent pas), elle mange pas. Hein vous mangez pas ?" (euh ben techniquement non mais en fait...Si). J'ai expliqué que je mâchais pour avoir le goût des aliments et que je recrachais. Il faut savoir qu'à l'arrivée pendant que l'infirmière m'enfonçait violemment un kt dans le bras (si j'ai un bleu les gars !) en me demandant si j'étais sous anti-coagulant ou si mes plaquettes étaient bonnes parce qu'elle trouvait que je saignais beaucoup quand même (oui enfin en même temps la veine a fait un bleu donc...), sa collègue me demandait de choisir sur une carte les plats que je pouvais manger. Quand on énlève les légumes, les épices, le saumon, et le chèvre... Ben il reste plus grand chose. Mais tel un habitué du restau à Sushis, j'ai énoncé patiemment les menus autorisés (Euh le B1, le B12... le C13...)
Bref, après avoir expliqué que je n'avalais pas, les aides-soignantes me regardaient d'un air pantois et me disaient "Ok. Ok. Du coup je vous mets une soupe ? Un yaourt ? Une compote ?" Ben non, ça ne se mâche pas ça en fait. "Ha oui, ben un café ?" .... (Si j'étais prof de SVT et qu'on était sur un cours du système digestif j'aurais noté dans le carnet "La notion de mâcher est à revoir... Tu n'as pas encore compris les subtilités de cette action." Mais je ne suis pas prof de SVT, et ce n'était pas un cours sur le système digestif alors...)
J'ai eu aussi une gentille dame qui m'a demandé si pour le soir ça irait jambon/purée car elle n'avait pas reçu de plateau pour moi. Je lui ai dit que le jambon suffirait puisque la purée ne se mâchait pas (oui ben vous vous avez peut être compris mais eux non, donc ça me semble important d'insister). Elle m'a donc proposé un yaourt, que j'ai décliné. Et là elle m'a dit "Je vais demander deux tranches de jambon ! C'est bien ça !" Je lui ai dit qu'une seule suffirait car je ne la terminerais surement pas. Elle a tenu à en demander deux. Le soir en m'apportant le plateau, elle avait une mine de défaite. J'ai compris ensuite : je n'avais qu'une seule tranche de jambon.
Outre les distractions culinaires, j'étais quand même là pour effectuer des tests. Après avoir crayonné (pas très joliment sur mes bras), Jeannette est entrée dans ma chambre. J'étais alors en compagnie d'une copine venue gentiment me visiter.
Jeannette :" Ha ben bonjour, vous me reconnaissez ?" (Comment vous oublier...) C'est moi qui avait pris votre rendez-vous !"
Moi : "Oui, oui je vous remets bien" (si tu savais...)
Elle :" Hum la demoiselle qui est là, elle est de votre famille ou... ?" (ça ça veut dire en langage hospitalier : soit la réponse est positive et elle a le droit de rester, soit c'est négatif et dehors tout le monde. Ma copine elle a senti ma détresse "Pitié pas toute seule avec Jeannette" et du tac o tac elle a dit "je suis sa cousine". Ouf, on a eu chaud. Autorisation validée. Ma nouvelle cousine (avec qui j'ai au passage bien plus de liens et d'affinités qu'avec mes réelles) a pu rester.
Elle : "Alors on va vérifier votre date de naissance, oh ben dis donc je vous avais dit que j'étais née le même mois que vous ?" (Non mais maintenant c'est fait. Comme l'échange de futilités semblait important pour elle, il m'a semblé opportun de lui dire que mon petit frère était né le même jour qu'elle. Elle a eu l'air surprise de la coïncidence. Moi un peu moins. Disons que deux inconnus, avec un écart d'âge certain, qui ne sont pas nés dans la même ville, soient nés le même jour, ça m'étonne peu. Avec le monde qui se trouve sur terre, y avait une grande chance que ça arrive un jour. Mais c'est beau de s'émerveiller sur un rien, alors j'approuve Jeannette/) Bon, je vais vous piquer mais pffff pfff (ha Jeannette c'est bien toi ?), ben c'est pas pratique là avec votre haut. Vous avez pas autre chose nan pfff ? Quelque chose de plus pratique ? (Bon il faut savoir que c'était un haut qui s'étendait super bien, et très simple. Sa collègue qui avait effectué les premiers tests au même endroit n'avait rien dit).
Je lui ai dit que j'avais un tee-shirt.
Elle : "Ha mais pfff, un truc qui s'ouvre sur le devant vous avez pas ? Faut penser pratique hein parce que là..." (Alors je ne suis pas dans le milieu de la mode mais comme c'est dans le dos, un chemisier qui s'ouvre sur le devant...ça n'aurait pas changé grand chose. Au pire pour la prochaine, je ramène un dos nu !) Et pis vos cheveux là... vous pouvez pas les attacher ? (Mais si Jeannette avec plaisir, voyons... J'ai donc été attacher mon carré qui ne gênait en rien la piqure. Le tout sur un fond de soupirs continus...)
Elle : "Bon allez je pique, vous bougez pas !"
J'avais déjà eu 4 piqures similaires qui s'étaient très bien passées avec sa collègue. Jeannette m'en fait une, et lors de la seconde j'ai une décharge, une brûlure. J'ai bougé. Je n'ai pas fait exprès, mon corps s'est défendu. Jeannette elle n'a pas aimé du tout :
"HHHHAAAAA mais non vous avez bougé pfff faut tout recommencer (comme avec le rendez-vous du coup ?). En plus j'ai failli me piquer. (Ma cousine, elle m'a dit après coup que quand j'ai sursauté, elle s'est fait peur aussi... Faut un peu de sang-froid Jeannette hein ou alors ne jamais devenir chirurgien, c'est au choix !) Pffff pfff bon ben c'est un coup pour rien hein, faut recommencer et pi pfffff. (Oui ben c'est moi qui subit la piqûre, pas toi donc bon mollo mollo Jeannette !)
Elle a recommencé et après elle est redevenue toute gentille... étrange.
Et puis ce matin, elle est passée m'amener mes papiers de sorties. Et Mr Hyde n'était plus en elle. Elle m'a souhaité un bon retour, m'a souhaité de bonnes fêtes de pâques. M'a demandé si j'avais besoin d'aide pour fermer ma valise, m'a dit de prendre soin de moi. Elle m'a demandé aussi comment je rentrais chez moi, si ce n'était pas trop compliqué. Et m'a dit au moins 10 fois "A bientôt hein et rentrez bien" A-DO-RA-BLE. Peut être qu'elle était contente que je parte. Sacrée Jeannette.
Bon et puis ça faisait pas mal de rebondissement et hier j'ai découvert un truc un peu sale. (Je ne sais pas à quoi vous pensez mais ôtez vous cette image de la tête, vous n'y êtes pas du tout.)
Un gars frappe à ma porte (bon j'ai su après que c'était un gars, avant c'était juste quelqu'un qui toquait quoi...)
Lui : "Bonjour je fais partie du service "Joyeux hôpital" (pour des questions d'anonymat on est toujours sur un nom d'emprunt, mais pour ceux qui voudraient jouer les enquêteurs vous avez quand même de bons indices).
Moi : "Oui, bonjour"
Lui : "Voilà, vous avez demandé une chambre seule..."
Moi : "Techniquement non. On me l'a attribué, mais j'acceptais être dans une chambre double. Je préfère même souvent ça, à être seule..."
Lui : "Oui, enfin c'est pareil." (Ben non mon gars, c'est pas pareil...) Je voulais savoir si votre mutuelle prenait en charge la totalité du surcoût de la chambre. (Pour ceux qui ne connaissent pas le système, normalement quand on demande une chambre seule, c'est considéré comme du confort et votre mutuelle peut prendre en charge, ou non, le dépassement.)
Moi :" Oui, je crois mais je suis à 100 %, c'est la mutuelle de mes parents et je ne demande jamais à être seule donc je ne sais pas... Pourquoi ?"
Lui : "En fait si votre mutuelle prends en charge, nous vous ferons signer une demande de chambre seule (que je n'ai pas demandée donc hein), et ainsi nous pourrons facturer à votre mutuelle (un service que je n'ai toujours pas demandé donc.... N0n non mais continuez, c'est juste pour être sûre). Si vous acceptez (vu comme tu forces c'est pas facile de dire non), vous aurez le droit à une contrepartie de 15 euros, utilisable comme vous le souhaitez dans nos services."
Je récapitule : Vous me demandez de signer une fausse demande de chambre seule (que je ne voulais pas à tout prix) pour le facturer à ma mutuelle, pour que l'hôpital ait moins de frais (ou gagne de l'argent c'est selon...) et pour que je sois sûre de dire oui, vous m'achetez avec un cadeau ?
C'est bien ça ? Ben non désolée. Parce que je fais encore partie de ces gens qui pensent que si on veut que notre système de santé perdure encore, il faudrait arrêter d'abuser de la sécu et des mutuelles. Et là ben... C'est ce que vous faites.
Alors mon gars, si tu continues je vais le dire à Jeannette ! Et on verra ce qu'elle en pense ! C'est toi qui voit, mais je ne garantie pas que Docteur Jeckyll soit encore là ! "Joyeux hôpital", qu'ils disaient ! Faut pas nous prendre pour des oeufs, c'est bientôt pâques !
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