mardi 23 janvier 2018

Ils me pompent l'air !



Ö (Oui je n'arrive pas à faire le ô majuscule, il est 1h30 du matin et ça m'énerve alors Ö c'est joli aussi, c'est poétique. Et oui, la correction automatique me le propose mais comme je n'ai pas réussi à le faire moi-même je tiens tête à cette maudite machine, car si je ne suis pas capable en tant qu'humain d'y arriver, ce n'est pas un petit ordinateur qui va m'humilier, non mais oh !) fidèle lecteur, BONJOUR ! 
Ça fait  un moment que je ne suis pas revenue. Aujourd'hui j'ai hésité entre deux sujets : un drôle (si si grosse marrade) et l'autre plus sérieux. 
Il fait gris, il fait froid, il pleut, les fêtes sont finies, alors je me suis dit quoi de mieux pour remonter le moral des troupes que... (roulement de tambours, cor de chasse et tout le tralala) que... le sujet le plus sérieux bien entendu ! (Faut pas vous emmener trop vite dans le pays des rires et des chants, sinon on ne finira jamais l'année. Qui va piano, va sano e lontano (Mes vieux restes d'Italien sont pour vous !))

En mai, j'ai eu une grosse crise douloureuse. Je travaillais encore à l'époque et j'ai donc été voir mon médecin pour obtenir le précieux sésame : l'arrêt de travail. (Jusque là, on est sur du classique, je vous l'accorde). Ma doc adorable et ne supportant pas la souffrance, me regarde d'un air contrit (vous avez vu, j'ai travaillé mon vocabulaire pendant mon absence hein !) et me dit : 
"Mais qu'est-ce que je peux vous donner ? De la morphine ? Ah non, vous ne supportez pas c'est vrai. Vous fumez des joints ?" (Bon je sais que c'est d'actualité mais je ne vais pas lancer un débat sur la légalisation ou non du cannabis). 
Moi : "Non, et je n'ai pas envie d'essayer. Du moins pas seule dans mon coin. Par contre, je veux bien qu'on réessaye l'oxygène. Quand j'ai mal aux côtes comme ça, ça m'aide parfois."

Ma médecin trop heureuse de pouvoir m'aider, n'hésita pas une seconde et d'un élan certain rédigea une ordonnance sans plus tarder. (On dirait une morale de fable. Je pourrais m'arrêter là, juste parce que c'est beau. Mais ça n'aurait aucun sens.) 
Bon en vrai, elle m'a regardé, m'a dit "Oui, bien sûr... Hum, je mets quoi sur l'ordonnance ?" Et comme je suis bien organisée (et habituée), j'avais retrouvé une de mes premières ordonnance comme modèle. Ma doc était ravie et s'est attelée au dur exercice du recopiage. 
Seul hic, l'ordonnance ne serait valable que 3 mois. (Après cette date elle s'autodétruira dans 5 secondes... 4....3....2....oh mon dieu, quel suspens incroyable !!!! ) 
En effet, pour obtenir une prescription d'oxygénothérapie (j'ai mis ma langue sur le côté comme quand on est très concentré pour le découpage car c'est pas fastoche comme mot) sur une longue durée il faut que cette dernière soit faite par un pneumologue (plutôt logique pour de l'oxygène. Dois-je vous rappeler le rôle des poumons dans le cycle de l'oxygénation (encore la langue) ? Ou cas plus rare mais parfois utile, prescrite par un médecin de centre anti-douleur.

Dans mon cas, le plus logique serait donc ..... (Vous avez 10 secondes pour trouver la réponse, et ne copiez pas sur le voisin, je le saurais) .... ...... ...... Bravo, le centre anti-douleur, puisque je ne souffre d'aucune pathologie pulmonaire menant à une insuffisance respiratoire. (J'obtiens un excellent score au saturomètre, généralement situé entre 96 et 99  % (sur cent donc puisque ce sont des pourcentages. On révise les bases avec cet article, c'est merveilleux d'apprendre en s'amusant 

Bref, c'était simple. Mon ordonnance courait jusqu'au mois d'août et il fallait ensuite que le centre antidouleur qui me suivait fasse le nécessaire. J'ai donc pris rendez-vous... En octobre. (Pas de place avant ma pauvre dame ! Ce qui est bien c'est qu'avec la douleur, on peut attendre. Comme elle est chronique aucun doute qu'elle sera encore là des mois plus tard...) J'ai demandé à la secrétaire pour l'ordonnance, elle m'a répondu qu'il n'y avait pas de problème. 
J'ai du faire patienter la facturation de l'appareil à oxygène durant deux mois. Promettant une ordonnance en octobre, dès ma sortie du centre antidouleur. Ils n'étaient pas ravis, ravis mais... Ils ont accepté (bon en vrai, ils n'avaient pas vraiment le choix). 

Octobre (oui je passe un peu ma vie car pas tellement palpitant) : JOUR J, consultation au centre antidouleur (je confirme la douleur ne m'a pas quittée). 
Mon médecin habituel me reçoit. Elle me demande comment je vais, si j'ai toujours "mon truc là" pour me nourrir. (Alors en médecine on appelle ça une voie veineuse centrale, au pire un cathéter ou encore un Broviac (puisque c'est le nom de la marque) Mais bon... la médecine quand on est médecin hein c'est pas obligatoire.) 
Je lui dit que j'ai toujours mal, que c'est difficile. Elle me demande si j'ai essayé le cannabis. ( Bah vraiment c'est une manie non ?) Je lui rétorque que non puisqu'elle même m'a refusé l'essai d'un médicament légalisé à base d'huile. Elle ne répond rien. 
Arrive enfin ce grand moment où elle me dit : "Bon je peux faire quoi pour vous miss ?" (oui ça aussi, ce miss qui m'énerve, qui m'irrite... Bref, je prends sur moi)
"Et bien en fait j'ai besoin d'une ordonnance pour l'oxygène, donc je vous ai ramené tous les papiers et..."
Elle : "Quel oxygène ?" 
Moi : " J'ai pris rendez-vous pour ça, je l'ai dit à votre secrétaire. J'utilise de l'oxygène pour essayer de calmer les douleurs, pour les migraines, la fatigue. Bon ça ne fait pas effet sur tout mais...'
Elle : "Ha mais non non non"
Moi : "Comment ça non ?" 
Elle : (Intense ce dialogue n'est-il pas ?) : Non, je ne prescris pas ça. Vous vous rendez compte de ce que vous me demandez ? C'est de l'inconscience. Et vous savez que je suis contre les médicaments. (STOP, à toi lecteur qui respire, je vais te demander d'arrêter de le faire. On va te désintoxiquer de cet horrible médicament qu'est : l'oxygène) 
Moi ; (Interloquée je dois bien l'avouer : ohhh le beau vocabulaire) ; Mais euh... (oui j'étais pas au top top de ma forme. Mon cerveau à court circuité  au moment de oxygène = médicament pour un médecin et au moment de médecin anti-douleur = contre les médicaments)
Elle : Non. Je refuse, et puis je sais pas faire les papiers moi. Je vais chercher mon chef. 

Elle a été chercher son chef. (Que je n'aimais déjà pas avant. Un gars suffisant et hautain). Il est entré. S'est assis en face de moi, jambes écartés à la manière des "manspreading" du métro. Et il m'a dit : 
"Bon Mademoiselle (mieux que miss...). On ne vous prescrira pas cet oxygène. Vous ne vous rendez pas compte du danger de prendre de l'oxygène quand on en n'a pas besoin (ben ça tombe bien parce que moi j'en ai besoin alors du coup est-ce qu'on peut signer le papier et abréger ?) Nous ne prendrons pas cette responsabilité. 

Et moi j'étais déjà fatiguée. Et j'ai craqué. J'ai pleuré. J'ai pleuré parce que j'en avais marre. J'ai pleuré parce que la seule et unique chose qu'on pouvait m'apporter comme soulagement on me le refusait, une fois de plus. J'ai pleuré parce qu'on me prenait pour un enfant qui voulait un bonbon avant le repas et qu'on me disputait. Je voulais juste partir. J'étais en colère.

Et puis j'ai protesté. J'ai dit que c'était reconnu dans ma maladie. Que le grand professeur de Paris l'indiquait. Que j'en avais déjà eu. Que c'était un usage détourné peut-être mais testé. Et j'ai montré le site en question du grand professeur dans lequel c'était écrit. Et on m'a dit :

"Mais miss, ça ne vaut rien ça. Et pourquoi vous pleurez ?"  Et alors que je ravalais mes larmes de tristesse, d'amertume et de colère, elle a prononcé ces mots : " Arrêtez de pleurer, on fait tout ce qu'on peut pour vous"

Et c'était les mots de trop. Et j'ai ri nerveusement. Et j'ai demandé ce qu'on faisait exactement pour moi depuis toutes ces années de souffrance ? Que je ne demandais jamais rien, absolument jamais rien et que la seule fois où j'avais besoin d'eux j'étais seule.

Alors le manspreading m'a regardé et m'a dit : "Vous vivez seule ?" Et là j'ai vraiment eu envie de lui faire du mal et de lui répondre "Mais qu'est-ce que ça peut te f***** ? (Mais je suis bien élevée alors j'ai rien dit). L'indifférence c'est bien aussi. 
Alors j'ai juste répondu :"C'est pas le sujet". Et j'ai rangé mes papiers. 
C'est là que "docteur anti-douleur anti médicament" m'a dit :"Bon je vais appeler Paris et on verra..."

J'ai ri une deuxième fois en lui souhaitant bon courage ! (Elle n'a pas compris pourquoi. Mais moi je savais qu'il serait plus plausible d'avoir un jour un entretien avec le père-noel que d'avoir le grand professeur au téléphone.)

Ensuite on m'a demandé pourquoi je n'allais pas faire l'ordonnance sur Paris directement, parce que "ça serait tellement  plus simple". 
Je me suis demandée où était la caméra cachée et j'ai compris qu'ils étaient sérieux. Je leur ai dit que : 1) deux ans d'attente pour avoir un rendez-vous, 2) qu'un aller et retour pour une ordonnance je n'étais pas certaine que la sécu cautionne mais qu'on pouvait peut être les appeler pour demander ? (Ils n'ont pas voulu... Je ne comprends pas...)

Bref, ils sont sortis. Elle a rééllement demandé à sa secrétaire de téléphoner. (A Paris hein pas à la sécu... Moi je pense qu'elle aurait dû faire l'inverse, m'enfin...) Elle est revenue et m'a lancé : Bon il ne répond pas (Naaaan sérieusement ?). Et puis elle a enchainé. 
"Bon j'ai une idée. Vous allez aller voir un neurologue miss. Une amie à moi. Vous allez lui dire que vous avez des migraines, même si c'est pas vrai. (Ouais sauf que c'est vrai en fait). Surtout vous ne lui parlez pas de vos papiers. Et vous lui dites que vous avez entendu parler de l'oxygène. Ca devrait marcher comme ça. Allez miss, on fait comme ça."

Du coup je suis partie. Mes papiers non signés dans mon sac, les larmes sur les joues, le coeur gros. Elle m'a dit qu'elle me rappellerai la semaine prochaine (Est-ce que 3 mois plus tard c'est la semaine prochaine encore ? Parce qu'aujourd'hui elle n'a toujours pas téléphoné.)
J'ai appelé ma môman. Elle a dit qu'elle allait demander à notre allergologue (qui est aussi pneumologue) s'il pouvait faire quelque chose. Il a accepté. J'ai envoyé les papiers. La facturation m'a rappelé. J'ai expliqué. Ils m'ont rappelé deux semaines après. J'ai rappelé le pneumologue. La secrétaire m'a dit "les papiers sont sur son bureau il va s'en occuper". On m'a demandé de prendre un rendez-vous avec lui tout de même, je l'ai eu pour novembre. Entre temps la facturation m'a rappelé pour me dire qu'ils avaient bien eu les papiers mais qu'en fait ça serait plus simple de retourner voir ma généraliste, de lui demander de refaire une ordonnance de 3 mois et de ramener les documents au pneumologue quand je le verrais. J'ai pris rendez-vous d'urgence avec ma généraliste. Elle n'a pas compris mais comme elle est gentille et qu'elle sentait mon désespoir elle a refait les papiers. 
Et puis on m'a renvoyé des papiers pour le pneumologue. 4 jours avant mon rendez-vous j'ai été hospitalisée pour une pneumonie et pleurésie (comble du comble pour quelqu'un sans problème pulmonaire habituellement). J'ai tout de même pu m'y rendre de justesse (à 2h30 de route de chez moi pour des papiers, c'est merveilleux). Le pneumologue a refusé de remplir encore une fois les papiers (et je le comprends). Pas content, il m'a dit qu'il s'occuperait de ça directement avec eux au téléphone. 

Je pensais que c'était bon, et puis la semaine dernière j'ai reçu un appel de la facturation : "Oui bonjour mademoiselle briochette, nous voudrions savoir si vous aviez bien pris rendez-vous pour le renouvellement de votre oxygène ? "

Alors j'abdique. Je vais rendre tout ça. Et puis tant pis. Je ne ferais pas de surdosage. Je vais me contenter de celui qui se trouve dans l'air, parce qu'ils commencent vraiment tous à me le pomper !   




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5 commentaires:

  1. Pour changer... J'en reste sans voix. Ou sans oxygène! (je ne sais plus)

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    1. A toute fin utile : l'oxygène reste essentiel à la vie, ne pas oublier ^^ <3

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  2. Vaut mieux pas être malade dans notre monde...Et sinon, le cannabis, t'es sûre que tu veux pas ? Il semblerait que ce soit beaucoup plus simple à obtenir que de l'oxygène...(!)

    Luss

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    1. Oui... De nos jours vaut mieux se débrouiller tout seul.. Plus facile d'aller en fauteuil au milieu de la cité trouver du shit que de se taper 4/5 mois d'attente en crevant de douleurs... Après le premier qui m'arrête pour ça, je l'oblige à respirer avant d'aller expliquer à mes gosses pourquoi je suis devenue délinquante..

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    2. Luss, effectivement le deal est plus facile :)

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