Vous connaissez mon amour pour les péripéties hospitalières (et puis les autres hein pas de sectarisme). En ce moment l'actualité est palpitante, on parle de la vie des politiques, la vie de politiques et... oh la vie des politiques !
C'est pas que je sois jalouse, mais bon merde (crotte) quoi ! Dans ma vie aussi il se passe des trucs et personne ne le dit. Alors pour réparer tout ça, j'enfile de ce pas mon costume de reporter hospitalier tout épreuve. (Je mérite ma carte de presse parce que même dans zone interdite, il ne donne pas autant de leur personne pour être au plus proche de la réalité !)
Il y a quelques semaines, je me suis aperçue que ma peau se fissurait en toute tranquillité autour de ma deuxième bouche. Pas grand chose, la taille d'un grain d'Ebly tout au plus, mais suffisamment pour qu'on aperçoive le blanc chatoyant du tuyau en toute transparence ( Je parle toujours du Broviac les gars ! Mais quel esprit mal placé... C'est fou ça !)
Par acquis de conscience, j'ai envoyé une photo à mon service préféré. (J'ai plus de photos médicales dans mon téléphone que de selfies...) Vous avez suivi (ou pas mais ça c'est de votre responsabilité) les aventures trépidantes consacrées au sauvetage de Mister Broviac (c'est comme Mister T, on se demande tous ce qu'il est devenu !). Du coup, je ne m'attendais pas à recevoir un coup de fil le lendemain soir pour me dire :
- "Oui bonjour Mademoiselle Briochette, on a bien eu les photos, bon ben on va l'enlever...."
Euh... What ? Comment ça "il faut l'enlever". Nop ! Ce n'est pas possible. Je vous représente le contexte : on parle ici d'un cathéter mâle, âgé de quelques mois, en pleine croissance. L'individu a été sauvé plusieurs fois d'une mort certaine car attaqué de toutes parts par de vilaines bactéries. Abreuvé d'antibiotiques, il s'est battu comme un lion pour survivre... Et vous, pour un grain d'ebly mal placé vous me signifiez devoir ... l'enlever ?
- "Vous comprenez qu'on n'a pas le choix maintenant, il vous embête depuis le début... Mais ce n'est pas grave, on va le changer. Il faut qu'on fixe une date, on va vous remettre un picc line et puis... Vous pleurez ?"
- "Oui." (Bon ben là rien de drôle à raconter, j'étais dans un état plus que pathétique, entre l'énervement notoire d'être prévenue au travers d'un bête téléphone, sans personne en face de moi, seule dans ma cuisine, tout en me remémorant la douleur infligée par la pose, les hospitalisations à répétition, et mon ras le bol de tout ça. Ouais ben je vous l'avais dit hein, c'était pas drôle.)
- "Oh mais faut pas vous mettre dans cet état. Ce n'est pas grave."
"Ce n'est pas grave"... Est-ce qu'on entre dans les sujets de bac de philo ? Qu'est-ce que la gravité pour chacun ? La gravité est-elle la même pour tous les êtres humains ? Le curseur de gravité se mesure t-il par nos expériences passées ?
Non en effet face à un cancer en phase terminale ce n'est pas grave. Si je compare avec la faim dans le monde (c'est l'ironie pour quelqu'un nourri par un bout de plastoque), non ce n'est sûrement pas grave. Si encore, je prends comme outil de comparaison la coupe de Mireille Mathieu, non ce n'est pas grave. (Là je vous l'avais pas dit qu'on avait tous notre niveau de gravité ?)
Mais bon, c'est quand même mon corps qu'on va charcuter, mon travail que je vais devoir encore louper, ma vie qu'il faut que je réorganise encore et toujours...
Du coup, la nuit suivante j'ai décidé d'arrêter de tout accepter et d'écrire un mail (ouuuuuh la rebelle !). Je me suis opposée à la pose d'un nouveau picc-line, qui deviendrait le 4eme en moins de deux ans. Qui me forcerait à réintégrer dans mon intimité les infirmières. Qui me priverait encore un peu plus de liberté.
Dans un premier temps on m'a dit respecter mon choix... puis on m'a rappelé... à peine 24 heures plus tard.
"Bonjour Mademoiselle Briochette. Voilà on s'est dit que vous aviez sûrement réfléchi, et on a une place demain pour enlever votre broviac et poser un picc line..."
Conseil à vous qui me lisez, si une situation vous semble difficile surtout prenez le temps de la réflexion... Ne vous précipitez pas... Laissez mûrir les choses, laissez les s'imposer à vous... N'hésitez pas à prendre 10 minutes, ou une heure pour être bien certain de vos décisions... Visiblement ça suffit !
J'ai du le décevoir car je n'avais pas changé de positionnement. Nous avons donc raccroché sur un "bon l'essentiel c'est que vous buviez bien un litre par jour minimum".
Mais... mais... Juste pour savoir, pourquoi je suis sous nutrition déjà ? Ah oui je ne peux ni boire ni manger... Non, non, c'était juste pour être certaine c'est tout ! Donc un litre par jour... Ben voyons...
Finalement, les jours sont passés, les kilos se sont envolés petit à petit, la soif s'est faite ressentir...Bref que du bonheur.
Finalement, ils ont décidé de retirer la bouche fautive sous anesthésie locale. J'ai essayé de demander une générale au vue des expériences passées. (Sujet philo : Notre vie est-elle une construction de nos expériences passées... Oh ben tiens comme le curseur de gravité du coup... ? )
Ils ont refusé, pour seul motif "qu'on n'a jamais vu une extraction de KT sous anesthésie générale"...
Ah ben si on n'a jamais vu alors...
Avouez, z'êtes curieux de savoir comme ça s'est passé le jour du retrait hein ? Bon ok, je vous raconte.
J'avais rendez-vous pour 11h. Une heure de transport environ pour atteindre le lieu tant convoité : l'hôpital. Comptons environ 45 minutes pour faire les étiquettes ! J'arrive une heure avant en salle d'attente et là... Une foule digne d'un premier jour de soldes devant les galeries Lafayettes !
Je m'arme de patience, écoute attentivement, soupire, me tourne et retourne sur les sièges en bois à peu près aussi confortables qu'un tapis de fakir. Je vois les minutes passer, l'heure du rendez-vous se rapprocher, et les numéros rester... stationnaires !
Environ 40 personnes devant moi, deux guichets ouverts...
Je décide d'appeler le service, en vain. Je me saisis donc de mes affaires, abandonne ma place au premier rapace venu (faut pas se leurrer, une place libre dans un hôpital c'est comme un pot de nutella ouvert devant un diabétique... Une tentation sans nom !) Je gravis 4 à 4 les marches pour atteindre en un temps record le 4e étage. (Ok, j'ai pris l'ascenseur)
Je préviens confuse du temps d'attente encore conséquent aux étiquettes, tout en montrant l'heure d'arrivée sur mon ticket (Je vous jure m'dame ça fait une heure que j'attends). Je redescends, fais une croix sur une place assise, patiente encore...
Une heure et quart d'attente plus tard (Je rappelle quand même que c'est pour imprimer des étiquettes d'entrée dans un service hein, pas pour concocter un plat 4 étoiles d'écrevisses sur son plat de foie gras qu'on attend !), j'accède enfin au bureau.
"Bonjour madame je viens pour..."
"Attendez.. Hé tu fais quoi Marie-Thérèse là ? Tu touches pas l'ordinateur hein, ça fait 3 fois que j'essaye de régler mon écran... Quoi ? Ah ben oui mais après ce n'est pas toi qui doit plisser les yeux, moi je vois pas les pages internet après... Hein ? Non ! Non ! On mange ensemble ce midi ? Oui, j'ai pris mon casse-croûte mais..."
"Raclement de gorge de ma part"
"Oui ? Bon ben allez-y je vous écoute"
(Elle est bien bonne celle-là, une heure et quart d'attente, tu me fais encore patienter pour parler encas avec ta collègue, et c'est moi qui semble te mettre en retard ? Bref...) "Oui donc j'ai rendez-vous dans le service suivant, ils m'ont donné le numéro pour vous faciliter la tâche..."
"Hum... Votre carte vitale elle est pas à jour là hein !"
"Je sais mais votre borne ne fonctionne pas..."
"Ah ? Elle fonctionne pas.. Bon ben je vais forcer mais... Oh ben vous avez plus la prise en charge 100 %"
"Si il a été renouvelé en décembre..."
"Ah ben c'est pour ça alors, mais votre carte elle est pas à jour..."
"Oui, je sais puisque votre borne ne fonctionne pas donc...J'irais demain dans une pharmacie mais actuellement je ne peux faire plus..." (Voyez ???)
"Bon... Hé Marie-Thérèse tu lui as dit au gars pour le repas ? Attendez hein... "
(Ben oui je ne suis pas en retard ça tombe bien)
Au final, j'ai mis plus de 20 minutes pour les avoir mes étiquettes... J'ai donc gravis 4 à 4 les marches pour atteindre en un temps record le 4e étage. (Ok, j'ai pris l'ascenseur) Je me suis représentée de nouveau, on m'a accompagné dans ma chambre en me disant "Oui donc Mademoiselle Briochette je vais vous mettre votre bracelet, vous allez prendre votre douche rapidement car on vient vous chercher dans 5 minutes pour enlever le cathéter et... Poser un picc line !"
Bon allez encore une fois l'article s'étiiiiiire alors pour épargner vos yeux, vous permettre d'avoir d'autres activités dans la vie que de lire un article trop long, je vais le faire en plusieurs fois... On va faire comme dans les films :
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