vendredi 23 décembre 2016

Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir !




Hier, on nous a donné un nouveau canapé (#jevousracontemavie) ! 

Bref, quand il est arrivé, on s'est bien rendu compte que ça allait pas être fastoche de le faire passer dans les portes. (Mais si ça va rentrer Marcel !). Il faut voir la bête ! Shrek à côté c'est un liliputien ! 
Pour porter l'engin : deux personnes. (Dont je ne faisais pas partie, vous pensez bien ! Je me luxe déjà en me brossant les dents alors bon faut pas pousser mémé dans les orties.) En bonne superviseuse, j'essayais d'encourager mes deux porteurs. De là un monsieur un peu baraqué est arrivé pour aller diner chez sa belle-soeur (#jevousracontesavie), et nous a gentiment proposé d'aider à déménager. Nous avons accepté prestement. (Et lui a du regretter d'avoir été serviable !)Après quelques manoeuvres délicates, un démontage de pieds (ceux du canapé, pas les nôtres), quelques bruits suspects, le voilà bien installé dans notre salon. (Et je tiens à dire qu'il y restera et sera cédé avec l'appartement !)
Tout ça pour dire, (oui parce que parfois ce que je raconte à un sens), que pour remercier notre déménageur de l'extrême (j'exagère à peine), Môssieur Clochette et moi-même sommes allés lui acheter une boite de chocolats. Cette action nécessitait donc de sortir et d'affronter ce monde ô combien cruel et froid, qu'est l'extérieur. (Oh oui ! Chouette ! On va dans le générateur d'anecdotes !!)

Sur le trajet, nous rencontrons un monsieur, en tee-shirt, et aveugle. (Avec la canne et tout et tout. Je ne sais toujours pas si le fait d'être bras nus et aveugle sont en lien. Il n'avait pas vu qu'il faisait froid peut-être ? Roooooh). 

Alors que nous traversions au même passage piéton que lui, nous nous rendons compte qu'il se dirige droit sur un parking à vélos, scooters et autres véhicules motorisés (ou non) de votre choix. 
Tel Batman venant en aide à Robin, nous nous jetons sur lui pour le maitriser et le sauver d'une mort certaine... Bon ok, on a juste été vers lui pour le prévenir des obstacles et lui proposer de le ramener sur le droit chemin. (Le trottoir quoi !)

Bien mal nous en a pris ! 

Le dit monsieur, plutôt que de nous remercier a commencé à nous déblatérer toute sa haine des valides. En gros le discours était le suivant :
"Oui ben aussi tout le monde se gare n'importe comment ! Y a toujours des obstacles ! Ah j'aimerais bien vous y voir moi les yeux bandés toute la journeé ! Ses jeunes qui font des grandes études dans le handicap hein et qui sont cons (si si il l'a dit), oh c'est facile de faire de grandes théories... Puis ces gens qui se garent sur les places handicapés, vous ne vous rendez pas compte vous hein ! Vous faites comme vous voulez mais après c'est nous qui en pâtissons... Vous êtes tous pareils toute façons..."

Là ça a commencé à me tendre un peu. Pourquoi ? 

1) Je ne supporte pas qu'on s'en prenne aux gens qui viennent vous aider. Je peux comprendre sa détresse mais faut pas s'étonner si les personnes vous laisse bien dans la mouise le jour où on a besoin. (Je dis "on" car je m'englobe dans les personnes à mobilité réduite qui sont bien contentes qu'on leur tienne une porte de temps en temps !) 
2) Sans le savoir, il me visait directement car je fais partie "De ces jeunes cons qui ont fait de grandes études sur le handicap". Alors oui c'est théorique certes ! Oui on a des idées qui ne sont jamais mises en application fautes de moyens certes ! Mais il y a au moins quelques personnes qui essayent d'améliorer les choses. Etre toujours dans le négatif et la victimisation c'est fatiguant.
3) La victimisation justement, parlons-en. Ce cher monsieur, avec qui nous avons essayé d'établir un dialogue (mais qui en fait était lancé dans son monologue), réfutait tous nos arguments sous pretexte que nous ne pouvions pas comprendre "nous gros cons de valides" (Il l'a pas dit comme ça mais c'était l'idée). Mais pourquoi mon gars ? Pourquoi tant de haine ? Du coup, je lui ai dit que j'étais moi même en fauteuil roulant, et que l'histoire des obstacles et des places de stationnement je pouvais bien comprendre. Je me suis dit que s'il sentait que je faisais partie de "son clan" ça serait plus facile pour discuter (et surtout s'en défaire car c'était vraiment relou !!) 
Et bien... non ! Il m'a répondu " Ah mais chez les handicapés aussi y a des cons hein !". 

Du coup la "conversation" était complètement stérile. Nous avons essayé de partir à plusieurs reprises, prétextant un rendez-vous... en vain. J'ai même essayé le subterfuge d'appel sur mon portable avec celui de Môssieur Clochette, en laissant mon téléphone en sonnerie forte... en vain. 
A force de l'entendre déblatérer, j'ai arrêté d'avoir pitié, nous avons dit aurevoir et sommes partis. Ce sur quoi il nous a dit "Oui ben les gens sont toujours pressés, mais réfléchissez à tout ça hein, parce que bon c'est pas..." (Ah non je ne sais pas la fin, parce que je suis vraiment partie !)

Alors la conclusion de tout ça ? Je pense que ce monsieur est seul et en profites donc pour déverser sa rage sur le premier couillon, la première personne serviable qui se propose de l'aider. Peut-être qu'il en veut à la vie, qu'il n'a pas accepté son handicap, qu'il était vexé de se prendre un vélo devant témoins. (Freud est en moi! Bon en vrai j'en sais rien, il est peut être juste "con", c'est très répandu comme maladie.)
Je me dis juste qu'avec des personnes aussi aigries et mal-aimable, il ne faut pas s'étonner ensuite si on devient de plus en plus individualiste. Parce que tout ce qu'a gagné ce monsieur avec moi, c'est que la prochaine fois je le laisse se débrouiller ! 

Voilà, tout ça pour dire : on a un nouveau canapé ! Mais bon vous vous en fichez vous "cons de valides"... Et cons d'handicapés aussi hein ça marche pour tout le monde ! 

PS : Joyeuses fêtes de fin d'année, paix, amour et ... entraide ?  Oh non, ça c'est trop risqué !

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