Hey bonjour ! Je me disais que ça faisait un moment que je ne vous avais pas raconté ma vie. Alors aujourd'hui pas d'article drôle autour du handicap, ni de la santé. Pas d'article drôle d'ailleurs (je pourrais pousser à pas d'article mais bon du coup ça n'aurait plus aucun sens mon pauvre Monsieur !)
J'ai beaucoup travaillé cet été.
Alors pour le commun des mortels peut être pas tant que ça, mais pour ma petite personne qui est sensée être à 28h/semaine et qui en a fait parfois 44 (par semaine hein toujours sinon y aurait arnaque.), ça fait beaucoup.
Un petit truc entre vous et moi (si si ça me fait plaisir et c'est gratuit), toujours parler avec la même unité, qu'elle soit de temps, de taille, de poids... Sinon il n'y a plus aucune logique dans la conversation. Un exemple ? (Je vous vois dire oui, ne nier pas) Si vous dites : "- Oulà tu as pris du poids non, un kilo ? Deux peut-être ?", et que la personne vous répond "- Pff, à peine 500..." ça peut choquer, alors que finalement cette dernière aura jugé plus simple d'évoquer son demi-kilo pris par le grammage... Bref j'ai fait 44 heures certaines semaines. )
Mais l'été à mon travail, à part une autre collègue, ben... c'était calme ! Je comprends qu'au mois d'août on préfère être au bord de la plage, au soleil, dormir le matin, mais là tout de même ! Plus un chat ! (Ceci est important pour la suite de mon histoire, vous le comprendrez... ou pas)
Comme, quand même, le droit du travail existe, j'ai eu le droit à mes congés, mais en septembre.
De retour de deux semaines de vacances, les gens vous redécouvrent. (Ou alors ils ne s’aperçoivent même pas de ton absence et là ... Ils te découvrent.) Et justement, c'est là le point tournant de notre article, la mise en exergue, le point stratégique bref le sujet dans toute son entièreté.
Qui suis-je pour l'autre ? Existé-je vraiment ? (J'ai vérifié et même que ça se dit d'après le conjugeur.fr) Suis-je une simple entité physique ? Suis-je visible à l'autre ? Et je dirai même plus, suis-je visible à l'oeil nu pour l'autre ? (Ben on peut se poser la question quand même non ?)
Alors pourquoi un simple départ en vacances pose tant de questionnements ? Je vais vous raconter quelques anecdotes, à la suite, sans suite logique. Quelques anecdotes qui vous projetteront (je l'espère en tous cas car c'est le but), de mon quotidien de Clochette (j'ai failli rajouter sans défense mais bon faut pas pousser non plus...) Alors, Caroline, Grignotte et Benjamin, vous êtes prêts ? (Ceci est une référence à Père Castor... Pour les plus jeunes d'entre vous, ce "Monsieur" est comme son nom l'indique un Castor (oui l'animal), chaussé de lunettes rondes et vêtu d'un petit cachemire rouge et de son écharpe bleue en laine (Je pense que c'est de la laine, de l'acrylique au pire des cas mais sûrement pas de la soie... Il aurait trop froid et avec les enfants qui la triture sans cesse (l'écharpe hein toujours, on reste concentré !) elle n'aurait pas tenu le choc. Allez zou, je vous raconte.
Histoire 1 : Le contrôle le plus inutile
Je rentrais dans mon doux chez moi. Pour ce faire, j'emprunte les transports en commun. (Ouais encore eux !) Il arrive parfois que des contrôleurs soient présents. Ils se mettent généralement à la sortie des métros, dans les bus et trams par surprise. Ce qui est très intelligent d'ailleurs : ne pas se faire voir pour attraper le plus de fraudeurs possible (et j'applaudis cette idée).
L'autre soir (donc celui où je rentrais dans mon doux chez moi), j'aperçois l'équipe de contrôleurs juste derrière l'entrée du métro. Bon je ne peux pas vous faire de dessin là tout de suite, mais... Imaginez la barrière où vous validé votre ticket et juste de l'autre côté (vous passez la porte et bam vous tombez dessus), les contrôleurs. Je ne suis pas douée dans le repérage dans l'espace, la stratégie, tout ça mais là clairement si tu avais envie de frauder ben... Tu ne le faisais pas ! (Ce qui en soi peut être une excellente technique : prévenir la fraude plutôt qu'en arriver à la répression). Mais là où je suis restée perplexe, où je me suis demandée dans quel monde parallèle je vivais, où je n'ai pu réprimer ce petit sourire (et même cette grosse marade) au fond de moi, c'est qu'à peine passé le portique, un contrôleur s'approche de moi et me demande... ma carte de transport ! Mais, mais, je viens de la passer sous vos yeux ?
Alors j'ai regardé autour de moi, les 3 contrôleurs faisaient la barrière classique. Pas un des usager du métro ayant validé sous leurs yeux son titre de transport ne pouvait passer sans valider une seconde fois auprès du contrôleur. Et pendant un instant je me suis demandée si j'étais dans le même espace-temps que ces gens. Pour frauder, il n'y a pas mille solution. Les plus courantes sont : Passer en même temps qu'une personne honnête en bloquant les portes. Et là, ça sonne (parce que la barrière n'est pas faite pour ça et que ça la rend ronchon). Ou alors, une version plus sportive qui consiste à sauter par dessus le portique. Bref quelle que soit la solution retenue, elle ne passait pas inaperçue aux yeux des agents présents.
Histoire 2 : L'appel sans suite (oui j'enchaine mais on fera une synthèse de tout ça à la fin, c'est un peu comme un corpus d'anecdotes si vous préférez..)
Au travail, (encore...) une collègue m'interpelle (pour rire). A cette collègue fait écho une seconde collègue (qui n'est personne d'autre que la responsable des ressources humaines). Madame RH serine "Clochette, ha clochette, clochette, clochette, venez..." Pour ne pas la laisser s'époumoner, je décide de me rendre devant son bureau. Elle me rejoint dans l'encadrement de la porte et me dit :
"Bonjour"
Polie (enfin j'essaye parfois mais je dois avouer que parfois ça devient compliqué), je réponds ; "Bonjour" (Vous sentez toute l'intensité dans le dialogue ??)
Ce sur quoi, elle rétorque : "Bonjour" (Euh on ne l'a pas déjà dit ça ?) Pensant qu'elle n'avait pas entendu ma première salutation, et que cette réitération était la réponse à ce qu'elle avait pris (bien malencontreusement) comme une marque d'impolitesse, j'enchaine de nouveau sur un "Bonjour". (Si vraiment...)
Un silence d'une demi-seconde. Des regards et j'entends sa voix me dire : "Oui ? Vous voulez quoi ?"
Mais, mais... c'est vous qui m'avez hélé dans les couloirs ! Je suis restée pantoise.
Heureusement mon autre collègue qui avait entendu toute la scène, lui dit "Mais enfin, c'est vous qui l'avez appelé !"
Amnésie ? Non ! C'est avec aplomb et droit dans les yeux qu'elle me dit "Non, c'est pas vous que j'ai appelé. Je voulais voir Clochette moi !"
"Et bien oui je confirme, Clochette c'est moi" (comme depuis 2 ans que je travaille ici).
'Ha ben non alors, ce n'était pas vous que je voulais voir... "
Voilà. Deux ans. Deux ans dans le même travail et on ne sait toujours pas qui je suis. Autre espace-temps ? Coincidence ? Je ne crois pas...
Histoire 3 : Une place, une fonction (Alors celle-ci va en fait regrouper deux histoires qui sont sur le même thème, parce que c'est tout de même plus drôle)
Au travail (encore, encore)... Dans mon bureau avec une collègue stagiaire. un logiciel dont j'avais besoin et que j'utilisais d'habitude sur mon ordinateur ne fonctionnait pas. Je me mets donc sur le second poste et laisse mon ordinateur à notre stagiaire. Un collègue entre, il se dirige droit sur la stagiaire (qui était donc à ma place) et commence à lui parler de comptabilité. Elle le regarde et lui dit qu'elle ne sait pas de quoi il parle. Il me regarde et lance "Ben et vous, vous êtes stagiaire non ? Donc vous ne saurez pas non plus !" Je lui explique gentiment que non je ne suis pas stagiaire, que les questions qu'il lui a posées, il aurait dû me les poser à moi car j'étais directement concernée. Nous avons ensuite compris, qu'il n'avait absolument pas intégré le changement de place et qu'il pensait d'adresser à moi en s'adressant à la stagiaire (et vice-versa).
Depuis quand une place définie t-elle la fonction d'une personne ? Et pire, la personne en elle-même ? `
Histoire 3 bis :
Au travail (encore, encore, encore)... Je m'étais installée dans le bureau de ma collègue qui était seule ce jour-là. Même service, un couloir d'écart et il est assez habituel que nous changions de place les unes et les autres pour nous regrouper et mieux affronter l'ennemi. (En fait on juste un peu sociable...)
J'étais seule dans le bureau, à la place de notre ancienne stagiaire (oui toujours la même ) qui a terminé son contrat en juin. (Ca commence à faire du coup !) Un collègue qui avait l'habitude de travailler avec notre stagiaire mais qui ne me connait pas plus que ça, entre dans le bureau. En me voyant il affiche un large sourire et me lance : Oh mais tu es revenue !! C'est super ça, ça fait plaisir ! Mais depuis quand ?
Comprenant qu'il me confond allègrement avec mon ancienne collègue stagiaire (que j'apprécie beaucoup par ailleurs), j'entre dans son jeu et répond d'un laconique "Ben lundi". Et j'enchaine "Mais tu sais je n'ai eu que deux semaines de vacances, je ne suis pas partie si longtemps que ça" (comparé au mois de juin forcément...)
Il me regarde perplexe et me dit "Ah bon ? Mais tu n'étais pas là cet été si ?"
Avec amusement je rétorque "Ah si, tout l'été parce que mon job c'est quand même de m'occuper des départs en vacances alors c'est plus facile d'être là"
Après ce temps, qu'on appellerait en psychologie : temps "de sidération", il a fini par retrouver ses mots et me dire : "Ben en tous cas hein ça fait plaisir de te voir, allez salut !"
Voilà. Ensuite je suis restée en me demandant encore une fois dans quel monde j'évoluais. Partagée en l'envie de rire et de pleurer. Est-ce que ce moment était flatteur pour la collègue ? Car il ne feignait pas la joie, il était vraiment heureux de la revoir... Mais ce n'était pas elle !
Est-ce que je dois prendre pour moi le fait que l'on ne soit pas reconnu pour qui nous sommes, mais par la place que nous occupons ?
Bonus : Le même jour deux collègues ne me parlant absolument jamais, m'ont demandé : "Et au fait tu finis quand ton contrat ?"
Qu'est-ce qui au bout de deux ans et aucune conversation, vous pousse à me poser cette question ? Et le jour où je vais partir, qu'est-ce que je vais dire ? "Alors merci à tous de n'avoir jamais retenu qui j'étais, de ne pas connaitre mon prénom, ni ce que j'aime faire dans la vie. Je sais que je ne vais pas vous manquer puisque que je sois présente ou non, pour vous, je ne suis jamais là. Bisous"
Commentaire du corpus de texte : (Oui je vous l'avais dit, on ferait une synthèse générale à la fin. Bon on ne va pas se le cacher c'est le moment le plus pénible. Vous savez que dans mes articles j'essaye de mêler humour (j'essaye j'ai dit, j'ai jamais dit que c'était une réussite) et un poil de réflexion sur la fin... Ben là c'est le moment réflexion, si vous n'avez pas envie je vous fais des bisous et vous dis à un prochain article :) )
Que dire ? Les histoires parlent d'elles-même non ?
J'avoue rester perplexe devant chacune d'entre elles. Un sentiment de tristesse m'envahit à chaque fois, avec ce questionnement "Mais qu'est-ce que je suis pour les autres ? Qu'est-ce que je représente ?"
Deux ans dans le même établissement, avec une présence discrète mais réelle. Pourquoi est-ce qu'on ne connait toujours pas mon prénom ? Pourquoi on ne sait pas ce que je fais dans la vie ?
Et ce mec ou cette femme qui me bouscule dans le métro, ou qui s'appuie sur moi comme si j'étais une barre d'accroche, est-ce qu'il me défini dans l'espace ? Est-ce que je suis visible pour lui ? Pourquoi certains jours, on a cette désagréable sensation d'être invisible pour tout le monde ?
(Je n'attends pas de réponse hein ne vous inquiétez pas... c'est rhétorique)
Parfois j'aimerais savoir ce que je représente pour chacun. Ce que les gens retiennent de moi quand je passe ou que j'échange avec eux. Est-ce que je suis juste une conversation de plus ?
La question de ce qu'on représente pour l'autre est sensible et restera sans doute un des plus gros mystère de la vie. Mais au fait, vous êtes qui vous ??
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire