Fin janvier je terminais mon article là dessus " Je me suis représentée de nouveau, on m'a accompagné dans ma chambre en
me disant "Oui donc Mademoiselle Briochette je vais vous mettre votre
bracelet, vous allez prendre votre douche rapidement car on vient vous
chercher dans 5 minutes pour enlever le cathéter et... Poser un picc
line !"
Et puis je suis partie comme ça, vous laissant froidement plantés là, devant la douche. Et j'ai promis juré (craché aussi mais c'est pas très propre alors il faut éviter de le faire) que je reviendrai (un jour) raconter la suite. (Bah deux mois c'est pas si long non plus hein faut pas exagérer !)
Allez on prend un plaid, une petite tisane et c'est partit dans le monde merveilleux des aventures hospitalières de Clochette ! (chhhuuuuuut ça commence !)
Moi : - Quoi 5 minutes pour prendre ma douche et me changer ? (ah ben je vous avais dit hein on rentre direct dans le vif du sujet) Non allez je déconne, en vrai de vrai c'est pas le temps de la douche qui m'a fait tiquer, vous pensez bien ! (C'était une petite blague pour se remettre dans l'ambiance, bon maintenant c'est sérieux... Chuuuuuut ça commence !)
Moi : - Quoi ? Comment ça poser un picc ?
L'infirmière : - Ben oui, c'est bien pour ça que vous êtes ici, c'est marqué sur la feuille !
- Ah ben oui mais non, je ne suis pas d'accord pour le picc line, je l'ai dit et redit au docteur. Alors on m'enlève le broviac actuel et on stop là !
- Oh ben je ne sais pas moi, vous verrez avec eux au bloc...
Oui voilà on va faire ça, on va attendre et me laisser un peu le temps d'angoisser et puis je négocierais tout ça, une fois nue et vulnérable sous ma petite blouse de reste de dignité, avec deux médecins autour de moi. Ça me semble effectivement une super option de faire ça comme ça ! Pourquoi on s'embêterait à réfléchir d'égal à égal, tous bien habillés et avec tous nos moyens. (Oui j'insiste un peu là dessus mais je vous promets que de discuter d'un sujet qui vous concerne en étant dans vos vêtements, debout ou assis (peu importe) en face de quelqu'un et le faire allongé avec deux têtes au-dessus de vous alors que vous ne vous sentez pas la plus à l'aise dans votre tenue ben... c'est pas pareil ! Étonnant non ? Et encore on avait pas opté (enfin surtout eux) pour l'anesthésie générale, sinon je vous laisse imaginer l'étendue possible de votre libre-arbitre dans les décisions...)
Comme je suis parfois gentille, que l'infirmière au fond n'y était pour rien, que j'avais déjà pris le temps d'envoyer des textos à la terre entière (c'est à dire à ma môman et môssieur briochette) pour les prévenir que "de toutes façons si ils me touchent hein ben ça va mal finir pour eux"... Il était tout de même l'heure d'aller se savonner joyeusement à coup d'ibiscrub (le remplaçant de la bétadine en version améliorée car transparent).
Ce moment de délectation extrême (vous pensez bien ça serait dommage de s'en priver) était à peine terminé, que mon carrosse était avancé. (Bon pour les chevaux blancs on repassera, un lit qui couine c'est bien aussi !)
Je vous épargne la descente fantastique au bloc, somme toute assez classique. Mon chauffeur était gentil et calme. Ce qui contrastait fortement avec son collègue un peu lourdeau pour qui la phrase "Tu prendras la patiente" a eu l'air de résonner de manière graveleuse dans sa tête (si j'en juge les regards appuyés à son collègue et son ricanement stupide de type "fin de journée au comptoir du coin à mater des nanas à poils sur un calendrier" et surtout cette magnifique réponse "Ah ouais, je veux bien la prendre ouais !" Dans d'autres circonstances j'aurais pu m'énerver mais là... on allait me forcer à mettre un picc line que je ne voulais pas alors bon... Faut avoir le sens des priorités dans la vie et je ne peux pas m'énerver pour deux choses en même temps, sinon je ne m'énerve qu'à moitié et mal. Ca serait dommage de bâcler !)
Au bloc, une infirmière et un chirurgien m'accueillent. Je reconnais le dit médecin, car c'est lui qui m'avait posé mon troisième picc. (Il a un petit accent, ça aide ! Le docteur, pas le picc, ça ne parle pas un picc ! Allez on se re concentre ! ).
- Bonjour Mademoiselle Briochette, vous êtes prête ? L'infirmière m'a dit que vous refusiez la voie ! Pourquoi ?
(Ouais ben ça je le savais que j'allais devoir encore me justifier. Un "non je vous emmerde c'est mon corps je fais ce que je veux" ne serait pas acceptable je suppose ?)
- Oui, j'en ai parlé à mon médecin, il est d'accord pour ne rien poser tout de suite. On a eu des échanges là dessus. Toutes les poses se sont terminées en échec alors...
- Ha ha mais ça c'est parce que je n'étais pas là ! (Et votre égo il était là ? C'est pour ça que vous êtes passés au crocs dans le milieu médical, pour avoir plus de place ?)
- Hum, ben en fait, on s'est déjà vus, vous m'avez déjà fait une pose...
-Ah bon ? Peut-être... Bon détendez-vous là vous avez l'air toute stressée, on n'est pas bien là ?
Allongée sur une table où j'ai à peine la place de tenir avec mes bras contre le corps ? Nue ? (oui encore hein excusez moi j'aime pas trop cette pratique !) Sans savoir si mes choix vont être respectés ? En sachant pertinemment que je vais avoir mal car l'anesthésie mes tissus s'en contre carrent l'oignon ? Oh ben si alors, qu'est-ce qu'on est bien, on recommence très vite hein ? Promis ?
Je me suis contentée d'un : "J'ai un peu froid en fait" (Oui je suis faible.)
L'infirmière gentille (c'était mon alliée je le savais, celle qui allait m'aider à vaincre l'ennemi) est allée me chercher une couverture chauffante. J'étais mieux. Ensuite on m'a demandé ce que je voulais qu'on mette comme musique dans le bloc, pour que je me détende. (C'est plutôt cool cette pratique, mais est-ce que quelqu'un osera vraiment dire un jour "J'adore la variété Française !" Non ! On est tous pareil, Mozart c'est bien non ? Ou Beethoven ? ... Du coup pour trancher je dis toujours "un truc instrumental" genre musiques de films... Je me vois pas trop demander du Pink ou Muse... L'instru ça passe partout et ça n'énervera pas le chirurgien. Si un jour un fan de Matt Pokora ou Lorie demande à ce qu'on lui passe ça, est-ce qu'on ne risque pas de multiplier les erreurs médicales ? Bref...)
On a mis de la musique et on a attendu...
Là mon docteur est arrivé en lançant un "Bonjour, il fait froid dans ce bloc, vous êtes bien vous sous votre couverture" (Ouais la meilleure place, on échange ?)
Et puis c'était partit... Mise en place du champ opératoire, première injection d'anesthésiant... Aie... "Vous sentez ?"... Deuxième injection, troisième.... AIEUUUUHHHH ! "Vous sentez encore ?" ... Quatrième...
Là j'en peux plus, j'ai mal, je le sens, je commence à me tortiller un peu. Le chirurgien me lance "C'est pas possible hein vous pouvez pas sentir, ça fait pas mal là y a la dose maximum d'anesthésiant ! Et c'est le plus fort que je puisse mettre j'ai mélangé deux produits ! " Et comment tu expliques que je bouge très exactement à chaque fois que tu essayes d'y toucher ???
Je me sentais seule, l'infirmière alliée qui me tenait la main, les larmes qui coulaient. Et là, surprise générale, un renfort inattendu. Mon docteur, celui là-même qui d'habitude avait l'air en retrait, prend ma défense et dit à son collègue "C'est particulier sa maladie, il faut l'écouter. Si elle dit qu'elle a mal, c'est qu'elle a mal.Les tissus ne réagissent pas comme tout le monde. On a eu des soucis avec les anesthésiants" Qu... QUOI ? Vraiment ? A ce moment exact j'ai eu envie de lui dire Merci, (oui avec un grand M) de lui faire un câlin, un peu de reconnaissance enfin !
Bon j'ai pas eu le temps parce que le charcutier poursuivait sa tâche. Au bout d'un moment, mon docteur (oui je me l'approprie que voulez-vous), m'a demandé si je voulais faire une pause... Je n'ai pas refusé. Un peu d'humanité face à l'extracteur violent de mon KT !
Je n'ai pas passé un bon moment, et finalement non on n'était pas bien là. C'est avec fierté que Monsieur Crocs chevilles gonflées m'a dit "Voilà c'est bon, elle peut se détendre. Il est enlevé, c'était pas si terrible non ? C'était juste désagréable parce que vous sentiez mes gestes mais c'est tout ! Elle a eu peur !"
Non je n'ai pas eu peur, non je n'ai pas seulement ressentis "tes gestes". J'ai senti des éclairs traverser mon corps à chaque fois que tu faisais pénétrer ton aiguille dans mes tissus, j'ai senti ces mêmes tissus se déchirer au retrait du KT, j'ai senti l'aiguille quand tu as tenté de recoudre la plaie. Alors non vraiment je ne vais pas me détendre tout de suite et je vais laisser le temps à la zone traumatisée de mon corps de se remettre. Parce que ce n'est pas juste une aire de jeux pour tes mains de chirurgien, c'est ma peau, ce sont mes tissus. Parce que ce soir quand tu vas rentrer chez toi tranquillement, je vais ramener la douleur que tu as créée en partie et dont tu ne tiens absolument pas rigueur. Parce que pendant 10 jours, je vais souffrir à la moindre respiration, au moindre geste. Parce que dans tes livres on t'a peut être appris que ce genre d'opération ça se faisait sans anesthésie générale, et que c'était un geste banal, mais que dans la réalité de tes Crocs ça ne se passe pas toujours comme ça ! Parce qu'un peu d'humanité ne m'aurait pas fait de mal ! Et parce que "ELLE" te dit merde ! (Non mais oh !)
Finalement ils ont décidé de ne pas recoudre ! MON docteur a eu un peu de peine pour moi (en tous cas je l'ai pris comme ça) et a demandé à son collègue si on pouvait se permettre de laisser la plaie se refermer comme ça. Il a répondu que ça serait moche, on a dit "tant pis". J'étais sauvée !
Docteur Crocs a demandé à son infirmière de "nettoyer tout ça" parce que ça avait bien saigné (je pense que je faisais partie du tout ça !) et il est partit en me répétant que vraiment c'était pas si difficile et que quand même l'anesthésie ça marchait et faites moi un sourire ! Parce qu'une jeune fille comme vous ça doit sourire ! (Et un médecin comme vous, ça doit faire quoi ?)
Ensuite je suis remontée dans ma chambre avec le lourdeau graveleux, les yeux encore humides. Je me suis remise de mes émotions et j'ai pu rejoindre mon doux chez moi... En transports en commun (oui je fais ça souvent !) Je suis peut être une chochotte qui ne résiste pas à la douleur aux yeux du docteur chevilles enflées mais je ne fais suer personne pour mon retour à domicile, je fais tout comme une grande !
Bien entendu nous n'avons pas posé de picc (oui j'ai vaincu), alors je me suis déshydratée en attendant ma nouvelle bouche. C'était un risque à prendre (bah oui mais aussi tu veux pas boire un litre et demi par jour alors bon !) J'ai fait des allers et retours pour des perfusions sur la journée et j'ai pu tenir jusqu'à l'anesthésie générale pour mon nouvel ami !
Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de petites bactéries (non c'est pas vrai pour le moment j'ai juste quelques colonies mais c'est pas grave on cohabite ! Ah non c'était pas une blague par contre, faut pas que tout fonctionne, ça ne serait pas drôle sinon)
THE END (enfin jusqu'à la prochaine fois quoi !)
PS : Pour les crocs si vous voulez je peux faire des commandes groupées !
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Re pps : Pour les crocs on oublie, Christina Cordula me signale que pour les gens comme vous, il ne faut pas en porter... Vous aurez qu'à sourire !!
Re re pps : Mais facebook ce n'était pas une blague... ici
Re pps : Pour les crocs on oublie, Christina Cordula me signale que pour les gens comme vous, il ne faut pas en porter... Vous aurez qu'à sourire !!
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