vendredi 2 juin 2017

Quand on veut, on peut !




Hey les gens ! Je suis certaine que vous avez déjà entendu un jour dans votre vie : "Nan mais tu sais (ouais prenez l'accent un peu pimbêche de la nana qui sait tout avec 2 neurones et demi... comment ça discrimination ? Pas du tout...), quand on veut hein, on peut ! C'est juste une question de volonté ! " Et là vous la regardiez de haut en bas avec une envie de l'égorger. Et puis finalement vous vous ravisiez, sans rien répondre, en lançant un simple sourire poli. (Vous la tenez bien la scène ?)
Alors ça peut être sur n'importe quel sujet, pas de brimade. Vous voulez quelques exemples ?
La perte de poids (si, si, tout est question de volonté, c'est bien connu on est tous égaux sur le sujet, même votre meilleure amie qui mange ses chips au nutella et qui pèse 40 kilos pour 1m70 alors que pour vous c'est pomme et eau... Question de volonté !), le sport (mais si voyons c'est juste une question de volonté, tes poumons n'ont rien à voir là dedans quand tu étouffes après trois foulées), les fringues (allons ! Ce sac Dior qui vaut un bras, c'est une juste une question de volonté pour l'avoir). Bref tous les sujets fonctionnent.
Mais là où personnellement ça m’irrite le plus, c'est quand on commence à attaquer ma volonté sur la santé. Tu ne manges pas ? Mais tu sais, si tu faisais un effort, quand on veut on peut ! Tu ne marches pas ? Mais tu sais, quand on veut on peut ! Et j'ai eu l'illustration parfaite de ces situations dans le métro il y a quelques semaines.
Dans une période bof bof de ma maladie, j'ai été obligé de revenir à mes vieux amours : j'ai nommé le fauteuil électrique.
Je partais au travail (tout est question de volonté), tranquillement et ne demandais rien à personne (j'insiste, écouteurs dans les oreilles, replis maximum, bref LAISSEZ MOI TRANQUILLE !). Après avoir bataillé férocement pour obtenir une place digne de ce nom (entre deux coudes et trois paires de fesses (bah c'est tout ce qu'on voit quand on fait la hauteur d'un enfant de 8 ans...Et encore c'est s'ils se tournent dans le bon sens... Bref on s'égare !) je pouvais enfin me délecter paisiblement de ce trajet fort agréable. Quand soudain (le fameux élément perturbateur que vous attendiez tous !) un homme d'une quarantaine d'années, un peu étrange, avec une canne, passe le long du métro. Il se retourne, fait marche arrière, glisse la tête entre les portes et me dit (Je ne vous tiens plus là hein ? Vous aimeriez bien savoir ?)

Bref ce matin, j'ai été à la sécurité sociale et... (Haha je vous ai bien eu ! allez je vais vous raconter la fin du boulet du métro avant d'entamer les boulets de l'administration, car oui aujourd'hui ce n'est pas un mais bien deux médailles de la boulette attitude que nous décernerons !)

Donc le gars me dit :
-Tu veux marcher ? (Je crois que c'est ce qu'il a dit, j'ai hésité entre tu marches ? Tu veux marcher ? Tu as marché ? Mais comme la réponse était la même je ne me suis pas attardée)
- Euh oui. (Oui j'avais prévenu la réponse était similaire hein et pas très développée. En même temps ce gars je ne le connais pas et moi on m'a dit de ne pas parler aux inconnus... C'est peut être des drogueurs !)
- SI tu veux marcher, tu peux. C'est question de volonté. (Ah oui j'ai pas dit il avait un fort accent africain, peut être même qu'il était vaudou allez savoir... J'avais un peu peur moi !) Tu prends un tapis de course, tu montes dessus et tu vas toujours tout droit. (J'aurais bien aimé lui demander où est-ce que je pouvais trouver un tapis qui n'allait pas tout droit, parce que bon c'est vrai qu'on a souvent ce problème là, c'est ennuyeux d'aller toujours tout droit sur un tapis...) Et tu remarcheras. C'est la volonté !
Je suis restée coite ! Je voulais demander son avis à ce gars qui a percuté un platane et qui se retrouve tétraplégique... Juste pour tester sa volonté de se mettre debout quoi ! Et puis aussi, j'avais super envie de me lever et de dire : C'est un miracle ! Mais bon les portes se sont fermées, on est repartit et puis entre les coudes et arrières-train j'avais pas la place. Dommage, le monsieur vaudou aurait sûrement été très fier de moi ! Mais bon comme j'avais la volonté, il a du le sentir un peu quand même.

Les jours ont passé, et mon état bof bof s'est empiré. Ce qui m'a conduit droit à l'arrêt maladie. (Plus assez de volonté pour travailler hein !). Comme je fais plein d'efforts pour garder une vie la plus normale possible (si je vous promets) ben j'ai essayé de faire un arrêt le plus court possible. Avant de poursuivre quelques précisions s'imposent.
Je suis en ALD (Je le sais parce que chaque année il faut la refaire et c'est pas facile !) ALD ne signifiant pas  Agent Loyal et Détendu mais bien Affection Longue Durée. En gros, t'es malade et on sait que ça va durer (sauf bien entendu si ta volonté refait surface !)
Lorsqu'on est en arrêt pour rhume, gastro ou varicelle (il parait que c'est de saison), il y a un truc qui se nomme "jour de carence" qui s'applique. En gros tu es malade une semaine, tu as 3 jours de carence, donc 3 jours où tu n'auras pas d’indemnités. Mais on m'avait dit : Ah nan mais en ALD tu n'as pas ces 3 jours de carence, si ça reste dans le cadre de ta maladie. (Logique !). Pour confirmer tout ça, j'ai googlisé et j'avais lu ça :


Un assuré est pour la 1ère fois en arrêt de travail pour une ALD du 10 au 30 janvier ;
Les 10, 11 et 12 janvier constituent le délai de carence ;
L’indemnisation ne débutera qu’à compter du 13 janvier ;
L’assuré est à nouveau en arrêt de travail pour la même ALD du 15 au 20 février ;
L’indemnisation débutera à compter du 15 février, sans délai de carence ;
 L’assuré est à nouveau en arrêt de travail pour la même ALD du 1er au 15 avril ;
L’indemnisation débutera à compter du 1er avril, sans délai de carence.
Donc si vous lisez bien comme moi, vous remarquerez que baaaamm plus de jours de carence. Voilà on peut continuer sur des bases saines.

Sachant cela et ne souhaitant pas abuser du système Français, j'ai dit à ma doctoresse qui voulait me faire un arrêt pour un mois d'un coup  : "Mais non parce que peut être que dans une semaine je pourrais retourner travailler (Vous remarquerez ici ma candide innocence )" Du coup on a convenu qu'elle me faisait un arrêt du lundi au dimanche. Et moi j'ai dit "Mais non parce que je travaille du lundi au jeudi alors je vais pas profiter, et puis comme je n'ai pas les 3 jours de carences ça ira ! (Candide innocence bis).
Sauf que la semaine suivante, j'étais toujours dans le même état d'épave. Je suis donc retournée voir mon médecin pleine d'optimisme et de volonté (en la suppliant de m'achever !). Elle a renouvelé l'arrêt.(Elle a refusé de m'éliminer) On a refait pareil du lundi au jeudi. Et ce, 3 semaines d'affilées. Finalement, en y repensant,  le mois ça aurait été sans doute plus pratique !

A la paye de mon travail ils n'étaient pas contents, pas contents, parce que ça leur compliquait les choses. Et moi j'étais fière de ne pas avoir creusé un peu plus le trou de la sécu.
Je suis retournée au travail, j'ai reçu ma fiche de paie imputée de 3 semaines de salaires en moins (car ils n'avancent pas les frais quand je suis absente). J'ai passé un bon et grand week-end de 4 jours et à mon retour j'avais une lettre de la sécurité sociale.
En l'ouvrant je me rends compte que ces bougres ont omis de retirer les 3 jours de carences. Sur 3 semaines je ne me retrouve donc qu'avec 1 seul jour de payé (Ben ouais y a eu des jours fériés en plus donc du mardi au jeudi, avec les 3 jours... Nada !)
Douce et docile, je me rends à la sécurité sociale avec tous mes papiers. C'est pas grave de toute façon, j'ai la preuve que j'ai déjà eu un arrêt dans l'année. C'est une erreur malencontreuse !
La dame me dit : Ah non mais faut prendre rendez-vous hein moi ça je ne peux pas gérer. (Voix de pimbêche, acte 2...) Et avec un peu de volonté ? Non toujours pas ?

Du  coup j'ai pris rendez-vous.  J'y suis retournée. J'ai pris mon ticket, j'ai attendu, on m'a appelé. Je me suis assise en face de cette dame qui avait l'air absolument Dé-bor-dée ! Et j'ai encore attendu. Elle m'a demandé ma carte vitale, je lui ai donné. Et j'ai attendu. Et elle m'a dit :
- Alors vous venez pour un problème d’indemnités journalières.
- Oui. En fait il y a eu une erreur. Je suis en ALD et...
-Ah non mais vous n'êtes pas en ALD.
- Si, si je vous assure.
-Non pas au niveau du travail.
-Euh, comment ça ? (Hum, intense comme conversation hein !)
- Vous avez un ticket exonérateur. Mais vous n'avez pas d'ALD pour le travail.

Bon ok Josette, va falloir mettre du tiens et m'expliquer. J'ai une ALD mais ce n'est pas la bonne c'est ça ? J'ai pas pris la bonne étiquette ? Quel est le problème ? Au fond de moi, je sentais que ce n'était pas bon et que j'allais bientôt m'asseoir sur mes jours de carence...

- Je vous explique (oui je veux bien parce que là c'est pas très très clair.) Pour avoir le droit à l'ALD qui permet de bénéficier de l'annulation des jours de carence, il faut avoir été au moins 6 mois en arrêt d'affilé.
-C'est une blague ?
- Ah non, non. (Josette, c'était rhétorique, je sais que ce n'est pas une blague... Malheureusement.)
- Donc vous êtes en train de me dire que je ne toucherais rien d'autre. Et que plus je me mets en arrêt longtemps et mieux c'est ?
- Oui c'est ça. (Et rien ne te choque Josette ?)
-Très bien. Donc on nous pousse à travailler le moins possible.
-Bon je vois que vous avez votre truc là (Là elle a fait un signe du menton vers mon broviac d'amour), si vous êtes fatiguée faut pas hésiter hein, si vous avez besoin de vous arrêtez faut pas faire de petits arrêts, un mois c'est bien par exemple.

Josette je ne réfléchis pas à poser mes vacances là, on parle d'arrêts contraints et forcés !

Bref je suis ressortie de là passablement énervée (je dois bien l'avouer). Josette n'y étant pour rien je n'ai pas passé mes nerfs dessus, mais mince quoi ! Je ne comprendrais jamais ce système.
Je l'ai déjà dit mais pour avoir le droit à une invalidité, il faut 6 mois d'arrêts également (remarquez on pourra faire d'une pierre deux coups hein !). Pour avoir le droit à l'ALD du travail (qui n'est donc pas la même que celle des soins, mais bon ça personne ne l'explique nul part) il faut s'arrêter la moitié de l'année. Qui a envie de travailler dans ces conditions ? Qui a envie de recruter dans ces conditions ? Vous vous voyez vous à un entretien dire : Alors je sais que je ne tiendrais pas le coup, mais ne vous inquiétez pas si je m'arrête une demi année, j'aurais  des aides ?
C'est un système vicieux et décourageant.
Alors oui la prochaine fois je demanderais un arrêt du lundi au dimanche (je ferais plaisir à la compta!) et le plus long possible quitte à faire un avenant, parce que non 3 semaines de salaire en moins sur un SMIC ça ne fait pas plaisir. (Bon même sur un non SMIC hein ça fait pas plaisir !)

Moi je veux bien qu'on me parle de volonté, de "quand on veut, on peut !" Mais là ?
J'essaye au maximum d'en demander le moins possible, de faire tout ce que je peux, d'être volontaire. Mais comment faire quand le système n'est pas aidant. Quand on gagne mieux sa vie en restant au chômage et en percevant des aides ? (J'ai fait le calcul et c'est pas du flan, c'est ce qui se passerait si Môssieur Briochette cessait son activité et moi aussi !) Quand on essayant de ne pas profiter du système, de ne pas creuser ce fameux trou de la sécu, on se fait empapaouté (ça faisait exotique ce mot c'était joli, non ?)

Après coup, je me dis que c'est peut être le vaudou du métro qui m'a jeté un sort, c'est peut être parce que je n'ai pas voulu lui montrer que je voulais et pouvais marcher... Allez savoir ?