mercredi 5 septembre 2018

Vivre... ou survivre





J'ai écrit le texte ci-dessous il y a quelques jours, et je l'ai publié sur facebook et instagram. Au départ, je ne pensais pas en laisser une trace ici. Pourquoi ? Parce qu'ici je sais que ma famille me lit, que les lecteurs ne sont pas les mêmes, et que parfois j'ai peur de dire vraiment ce que je ressens tout au fond de moi. Parce que je ne veux pas inquiéter (pas encore plus que déjà). Mais en même temps, ce blog c'est mon jardin à moi. J'y plante ce que je veux, j'y fais pousser mes réflexions, mes craintes. Je décharge ce qui me touche (même si c'est derrière l'humour, y a un peu comme une sorte de thérapie derrière tout ça). Et j'ai envie de garder une trace de ce que je peux ressentir en ce moment. Alors j'ai changé d'avis. Et je laisse mon texte ici... Parce que peut être qu'un jour ça me fera du bien de le relire. Parce que peut être qu'un jour j'aurais besoin de le relire. Voilà, vous savez-tout. (Disclaimer : aucune once d'humour dans ce texte. J'y sors juste mes tripes (et encore je me retiens ^^) Donc si vous êtes un peu triste, chafouin, et que vous cherchez à vous marrer... Passez à l'article suivant. Promis il va être croustillant (Bon il n'est pas encore écrit mais je sais que le sujet sera plus drôle.)

"Salut monde de l'internet. 

Je ne publie pas beaucoup en ce moment mais je suis toujours en vie ! Alors pourquoi cette absence ?
On pourrait croire que c'est les grandes vacances et donc par conséquent que je m'éclate sur une plage à Bali ! On pourrait...

La vérité c'est qu'en ce moment je suis dans une passe compliquée niveau douleurs et donc que mon humour et ma bonne humeur en sont légèrement (bon ok carrément ) ternis !

On est dans un monde où l'apparence joue beaucoup. Il faut montrer qu'on est heureux, bien dans son corps, que la vie-c'est-trop-génial et même plus encore ! Poster les plus jolies photos sur les réseaux (qu'elles soient retouchées ? Mais on s'en fout ma chériiiiiie, l'important c'est que tu montres combien ta vie est cool !) Etre positif, encore et toujours. (Nan mais je suis forte hein ! Moi la maladie je la combat toujours ! Je suis plus forte qu'elle blablabla. Comme ça on récolte les honneurs des inconnus : elle est courageuse, elle est forte, elle est positive wouhhhaaaaouuuu)

Sauf qu'en ce moment mon sujet de prédilection à moi c'est l'euthanasie, abréger ses douleurs et le droit de mourir dignement.
Du coup, ça fait un peu tâche non ? Surtout en cette période estivale. (C'est vrai c'est plus sympa de liker des photos insta de petit dej healthy avec plein de fruits trop beaux et des graines (plein plein de graines), le tout bien présenté dans une jolie vaisselle, du petit corps parfaitement musclé et bronzé de cette nana sur la plage, ou de ce mignon chaton trop "cuuuuute").

Je suis pas dans le mood.

Alors parfois je me prends au jeu. Je publie une photo canon pour avoir l'illusion d'avoir une vie normale.
Ma vie en ce moment ? C'est payer deux semaines de vacances sur les routes. (Pas de saut en parachute, pas de voyage à l'autre bout du monde... et pourtant mon corps à l'impression d'avoir grimpé l'Everest (enfin je suppose que c'est ce qui ressent car je dois avouer que j'ai jamais fait...))

Du coup je suis chafouin.

Pour aller au delà des apparences, je vous propose un vis ma vie dans mon corps actuel.

Chaque articulations de mon corps me fait souffrir. Un savant mélange de courbatures, de brûlures, de décharges électriques, de serrements, de blocages. Savant mélange que seul mon corps sait exercer en toute détente.
La sensation de devoir forcer pour chaque mouvement. Que plus rien n'est naturel.
Douleurs articulaires, douleurs costales, essoufflement, jambes qui ne me portent pas (c'est chouette de tomber comme si j'apprenais à marcher... Cumulé au manque de force j'ai l'impression d'avoir 1 an et demi...). Douleurs digestives, nausées, vomissements, migraines.

Voilà. Ma vie en ce moment c'est ça. (c'est pas super instagrammable du coup, on est bien d'accord).
Parce qu'en ce moment je passe plus de temps à pleurer et à supplier que quelqu'un mette fin à ce calvaire.
Parce qu'en ce moment aussi soient gentils les gens qui m'entourent, très égoïstement j'aimerais ne plus rien ressentir.
Parce qu'en ce moment le seul truc qui me fait tenir c'est de ne pas faire de peine aux proches que j'aime.
Parce qu'en ce moment je ne supporte plus qu'on me dise "courage", "ça va passer"... Parce qu'en vrai ça ne passe jamais vraiment. Je souffre tous les jours. Parfois de manière plus supportable mais je ne sais plus ce que signifie un corps qui n'a pas mal. J'ai toujours mal. Et ce depuis des années.
Depuis des années je donne le change. Je souris (ultrabrite !), je rigole, je prends de la distance, je rassure, je me bats. (Pour de vrai et parfois dans l'indifférence générale).
Ca ne se voit pas, ça parait presque naturel. Parce que je suis super forte pour faire semblant. (J'ai fait théâtre en plus alors bon... La preuve hein !)

 Mais tout ça, ça demande une énergie considérable (c'est pas très bon pour la planète je pense...).
Parce que sourire quand on souffre, donner le change, faire comme si tout allait bien (Arrête de faire la tête un peu ! Tu as l'air en forme en ce moment) aller marcher, aller à une soirée (parce que quand même ça fait déjà 2 fois que tu annules et qu'il faut garder un semblant de vie sociale), préparer à manger, faire les courses et le ménage (parce que quand même t'as 28 ans et que t'as pas l'air si handicapée que ça, et que quand même passer un coup d'aspirateur dans 50 m2 ça n'a jamais tué personne !), tout ça, ça épuise. Mais quand on va bien, on le sait pas.
Parce que couper sa viande pour le commun des mortels ça fait pas mal, et qu'on peut difficilement se mettre à chialer parce que à TOI ça te fait mal.
Parce que monter ces petits escaliers là, tu peux le faire quand même, tu marches non ?
Et que tu refuses pas... Parce que tu n'as pas envie d'entrer de longues explications et passer pour une feignasse. Alors les escaliers tu les avales, comme si de rien... Aucun signe de douleurs ne paraitra... L'honneur est sauf !

Sauf ?
Sauf qu'en ce moment, mon petit moi sature. Je n'ai plus la force de faire semblant. Parce que tout mon esprit est occupé à lutter contre la douleur qui me dévore. Parce que j ai peur de l' avenir. Peur de ne pas avoir de vie professionnelle, d'être dépendante financièrement.  Peur de ne pas réaliser mes projets. Peur d'être inutile socialement. Peur d'être un poids.  Peur de souffrir encore et encore. Parce que je rêve de boire un verre sans vomir. Parce que je rêve de faire un repas comme avant. Sans sopalin, sans vomissements, sans douleur.  Parce que j'ai envie de rentrer dans n'importe quelle boulangerie et de manger ce qui me fait envie.
Alors les vannes sont ouvertes. Je me renferme. Je ne donne plus de nouvelles. Je fais des blagues bidons (histoire de paraitre encore un peu normale). J'évite la question "ça va ?" comme la peste (imaginez qu'on tombe sur quelqu'un qui voudrait vraiment savoir comment ça va ! )

Voilà ma vie en ce moment c'est ça. Alors non, ça ne va pas. Mais je suis toujours là parce que...
Parce que je suis tiraillée entre ne pas faire souffrir mes proches et ne plus souffrir moi. Parce que je ne veux pas être égoïste et ne penser qu'à moi.
Alors je tiens avec l'amour de mon homme, qui me dope, qui m'entoure, qui est présent et ne me lâche pas. Je tiens en pensant à ma famille. J'essaye.

Bref, je ne publie pas beaucoup en ce moment mais je suis toujours en vie !

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