lundi 4 août 2025

Serment d'hypocrites

 


 

 5 ans d'absence, de silence. 

Je pourrais dire que j'avais perdu mes identifiants de connexion ou qu'écrire ne me soulageait plus mais ça serait mentir. (Et le mensonge c'est mal !) 

La vérité c'est que j'ai laissé le temps s'installer et que je ne savais plus comment réinvestir cet espace. (Piou ça fait du bien de dire la vérité, ça soulage ! Vous avez déjà essayé vous ?)  

J'ai eu peur de ne plus savoir écrire, de ne plus avoir le même humour, le même tranchant. (Ma marque de fabrique, ne dites pas le contraire, c'est pour ça que vous reveniez à chaque fois !) 

J'avais peur d'être redondante, de ne plus savoir exprimer mes sentiments, mes peurs, mes joies, mes peines...

La vérité, c'est que l'écriture a toujours été pour moi un refuge et que, pendant 5 ans, j'ai souvent pensé à ce blog mais que ma flamme était éteinte.  Je n'avais plus l'envie  (Comme dirait notre "feu" Jojo : "Qui font l’envie de vivre et le désir  ! Et le plaisir aussi") 

Dans ma tête, les choses se mélangent. J'ai le sentiment de ne plus pouvoir faire rire avec le tragique. Je vieillis, et plus les années passent, plus ma patience s'étiole et moins je parviens à ajouter cette pincée d'humour noir dans ce qui me détruis au quotidien.  (Maîté aussi ne savait plus comment pimenter ses recettes et elle a tout lâché !) 

Pourtant, aujourd'hui, alors que tout le monde a sûrement oublié Clochette et Briochette, j'ai besoin de laisser une trace sur mon vécu. J'ai besoin de partager la bêtise humaine, la maltraitance médicale. Parce que si ce blog est une forme de thérapie, il est d'abord né pour dénoncer, pour rallier, pour rassurer. 

Je ne vais pas faire l'affront de raconter mes 5 ans d'absence, il y a eu des hauts, des bas... des très très bas.  (Assez peu de très très hauts, on ne va pas se mentir hein ^^) Il y a eu de nombreuses hospitalisations, des rebondissements, des larmes, de l'injustice.(Oui ok, quelques sourires et rires aussi mais bon je vais pas vous pondre un article après 5 ans sur "Le merveilleux monde de Clochette")

Je n'ai plus envie de revenir sur tous les évènements passés car même si j'aime écrire avec recul, ils sont aujourd'hui trop à distance, et j'ai peur de les déformer. Donc pour vous éviter un article de reprise trèèèès long et trèèèès chiant (hop hop hop, on garde les bonnes habitudes, point de gros mots ! A l'époque je prenais soin d'écrire sans grossièreté car mes grands-parents me lisaient, aujourd'hui, ils ont rejoint Jojo (L'envie de vivre n'a pas suffit ... (quoi ? je réintègre l'humour noir petit à petit les gars !)

Pour résumer depuis 2020 : en couple (depuis 6 ans), adoption d'un être vivant à quatre pattes le plus fabuleux qui soit et pour qui je peux donner ma vie sans hésiter (et je ne parle pas d'un bébé Tchernobyl) reprise d'un nouveau travail suite à un licenciement pour inaptitude, des décès (pas le mien du coup, vous êtes terriblement perspicaces), des maladies, arrêt de la nutrition parentérale et reprise de l'entérale avec de multiples rebondissements... Mais surtout une confrontation à la médiocrité et maltraitance médicale toujours égale à elle-même ! (voilà, on y est au pourquoi de la reprise de ce blog !) 

 Je sors tout juste de 5 semaines d'hospitalisation (voilà, on y est BIS !

Sortez vos plaids, tasse de thé et installez vous confortablement, Père castor va vous compter son histoire. (Chuuuut, ça commence)  : 

Dans votre tête il faut chantonner : tadadada, tadadadaaa, tadadadadaaaaaaaaa  

 Vous avez vu, la production ne recule devant rien hein ?  Quoi ? Vous aviez pas le bon air ? 

Et là ? C'est mieux ? (Je veux bien faire un effort parce que vous avez perdu l'habitude en 5 ans de faire jouer votre imagination, mais je vous préviens, ça ne sera pas systématique ! Non mais oh !)

Cliques sur la vidéo (avec le son allumé, sinon ça sert à rien, autant fredonner tadadada, tadadadaaa, tadadadadaaaaaaaaa ) 

Bon... On peut reprendre ? ... Merci ! 

Voici l'histoire du "Serment d'hypocrites" (ça en jette comme titre non ?)

Il était une fois, dans une ville lointaine et en pleine canicule, Clochette, une jeune fille ( Quoi ? ça va, j'ai pas 40 ans encore, j'ai le droit hein ! Puis arrêtez de m'interrompre, sinon je raconte plus mon histoire, ça va être vite vu !) qui était en proie à de violentes douleurs digestives. 

Cette jeune (j'ai compris, c'est bon) fille, nourrie via un tuyau magique depuis des années, ne parvenait plus à s'alimenter tant la douleur était prégnante. 

Lasse, elle décida d'interpeller les mages guérisseurs pour lui venir en aide. Les jours passaient, les nuits s'écoulaient, pourtant aucune potion magique ne lui était proposée pour soulager sa peine. (On s'y croirait hein ?) 

La canicule frappait et Clochette n'avait plus aucun moyen de s'hydrater ou de se sustenter. Alors, de jours en jours, elle disparaissait. Comme l'aurait constaté Rabelais, il n'y avait alors bientôt plus rien à sucer de sa substantifique moelle, tant elle maigrissait. (PSSST, vous voulez un mouchoir ?)

Après moult échanges, une place lui sera proposée dans l'hospice le plus proche. 

Clochette connaissant parfaitement sa pathologie et son tuyau magique (QUI LUI SERT A SE NOURRIR on a dit ! ça va maintenant les idées déplacées ! ), essaya de soumettre des idées aux  mages Guérisseurs : pourquoi ne pas essayer de faire disparaitre le tuyau et d'en faire réapparaitre un pour que la magie opère ? 

Mais ces derniers restèrent fermés à toutes propositions. Ils SAVAIENT ! Les grands sachants, les grands savants ce sont EUX ! Ils se consultèrent entre mages guérisseurs des cités voisines de Lutèce à Nantios mais aucun d'entre eux, n'avaient la formule appropriée. 

Une nouvelle fois, les jours s'écoulent sans que rien ne se passe pour essayer d'arranger les difficultés liées au tuyau magique. 

Ne supportant pas de voir leur égo remis en question, les mages guérisseurs s'énervent, s'agacent et reportent leur frustration sur la patiente (Et qu'elle porte bien son nom ! La patience, elle devait l'avoir à toute épreuve). 

Chaque matin, un grand mage guérisseur pénétrait dans la chambre de Clochette et lançait de grandes formules magiques, inaudibles pour les moldus. 

Afin de satisfaire votre curiosité, voici quelques extraits de ces instants magiques (en bleu), attention aucun ne sera déformés, ils peuvent ainsi heurter votre sensibilité de moldus. Une traduction sera proposée afin d'offrir compréhension au plus grand nombre. Nous nous permettons pour ce passage de l'histoire, de nous éloigner du champ lexical jusqu'alors utilisé pour revenir à un vocabulaire du XXIe siècle. 

1) Formule magique prononcée de grand mage guérisseur à mage en apprentissage  (comprendre d'un chef réa à une interne) :  

 " Ta sat' est dégueu, fais gaffe avec la kéta, la patiente peut te claquer dans les doigts n'importe quel moment, bim arrêt !" 

Traduction : Ta patiente peut mourir d'un instant à l'autre lors de l'utilisation de la Kétamine, il faut faire attention à tes paramètres vitaux. 

Contexte : Prendre soin de toujours prononcer cette formule, pendant que votre patiente est en train d'attendre une pose de voie centrale, la tête sous un champ stérile. Petit plus : Ne pas tenir compte que la patiente est humaine mais surtout CONSCIENTE. Puis rire devant l'interne gênée et disant : "Ben quoi, c'est une vérité, si ça arrive Madame ne vous inquiétez pas, on a de quoi vous réanimer !) 

2)  Formules magiques prononcées de grand mage guérisseur à moldu (comprendre des médecins du service à Clochette) : 

"Nous ne sommes pas certains que la sonde soit bien placée dans l'intestin, sur la radio, elle semble effectivement dans l'estomac, mais comme nous ne sommes pas sûrs, si vous vomissez, au moins on saura !"  

Traduction : Nous ne sommes pas en capacité d'avoir une bonne lecture de la radiographie mais nous avons un égo tellement puissant, que plutôt que de douter de nous, nous préférons prendre le risque d'utiliser la patiente comme cobaye pour voir ce qu'il en est. 

Contexte : Le tuyau magique (pardon, une sonde naso jéjunale (en gros qui va du nez jusque dans l'intestin) avait été placé sous endoscopie (en gros avec une caméra enfoncée du nez jusque dans l'intestin, le tout sans anesthésie bien sûr), mais finalement était remontée dans l'estomac (ou jamais descendue dans l'intestin ... on ne saura jamais). 

Variante possible : "Vous ne risquez rien, la sonde n'est pas dans les poumons, au pire, vous vomissez, c'est rien !"  

 Traduction : Nous grands mages, ne tenons tellement pas compte de votre bien être et éventuelle souffrance, et ne sommes tellement pas à votre place, que nous ne voyons pas en quoi vomir serait une difficulté ou dérangeant. (Ben oui, nous n'aurons pas besoin de vous réanimer, vous ne pouvez pas en mourir, de quoi tu te plains la moldu ? " Confer : Vérification de la saturation en cas d'introduction de la Kétamine pour éviter décès du patient. (Le décès en soit n'étant pas une grosse problématique humaine mais surtout administrative : c'est embêtant toute cette paperasserie à remplir sous prétexte qu'on a raté son tour de magie !)

"La sonde était bien dans le jéjunum, c'est VOUS qui ne tolérez pas l'alimentation si vous l'avez vomi !"  ou variante "Vous êtes sûre que vous avez vomi la sonde ? Vous n'avez pas tirée dessus plutôt ?" 

Traduction :  Le tuyau magique se trouvait forcément à la bonne place dans l'intestin, impossible que le GRAND CORPS MEDICAL ait pu se tromper ! Rejetons la faute sur la patient ! (Alors que de toute évidence, la magie, ça marche pas toujours et que toutes les preuves étaient là). 

Contexte : Nous parlons toujours de la même sonde qui n'a JAMAIS été dans l'intestin mais TOUJOURS dans l'estomac, radio le prouvant à l'appui.

" Vous anticipez la douleur, c'est impossible d'avoir mal avec si peu" 

Traduction :  GNAGNAGNA, c'est même pas vrai, t'as pas mal ! Tu fais semblant d'abord ! 

Contexte : Les mages guérisseurs ont voulu utiliser le tuyau magique déféctueux alors que ce dernier présentait tous les signes d'une fin de vie : écoulements, indurations, inflammation. 

" Vous êtes sûre que vous ne cherchez pas à contrôler votre poids ou à en perdre ?" 

Traduction : Les grands mages n'ont tellement pas envie de reconnaitre que de devenir Druide respecté et respectable n'est pas donné à tout le monde, qu'ils préfèrent rejeter (une nouvelle fois) la faute sur leur moldu. (Elle est bien brave, mais bon..) 

 Contexte : Alors que tous les examens prouvant des pathologies aux noms barbares tels que "Syndrome d'Ehlers Danlos ou Pseudo occlusion intestinale chronique" avaient été transmis. 

 Mais un jour, les foudres divines éclatèrent.  (Imaginez des gros éclairs, avec des bruits de foudre assourdissants : prrrrrrrr pshhhhhhhhh pppppoooouuuuuuuuuuuurrrrr, vous l'avez ? C'est pas facile d'écrire le bruit de foudre assourdissant, au pire imaginez votre ventre qui gronde devant une pub Mc Do quand il a faim  ! Si vous n'aimez pas Mc Do, choisissez ce que vous voulez qui vous plait )  


 Les mages guérisseurs craignant les dieux décidèrent de lâcher prise et d'accepter ce qui était demandé depuis le départ par Clochette : tenter de retirer le tuyau plus très magique pour en remettre un nouveau bien magique. 

Après 3 semaines, après des essais infructueux et inutiles, voilà le moment tant attendu mais qui semblait si difficile à réaliser.  Clochette devant ce refus imaginait la difficulté de l'acte demandé. Peut être qu'en plus de mages guérisseurs, il fallut une organisation complexe ou laborieuse. Peut être s'agissait-il d'un tour de magie rare et dangereuse ? Une plante rare introuvable pour les druides inexpérimentés ? 

QUE NENNI ! 

2 jeunes mages en apprentissage (soit une interne et une externe) débarquèrent dans la chambre de Clochette. En 2 ou 3 mouvements (soit moins de 5 minutes), elles changèrent le tuyau magique. Le tout dans le lit de Clochette, fenêtres ouvertes, sans asepsie particulière attendue, sans anesthésie. 

QUELLE NE FUT PAS LA SURPRISE DE NOTRE HÉROÏNE MOLDU !  

Tout ce pataquès, pour un geste aussi... Simple ? Se réunir entre mages guérisseurs de Lutèce à Nantios pour... ça ???  

 Bref, Clochette repris petit à petit des forces même si elle n'était pas encore arrivée au bout de toutes ces galères (pas le bateau hein ! Faut suivre sinon on ne va pas s'en sortir !)  

 Suite au prochain épisode ...  

 

 

  

 

 




 

 

 


 

 

 

 

 

  

 

 

 

mercredi 8 juillet 2020

Un plan à 3 ? Toi, moi et le bonheur !



J'avais promis une suite des péripéties médicales (et ça arrive c'est promis)... mais pas aujourd'hui. 

Aujourd'hui c'est un petit billet d'humeur, un de ceux que j'aime écrire quand ma tête est trop pleine et mon cœur trop lourd... C'est le petit billet pas vraiment drôle (voir pas drôle du tout), le petit billet perso où je pose des mots sur les maux du quotidien, le petit billet qui fait parfois écho à vos histoires, à votre vie, le petit billet qui montre que l'on n'est pas seul et que l'on vit (parfois) les mêmes étapes... 

Aujourd'hui j'ai envie d'aborder un sujet sensible : la maladie et le couple. (Gros morceau hein !)

Il n'y a pas de vérités, pas de conseils, pas de "ça devrait être comme ci, pourquoi tu n'as pas fait comme ça", pas de règles absolues (pas de règles tout court d'ailleurs). 

 On a nos pensées, qui évoluent avec notre vécu. 

J'ai eu une vision du couple et de l'amour pendant 12 ans... J'en ai une toute autre aujourd'hui. L'ingrédient magique et révélateur de cette transformation (attention gros scoop ) : la RUPTURE. (Vous n'avez pas besoin d'être malade pour comprendre ça, même sans contrainte de santé, en général la rupture ça vous change un être). 

Je suis tombée amoureuse à 16 ans.  A l'époque j'étais déjà malade, mais loiiiiiin d'imaginer ce qui m'arriverait plus tard. Ça se résumait à des douleurs, des rendez-vous médicaux par ci par là, des attelles... Bref, rien de super flippant ! (même si contraignant)
A 18 ans, je découvre la vie commune. Globalement pas de soucis majeurs jusqu'à l'apparition du fauteuil roulant. On ne va pas se le cacher, ça nous a mis un coup (qui aurait pu signer la fin de l'histoire). Finalement, après quelques frayeurs, l'obstacle est dépassé... 
Nous étions un couple plutôt serein, avec une bonne entente, peu de conflits... bref peu d'inquiétudes quant à l'avenir.
En 2015, l'entrée de la nutrition dans notre quotidien.  Pour sa part, un investissement assez rapide et une demande de se former pour pouvoir me seconder. Les moments d"hospitalisation sont les plus durs, pour lui depuis nos débuts : une peur de l'hôpital, des perfusions (c'est ballot) et pour moi cette culpabilité tenace d'imposer une vie "anormale" à mes proches. 

La culpabilité... 

Coupable de ne pas pouvoir faire comme tout le monde, 
Coupable d'être parfois diminuée,
Coupable de souffrir, 
Coupable de pleurer,
Coupable d'avoir tellement mal que le mental ne suit plus, 
Coupable d'être fatiguée, 
Coupable de ne pas pouvoir aller au restaurant, 
Coupable de ne pas pouvoir travailler...
Coupable d'être de mauvaise humeur, 
Coupable du manque de patience parce que la douleur m'use,
Coupable d'imposer tout ça à des gens qui pourraient ne pas subir...

Je porte mes craintes et mes angoisses. 
Je veux être forte et souriante avec le monde... Mon seul espace de relâche c'est chez moi, dans ma bulle, avec mes plus proches. 
Je craque, je craque de ne pas pouvoir mener la vie que je souhaite, de ne pas réussir comme je le voudrais. Je craque d'essayer de tout donner et d'être sans cesse freiner par un corps qui ne me suit pas. Je craque de cette souffrance quotidienne qui me ronge. Je craque de ce caractère que je prends quand rien ne va. 

Lui, est là. Il prend tout dans la face et me soutient. Il me réconforte et ne dit rien. En apparence, tout va bien. On s'aime, il fait face, je fais face, notre couple est une force. 
Je doute de moi, mais jamais de lui. Il est un pilier, il ne cédera pas. 
Il est là, il a toujours été là, il sera toujours là.

Et puis un jour, sans prévenir, tout éclate.

Cette phrase : "J'ai peur de t'en vouloir un jour, je ne supporte plus la maladie". 

 Tout vacille, tout s'écroule. Rien n'est immuable. Rien n'est sûr. 
Le pilier s'est effrité et je ne l'ai pas vu.

Au delà de la perte d'un être que l'on aime, c'est toute une remise en question qui émerge. 

Avant j'étais persuadée que l'amour d'une vie existait. Avant, je pensais que la maladie ne séparait pas les couples, que "si on aime, on surpasse tout". Avant, je pensais que mon caractère, mon humour, suffisait à être aimée et suffisait à ce qu'on reste avec moi. Avant, je pensais qu'on pouvait tout dire à ses proches, et qu'il n'y avait aucun tabou. 

Aujourd'hui je pense que tout ça, c'est faux : on ne peut pas tout dire. Il y a des choses qu'il vaut mieux taire et garder pour soi (ou les confier à des personnes tiers).

 L'amour ne suffit pas à tout dépasser. Ça aide, oui mais ça ne fait pas tout.  

J'ai changé. Je ne suis pas quelqu'un qui me plaint beaucoup (enfin je ne crois pas). Les douleurs sont quotidiennes, mais je ne le dis plus. Lorsque je dis que ça ne va pas, c'est que ça ne va vraiment plus. 
Aujourd'hui, j'ai appris que rien n'est acquis et que tout peut s'écrouler... mais que l'on peut reconstruire autrement. Ça prend du temps, ça blesse, ça chamboule, mais tout peut être transformé. 

Après de longues relations (ou même des relations courtes mais intenses), j'entends souvent dire : "c'est fini, je ne pourrais plus jamais aimer personne". (J'ai été la première à me le dire, avec sa variante "personne ne m'aimera jamais" )

C'est faux. 

Vous aimerez peut être différemment (et parfois ce n'est pas plus mal...) mais on aime toujours de nouveau. Le coeur se répare, il garde des faiblesses mais ce sont ces faiblesses qui permettent de ne pas refaire les mêmes erreurs. 

La maladie est un obstacle supplémentaire, une fragilité, la goutte d'eau... Dans une séparation il n'y a pas de coupables... Juste deux personnes qui ne fonctionnent plus ensemble mais il y a toujours un après. 
1 an et demi après, je n'ai pas encore toutes les clés pour comprendre ce qui s'est passé. C'est passé et c'est tout. Je ne saurais jamais si la maladie était réellement la cause profonde, ou si elle n'a été qu'un déclencheur. Et dans le fond, qu'est-ce que ça change ? 
Si c'était à refaire, je sais ce que j'essayerais de transformer et c'est là l'essentiel. 

Ces transformations, je les projette dans ma nouvelle vie, dans mon nouveau couple, parce que oui, aujourd'hui, je suis de nouveau en couple. Bien sûr, au fond de moi j'ai peur. On ne se prend pas un camion en pleine face, sans séquelles. Bien sûr je me protège beaucoup plus, et j'ai installé des barrières qui n'existaient pas avant. Les premières hospitalisations ont été un calvaire mentalement. J'avais peur de l'abandon, peur d'être trop malade, peur qu'il ne supporte pas :  j'ai ravalé tout ça.
La culpabilité est encore là, on ne peut pas vaincre tous ses démons. Mais je deal avec moi-même en me serinant que la peur n'évite pas le danger. 
Si un jour on doit se séparer à cause de ça, alors je gérerais le moment venu mais je ne veux pas détruire mon couple à cause de mes craintes. (Ca arrive plus vite qu'on ne le pense...) 

Alors je profite de chaque jour, chaque moment. Je construits petit à petit, je m'engage pas à pas. Je clive mes pensées, j'essaye de ne pas tout mélanger. 
On apprend à se connaitre, on découvre nos faiblesses, nos limites, nos soutiens, nos points forts. 
On apprend à construire des fondations solides et plutôt qu'un pilier, on construira une arche, à deux.
On apprend à faire couple... 
Tout simplement. 












mercredi 3 juin 2020

Bachi-bouzouk, zouave interplanétaire... Partie 1

 


Je suis encore vivante ! (Bon si vous me lisez c'est que j'ai écrit et donc vous vous en doutiez mais il me semblait important de le préciser étant donné que j'avais disparu depuis... piou... je ne le sais même plus).

Alors : pas de nouvelles bonnes nouvelles ? Eh bien... pas tout à fait. (Au final je la joue teasing et drama mais y en n'a pas eu vraiment  (enfin ça a failli) : la preuve j'écris encore). 

Que s'est-il passé ? 

Ai-je été touché par le covid ? Nop (en tous cas le test dit que non)
Ai-je vécu le confinement comme une torture ? Nop (c'était même plutôt cool de voir le monde entier obligé de vivre sur le même rythme que moi parfois, sans pression sociale pour sortir de son lit et faire quelque chose)
Un astéroïde s'est-il explosé sur mon appartement ? Nop et nop (vous auriez été au courant... quoique avec l’ellipse des actualités liée à ce satané corona ... (le virus, pas la bière... Oh ça va ! Tout le monde la fait cette blague, j'ai le droit aussi hein)   

Non je suis restée classique et j'ai vécu... des péripéties médicales ! Plein, plein, plein. Des que "c'est pas de chance", des que "c'est des boulettes", des que "c'est de la mauvaise foi", des que "c'est le personnel qui est buté"... Bref pleiiiin d'aventures merveilleuses. (Bon là clairement, je conseille encore une fois pop corn et hydratation (ou poche) parce que ça va être long, très long, troooop long). 

Décembre 2019 (on l'avait presque oublié celui-là) : J'ai décidé d'acheter une voiture ! (Nan je déraille pas, je pose le contexte. C'est complètement différent !) 
 
Je me lève de bonne humeur, (oui, ça m'arrive parfois, mais faut savoir saisir l'instant). C'est le jour J, on va l'essayer. Petite occasion déjà toute aménagée comme il faut avec boule au volant à droite et accélérateur à gauche : bref une petite perle quasiment impossible à trouver. 

Mes supers parents trop géniaux (ils lisent le blog faut bien être gentille un peu), viennent me chercher pour m'emmener rejoindre le bolide.

(Je sais que ça va vous tracasser et vous parasiter alors voilà, elle ressemble à ça :



En tous cas la couleur est similaire... Bon c'est pas une Renault... et elle n'a pas cette forme là...elle est plus haute ... et puis moins longue... Les phares sont plus gros et puis j'ai des essuies glace et des rétros... Les sièges ne sont pas rouges... et puis elle était pas dans le désert.... Mais à quelques détails près... on est là dessus quoi !) 

Avant de partir, je sens poindre la migraine. Pas de chance, voilà 3 ans que je n'ai pas conduit alors elle n'est pas la bienvenue pour la concentration. Je me résous donc à prendre un médicament pour y couper court. (Ce médicament je ne l'avais pris qu'une seule fois dans ma vie auparavant... Je suis joueuse, je vous l'accorde). 
Entre excitation (c'est quand qu'on arrive ? Elle va être jolie ? Je vais enfin avoir MA voiture !) et panique (vais-je savoir encore conduire ? Et si j'arrive pas à la démarrer ? Comment on règle les rétros déjà ? Le cadenas sur la clé c'est pour ouvrir ou fermer ? "R" c'est pour marche arrière ? Si j'écrase quelqu'un il vaut mieux avancer ou reculer pour ne pas en mettre partout?)... BREEEF moi et mes questions de base (que tout un chacun se serait légitimement posées, ne me mentez pas !) , nous dirigeons tranquillement vers le lieu du crime de la découverte !

Pendant le trajet aller (sinon c'est pas drôle), je commence à me sentir mal. Un malaise difficilement définissable. J'ai froid, je tremble, je sens mon corps mal à l'intérieur.

Maman Clôchette qui connait son petit oisillon par coeur me dit : "On ne t'entend plus? (genre je suis bavarde quoi ! Non mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre), ça ne va pas ?" 
J'ai du répondre quelque chose comme : "je sais pas j'ai froid, je suis pas très bien". 
- Ne stresses pas,(Genre je stresse quoi, non mais qu'est-ce qu'il faut pas entendre), ça va aller. Tu sais conduire. Tu sais le faire, on t'a donné le permis (alors ça...Si ça se vérifiait dans la vraie vie hein, ça se saurait. Et puis on me l'a même pas donné le permis, je l'ai payé.. L'équivalent d'un rein, d'un foie et d'un poumon et demi). C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Et puis tu seras avec une monitrice d'auto-école, elle va t'aider." (Oui, alors pour la petite histoire, cette voiture je l'ai racheté à une auto-école donc effectivement elle était bien placée avec son double pédalier encore présent, elle saurait me dire si je dois reculer ou avancer sur la personne située entre mes roues et l'asphalte.) 

Nous arrivons. Je sors de la voiture de mes parents en tremblant comme une feuille. 

Je m'installe au volant. Je tremble... beaucoup... trop. Même avec tous les efforts du monde, j'ai l'impression d'être comme ça :


 J'allume le contact, on est partit. La propriétaire (qui je le rappelle est monitrice) me demande si je suis stressée. 
Effectivement, je le suis un peu... mais clairement je me sens tellement mal que je crois que je ne le suis plus. (C'est clair pour vous ? Car même moi je me suis perdue dans cette phrase). 

On tourne un peu dans la ville, je reprends mes marques, elle essaye de discuter avec moi (pour me détendre je le vois bien). J'essaye de répondre comme je peux. Je n'ai écrasé ni chat, ni être humain (ni même escargot je crois). 
 
Je sors du véhicule et ... nausées. 

Je termine la tête dans les toilettes de l'auto-école (ce médicament que je n'avais pris qu'une seule fois serait-il l'odieux responsable de cette situation ?) 
En sortant, je tremble toujours, j'ai froid. Un froid intérieur que 10 couches de vêtements superposés ne pourrait pas calmer. On me dit "c'est le stress qui redescend ça, ça va passer !"
Mes parents gèrent la conversation avec la vendeuse. (Tant mieux car personnellement je ne suis plus là...).  

Trajet du retour : je tremble toujours autant, je me sens vidée. (Mais la bonne nouvelle c'est que je vais avoir une voiture)

Arrivée chez moi, mon instinct me pousse à prendre ma température. (Bon ben j'avais rien hein, c'était juste le stress... Naaaan je déconne : 40°C) 

J'appelle la HAD pour les prévenir. Je ne tousse pas, je n'ai pas mal à la gorge, pas de vomissements particuliers. Je ne suis pas branchée et surtout cela faisait 3 jours (4? 5 ?) que je ne m'étais pas branchée (ouuuuh c'est pas bien !), donc je ne vois pas ce que ça peut être. 
Ils me disent passer dans l'après-midi pour faire des hémocultures (c'est le truc pour voir si il y a des bêbêtes sur la voie centrale et dans le sang) et des prises de sang. Entre temps ils vont demander à SOS médecins de passer. 

Le médecin vient, je lui explique la situation : j'allais bien et puis plus bien d'un coup. Test urinaire : RAS. Toux : RAS. Poumon (enfin la moitié qui me reste suite à l'achat du permis) : RAS Fièvre : Présente ! 

Il me regarde, je le regarde, il me regarde et me dit "Ouech ça pue la septicémie !"

Bon ok, il l'a pas dit comme ça mais... 

Moi je rigole (enfin autant que je le puisse le faire dans ma condition) et lui dit très très naïvement "ben non je ne suis pas branchée, ce n'est pas possible !"

Bon il n'a pas eu l'air d'accord avec moi sur l'analyse. (Je m'incline, il a fait 10 ans d'études dans le domaine). Je me suis donc retrouvée fissa dans une ambulance direction les urgences. 

Hémocultures, prises de sang... attente... 

Radio des poumons... attente...attente...Encore....c'est pas un peu long là les gars ? Parce que ma radio je l'ai fini y a facile une heure en fait... Puis là je suis dans un recoin, et y a personne qui passe et... J'ai envie de faire pipi... Y a quelqu'un ? On peut rallumer la lumière ? J'ai vraiment envie de faire pipi... OUhouuuuuu. Allez ! C'est plus drôle là !

Bon en fait, on m'a oublié dans les couloirs à la sortie de la radio. Pour de vrai. Sans sonnette à proximité, avec mes 39-40 de fièvre... Voilà voilà. Et visiblement ça n'inquiétait personne. 

Une fois retournée dans la salle avec tous les gens qui attendent une chambre, j'ai recommencé à frissonner sévère. On m'a ignoré un bon moment. 
C'est la patiente qui était en face de moi qui a prévenu le personnel présent.(Je commençais à avoir peur d'être devenue invisible après le coup dans les couloirs)

Bon là elles ont été obligé de venir vers moi (et visiblement c'était pas facile) et elles m'ont dit d'une voix douce et apaisante "Nan mais faut vous calmer et arrêter de trembler là !"
Ha ben oui ! C'est vrai que je peux le contrôler, suis-je sotte ! C'est dommage de me déboiter les épaules et mes tuer toutes les articulations pour rien depuis tout à l'heure alors qu'avec la seule force de mon esprit je peux tout contrôler. 


Bref une fois la fièvre stabilisée, les frissons se sont calmés à leur tour.


Ensuite j'ai du dire 3 fois en 3 heures que j'avais envie de faire pipi... et personne n'a rien fait. Ma vessie est bien élevée et sait se retenir mais quand même...

Puis l'interne trop gentille est venue me voir pour me dire qu'on allait me garder. Comme maman clochette l'avait soumis j'ai tenté un : "mais c'est pas la grippe ?" 

La doc elle a dit que non, c'était bel et bien une infection et donc une septicémie. Elle m'a demandé si y avait autre chose ... J'ai dit que j'avais vraiment besoin d'aller aux toilettes depuis 4 bonnes heures. Elle l'a dit en passant... J'ai jamais pu y aller.

Direction le service de médecine interne. Le personnel est top ! Ils prennent le temps, explique... Bref tout va bien. 
Je vais y rester 3 semaines. On me dépose la voie centrale (un chirurgien vasculaire s'en charge, attention : cette information est importante pour la suite) , antibiothérapie, repose d'un PiccLine car en cette période il est trop compliqué d'organiser un bloc pour un cathéter tunnélisé. Mes veines sont toujours aussi difficile à gérer, elles lâchent, font des thromboses... mais les infirmières donnent tout ce qu'elles peuvent pour m'éviter la pose d'une voie jugulaire.



Je suis dans une chambre double et change régulièrement de coloc. 

Le service est animé avec quelques énergumènes dont une toute petite dame qui croit que le service est sa demeure et que les infirmières sont ses servantes. Elle entre dans toutes les chambres et restent avec les infirmières et aides-soignantes à longueur de journée. Elle ne dort pas et prend les affaires des autres en pensant qu'il s'agit des siennes. C'est ainsi que sans ma vigilance accrue (bon ok, j'étais juste pas endormie) elle aurait volé mes lunettes en pensant qu'il s'agissait des siennes... alors qu'elle en avait déjà 4 paires dans sa chambre. Elle déchirait des papiers importants, jetait le téléphone du service dans la poubelle et criait régulièrement quand on la disputait. 

Un jour elle est entrée dans la chambre alors que le médecin était présent. Il ne l'a pas vu entrer. Elle a commencé à glisser les mains sous les draps du lit dans lequel se trouvait ma voisine âgée qui ne parlait pas Français. Elle voulait qu'elle parte pour retourner dans "son" lit et a donc commencé à retirer son pantalon très naturellement. 

Le médecin prévenu de sa présence l'a raccompagné avec douceur dans sa chambre...20 minutes plus tard elle était déjà de retour. 

Une autre fois, môssieur briochette était là. Elle est entrée paniquée dans la chambre en disant qu'on la poursuivait. Elle s'est installée sur la chaise et ne voulait plus partir. Môssieur briochette a prétexté d'aller voir qui la poursuivait pour alerter les infirmières. Inquiète elle lui a demandé comment il se défendrait. Il a alors saisi le gel hydroalcoolique en disant qu'il s'en servirait (à cette époque le gel était encore sous-évalué dans sa capacité à défendre le monde, il était visionnaire). 
Parfois elle faisait le guet devant ma porte... 


J'ai ensuite eu ma suite royale personnelle (le privilège de l'ancienneté, 2 semaines de présence ça créér des liens). Douche privative dans la chambre, télévision, lit télécommandé ... bref nickel ! 

Le 24 décembre j'ai pu sortir. (On était limite limite les gars pour le rencard avec le père noël !)
Le piccline ne m'enchantait pas mais il me permettait des fêter cette fin d'année en famille. L'anesthésiste qui me l'avait posé était sûr de lui : "mes piccline ils durent super longtemps !" qu'il a dit... 


Alors moi je suis ressortie en me disant que c'était une solution temporaire. De toute façon le médecin du service me l'avait dit : début janvier vos médecins habituels vous convoquerons pour poser un broviac... 

En janvier j'appelle les médecins qui me suivent dans une autre ville pour demander si la programmation de la pose du broviac avance. Personne n'est au courant là bas (m'aurait-ont menti ?) 
Finalement on me dit que cet acte peut être réalisé dans l'hôpital de ma ville de résidence. Parfait ! ça m'arrange.

En parallèle je m’aperçois d’une petite boule à l’endroit où le broviac a été retiré.

Etrange !

(Je vous laisse sur du suspens car je crois que l'article est déjà suffisamment long...du coup la suite très bientôt !  Pour teaser un peu la suite se résume à peu près comme suit : )

Rien à ajouter : tout est dit ! (Faudra revenir hein parce qu'en vrai là, je plantais juste le décor ! La suite même les scénaristes d'urgences ils n'y ont pas pensé !)










mercredi 2 octobre 2019

Culpabilité




Un mois...
Un mois que mon corps est en crise.
Un mois que la douleur est prégnante et obsédante.
Un mois que je dors mal.
Un mois que je m'épuise à lutter.
Un mois que je rêve de reprendre ma vie comme j'ai envie de la vivre.
Si il n'y avait que la douleur... ça pourrait aller. Mais ce qu'on évoque rarement avec les maladies chroniques c'est cette putain de culpabilité que l'on porte.
Ce deal constant avec notre cerveau qui oscille entre : "t'as pas le choix de toute façon, repose toi ", "ouais mais bouge toi quand même, c'est ta vie ça, tu ne peux pas attendre que ça passe" !
L'énergie dépensée à lutter contre la douleur, l'énergie dépensée à faire bonne figure (car c'est chiant les gens qui se plaignent), l'énergie dépensée à essayer de nager dans le quotidien...
Parfois on a quelques bouées : une moitié, la famille, les amis...
Mais avec le temps on apprend que même les bouées ne sont pas increvables, et qu'il faut les préserver le plus possible des tempêtes si on veut pouvoir les garder sur le long terme. Des bouées que l'on aime plus que tout et à qui on fait du mal sans le vouloir. Des bouées qui se sentent si impuissantes alors qu'elles sont tout et nous permettent de tenir toujours. Des bouées qu'on souhaite rendre fières de nous et qu'on a l'impression de décevoir.
Alors on ravale les larmes, on continues de sourire, on dit que tout va bien, on dit que ça va passer... De toute façon, ça passe toujours non ?
La culpabilité, elle, s'immisce tranquillement, insidieusement, progressivement.
On devient coupable de ne pas pouvoir mener la même vie que les autres,
Coupable de ne pas être capable de faire ce qu'on avait dit qu'on ferait,
Coupable d'être en arrêt de travail alors qu'on doit assumer un travail,
Coupable de ne pas travailler (parce qu'à ton âge on peut travailler ! )
Coupable d'annuler un rendez-vous pour lequel on se réjouissait,
Coupable de pleurer de douleur devant les gens qu'on aime,
Coupable de baisser les bras alors qu'on attend tellement de nous,
Coupable d'être fatiguée,
Coupable de ne pas assumer une journée comme toutes les filles de mon âge,
Coupable de ne pas être cette fille toujours souriante et drôle,
Coupable de blesser parce que trop fatiguée pour dire les choses avec recul et tact,
Coupable de ne pas réussir à paraitre aussi forte que je voudrais l'être vraiment,
Coupable de ne pas être celle qu'on attend...
Coupable d'embarquer un entourage dans toute cette merde alors que personne n'a rien demandé... moi la première.
Aujourd'hui j'aimerais parvenir à arrêter de réfléchir. Vivre ce qu'il y a à vivre sans me soucier du lendemain, sans craindre de perdre les gens que j'aime, sans avoir la sensation de toujours devoir montrer le meilleur de moi-même, le moi non malade pour être aimée. Vivre la douleur sans projection, sans culpabilité. Vivre la douleur comme un état de fait.
Aujourd'hui je voudrais arrêter de me sentir égoïste parce que j'aspire à vivre la même vie que tout le monde : être en couple, travailler, rire, voyager... Arrêter de me sentir égoiste d'imposer cette vie à ceux qui croisent ma route. Arrêter de me sentir feignante de ne pas pouvoir avoir les mêmes journées que les gens de mon âge.
Parce que c'est parfois difficile de s'imaginer (et encore plus à vivre) que les journées de grosses crises il faut choisir entre se laver les cheveux ou passer un coup de balais. Difficile de ne pas pouvoir sortir comme on le voudrait, de ne pas réaliser ce qu'on s'était fixé...
Une des question que je déteste le plus est : "tu as fait quoi aujourd'hui ?" Parce que parfois je ne fais rien... Je survis et c'est déjà beaucoup. Parce que parfois me laver, m'habiller et préparer un repas consume le peu d'énergie à ma disposition. Parce que je suis frustrée de ne pas pouvoir travailler à temps plein, de savoir que mon rôle social est limité. Parfois quand on me demande de quoi tu rêves ? J'aimerais pouvoir répondre : me lever sans aucune douleur, sans aucune fatigue. Faire le ménage, ranger, travailler, faire un restaurant puis sortir au ciné... Le tout dans la même journée...Sans payer l'addition pendant des semaines...
Aujourd'hui, je voudrais juste que mon cerveau arrête de dealer constamment avec lui-même et qu'il accepte que le corps qu'il dirige fait de son mieux... mais que depuis un mois, lui aussi subit...

mercredi 25 septembre 2019

Il était une fois Cendrillon et le nez cassé : le suivi (partie 2)


Hey salut !

Alors oui je sais, le 20 mai j'ai promis une suite d'article dans la semaine...

Bon ben, je ne vais pouvoir le cacher à personne... nous sommes le 25 septembre. (J'ai honte !)

J'ai reçu des quolibets (le mot est un peu fort mais c'est joli)...Disons des rappels à l'ordre de type : "Oui Clochette t'avais dit une suite dans la semaine ! Elle est où la suite ? Qu'est-ce que tu fabriques ? Bouuuh qu'on la pende haut et court."(ok ça c'est peut être en plus mais bon je l'ai bien senti quand même hein que ça voulait dire ça !)

Pourquoi tant d'absence ? A cette question, je répondrai simplement : "la vie guys" ! (ça fait d'jeuns et badasse de dire ça comme ça t'as vu ? )

Péripéties médicales, travail, rencontres, nouveau Môssieur Clochette (info gossip (ouep même une cendrillon cassée peut retrouver un prince charmant... une histoire de soulier...un truc comme ça...), reconstruction (de ma vie et de mon nez ... du coup) , tout ça, tout ça...

Bref me revoilà !


Un petit rappel s'impose (si, si je me doute que vous aussi vous avez vécu des choses depuis mai, et que vous êtes sans doute plus au point sur la série Chernobyl, sur la sortie de Fifa 20 ou les accusations de harcèlement sexuel de Patriiiiiiick, que sur mon nez pété ! (et personne ne pourra vous reprocher ça !)

1) chute, 2) Sang, 3) Urgences, 4) Tête défigurée, 5) Double fractures du nez, 6) Suivi ORL

Et nous en étions très précisément là !

Le lendemain de mon petit tour aux urgences, je prends contact avec le service ORL de l'hôpital (comme demandé si gentiment par mon médecin tourista).

Moi : "Bonjour, je me suis fracturé le nez et je dois prendre rendez-vous d'ici 8 à 10 jours pour un suivi."
La secrétaire : "Oulààà non 8 jours c'est trop tard, c'est plutôt entre 5 et 7 jours."

5 jours plus tard, je me retrouve donc en salle d'attente... à attendre donc... Patiemment, gentiment... haaaa mais c'est quand qu'on passe diiiiiites ???

Bref au bout de 15 heures ...deux heures  (j'ai bien fait de quitter mon travail plus tôt, ça aurait été dommage sinon de faire quelque chose de constructif plutôt que d'écouter des enfants pleurer, des gens geindre et de regarder des médecins travai... ha non en fait, ils mangent un sandwich là non ?

Enfin, voici mon tour !

Une externe... ou interne... je ne sais plus trop mais en tous cas elle était encore en formation (et ça c'est pas grave, ça arrive, en principe ils sont TOUS passés par là  (sauf Jean-Claude Romand mais ça, c'est un autre sujet).
Elle m'installe dans une salle et .. (Héééé mais reviens gamin ! Tu vas pas rester tout seul dans ce bois ! Houhou y a quelqu'un ?) Bref elle est partie, pour revenir 30 bonnes minutes plus tard (on était à ça les gars, à ça !)

 Elle revient, s'asseoit, ouvre l'ordinateur, prend mon dossier, lit de manière trèèèès concentrée, émet des "hum, hum"...
Elle m'ausculte (c'est à dire qu'elle m'enfonce une caméra dans mon pauvre petit nez déjà chafouin des aventures de la semaine...) et me dit ; "Il va falloir opérer, la cloison est déviée..."

J'entends l'information, commence à la digérer... Elle m'explique qu'on va être obligé de re-casser le nez et le plâtrer.




Elle doit donc aller chercher le planning de l’anesthésiste pour fixer un rendez-vous.(Ouais c'est pas trop barbare, c'est sous Anesthésie générale, ils sont sympas !)

Elle part... et revient 10 bonnes minutes plus tard pour me dire: "En fait, j'ai vu avec ma cheffe et c'est encore trop enflé, donc on ne peut pas dire, il faudra revenir d'ici 4 jours..."

Euh attendez je calcule hein : 5 jours... plus 4... je retiens 3... j'enlève 2... ça fait pas 9 ça ?

Petit rewind please
"Moi : "Bonjour, je me suis fracturé le nez et je dois prendre rendez-vous d'ici 8 à 10 jours pour un suivi." ( 9 c'est pas pile-pile entre 8 et 10 non ?)
La secrétaire : "Oulààà non 8 jours c'est trop tard, c'est plutôt entre 5 et 7 jours."

Voilà, voilà... 

J'ai donc repris un rendez-vous : alors ben il me reste jeudi à 14h ! (Nickel je bossais toujours pas donc c'est parfait hein !) 

Bref les jours passent... (comme des jours quoi hein boulot, métro (ha ben non y a plus...) donc bus et dodo). 

Jour J : Départ du travail...secrétaire pas aimable (ou ben tiens Germaine, ça faisait longtemps !) 

Salle d'attente (qui porte encore mieux son nom que la fois précédente ! Un exploit) 

Installation dans un bureau... re attente, interne (ou externe, allez savoir). 

Lecture de mon dossier, répétition de l'histoire, enfants qui pleurent dans le couloir : 

L'externe (ou interne) : Je vais fermer la porte ! 
Moi : Non mais ça ne dérange pas, ne vous inquiétez pas ! 
L'interne (ou externe) : Oui ben moi les gamins qui hurlent toute la journée je n'en peux plus, donc on va fermer la porte. (Ok mon pote ! tu veux un café ? Un petit massage peut être ? Qu'on appelle Germaine ? 

Porte fermée, auscultation (soit une caméra toujours enfoncée dans mon pauvre pif qui n'avait vraiment rien demandé). Et puis là, il était vraiment très près, et c'était vraiment gênant. (Vous connaissez l'histoire des cercles d'intimités ? Non ? Rien ne vaut un schéma :


 Lui, il était normalement dans la zone : étranger et bizarrement il se retrouvait dans ma zone "soi". Du coup, mon moi a essayé de trouver une diversion et a fixé mon attention sur la tâche de sang ornant sa blouse. Et mon moi n'a rien trouvé de mieux que dire : 

"Oh ben c'est marrant vous avez du sang, journée compliquée ?" (Nounouille tu l'as bien vu que c'était pas facile avec les enfants déjà nan ? Tu vois bien qu'il se sent pas à Bali à chevaucher des éléphants)

Lui : "OUI BEN J'AI PAS EU LE TEMPS DE ME CHANGER !"

(Il m'a grondé là...Si, si il m'a grondé... Moi à la base je voulais juste divertir mon moi du cercle de "soi" un peu trop envahit c'est tout !) 

Du coup je me suis tue et j'ai laissé monsieur m'enfoncer une caméra dans la narine en regardant le plafond... 

Après ça il a dit : Bon ben faut opérer hein c'est dévié... 

Alors moi j'ai dit : ok ! 

Et lui il a ouvert mon dossier, ouvert le planning des anesthésistes et il a dit : Enfin...En même temps, vous en pensez quoi ?
Moi : De ?
L'externe...interne on ne sait plus trop : Ben de l'opération, il faut ou il ne faut pas ? 
Moi : Ben je ne sais pas, je ne suis pas médecin (j'ai vraiment répondu ça...)
Lui : OUi ben moi non plus (haha non c'est pas vrai, il a pas dit ça !) Oui enfin moi je veux bien vous opérer hein mais le résultat sera pas formidable. Parce que des fois vous patients, vous forcez vous forcez mais bon ... si c'est pour que ça n'apporte rien hein ! C'est quand même recasser le nez, dévier la cloison, c'est pas rien ! 

(Euh mollo mollo (à cause du pépé ?!) j'ai rien demandé à personne moi. Je me suis juste pris un sol en pleine tronche alors ça va bien 5 minutes non mais oh)

Moi : J'entends bien... Mais je n'ai rien dit en fait. Si vous me dites qu'il faut opérer alors on le fait. Si ce n'est pas nécessaire, on ne le fait pas ! Mais si il faut le faire, je préfère enchainer maintenant que de devoir y repasser dans 6 mois ou un an. 

Lui : Bon écoutez... Vous réfléchissez et vous me rappelez pour me dire si j'opère ou non... dans 2 jours d'accord ? 
Moi : Mais dans deux jours, je ne serais toujours pas médecin en fait ! (et j'ai encore une fois vraiment répondu ça... ) 
Lui : Oui enfin c'est votre nez hein, c'est vous qui le connaissez moi je ne sais pas ! (Ha ben ça c'est un problème en fait mon petit gars... pour le coup c'est embêtant parce que si Romand et moi ne sommes pas Docteur..Toi en revanche...Et imagine chez le garagiste : Ha mais mon bon monsieur, c'est votre voiture hein, vous la connaissez mieux que moi ! Alors on les change ces plaquettes de freins ou bien ???).

Bref je suis repartie dépitée de la consultation. 2 rendez-vous pendant lesquels on me disait : il faut opérer et puis quelques minutes plus tard, en regardant le planning des anesthésistes (coïncidence ? Je ne pense pas... Nous SACHONS !), annulation de la dite opération. 

J'ai donc appelé papa Briochette pour raconter tout ça. Il m'a dit de téléphoner à mon ORL qui me suit depuis petite. 

Bref j'ai eu un 3e rendez-vous avec l'ORL de mon enfance qui a regardé mon nez quand je me suis assise au bureau et m'a dit : Non mais là votre nez il est tout de travers ! 



Et pour la troisième fois en quelques jours, je me suis retrouvée avec une caméra dans les narines ! (Spilberg, si tu veux, je t'attends j'ai un super lieu de tournage !) 

Bref à la fin de la consultation il a dit : Bon ben là pas de doute : il faut opérer... Il a ouvert le planning des anesthésistes et il a dit : "Bon ben finalement... "NAAAAN je déconne, le rendez vous anesthésiste il fallait le prendre à part, ouf sauvée ! 

J'ai rencontré l'anesthésiste qui m'a dit : ha vous avez le nez cassé ! (Naaaaan même pas !) et qui en voyant mes antécédents a eu un peu de peine. Mais finalement il a bien voulu m'endormir quand même et il est même venu me dire des mots gentils à mon réveil (bon son collègue étant en prison pour accusation de meurtre, peut être qu'il essaye de rattraper le score de notation... mais on ne le saura jamais !)

 Du coup une semaine plus tard j'avais cette tête là : 

(Bon les yeux plus ouverts parce que je suis pas une chochotte ouech ! ) 

Le côté pratique ; vous faites des économies de maquillage ! 

Et puis ça aurait pu s'arrêter là, opération, clap de fin, nez de Cléopâtre. 

Mais vous me connaissez ! Au bout de 10 jours, saignements ! Retour ORL. Re caméra dans le nez (Steven grouille, on va te piquer la place à force hein !) Incompréhension. Tentative de stoppage infructueuse. Retour à l'hôpital. Ré opération.  (Avec en prime un nouvel anesthésiste qui me dit : vous êtes sûre qu'il faut vraiment réopérer ? Parce qu'à un moment les saignements ils vont s'arrêter non ? (oh ben oui une fois vidée de mon sang, logiquement ça saignera plus...En tous cas c'est ce que m'a dit le petit mouton de l’Aïd, mais enfin j'ai pas été vérifier !) et puis votre sonde là ? Vous voulez pas manger ? (Non je veux pas manger, je trouve que ça perd trop de temps !)

BREF ! Hémorragie trouvée puis contrôlée...Sortie de l'hôpital... Fin des caméras dans le nez... 

P.S : Ha ben non en fait...Encore une petite dernière pour la route quelques mois plus tard pour être sûr que tout soit sous contrôle ! Mais cette fois c'est bon stev', la place est vraiment libre, tout est réparé ! 



lundi 20 mai 2019

Il était une fois... Cendrillon et le nez cassé (partie 1 : Aux urgences)





Parfois je voudrais être un  cyborg ! Ouep, un joli cyborg avec des yeux supersoniques capables d'enregistrer touuuuuut ce qu'ils voient....

Malheureusement pour vous, je ne suis qu'une simple humaine. ( Et puis bon je suis une princesse, je fais caca paillettes et je vomis des papillons, on ne peut pas tout avoir !)
 Et encore une fois, il va falloir me croire quand je vais vous raconter mes supers aventures médicales ! (Avouez, ça fait rêver dit comme ça hein ... Allez bande de coquinous curieux, je vous  embarque dans ma vie ! Non ne me remerciez pas, je le fais d'abord pour moi, pour me décharger de toutes les émotions que j'accumule. Mais bon, si ça vous fait plaisir de vous dire que je le fais pour vous  en premier lieu, n'hésitez pas à le penser).





La semaine dernière j'ai eu des douleurs particulièrement intenses : de ventre, d'articulations, de migraines (des vraies qui font vomir, pas le petit mal de tête de quand tu n'as pas envie de... Enfin de... Mesdames, vous m'aurez compris (et messieurs aussi sans doute car finalement vous êtes aussi concernés).
J'étais donc couchée tranquillement dans mon lit (comprenez : j'étais en train de prier pour qu'une créature céleste me retire la vie afin d'abréger mes souffrances) quand SOUDAIN (ça fait peur hein !) de violentes nausées sont apparues. Je décide donc de me lever. (Bon ben du coup plutôt prestement histoire d'avoir la décence de ne pas me gerber dessus...  et puis parce que je n'avais pas envie de changer mes draps, de récurer tout ça, tout ça...Et puis les papillons c'est galère à rattraper...).
Comme vous vous en doutez, me lever n'était finalement pas une bonne idée. Parce que dans l'idée ça a donné : un voile noir puis :

Il suffit juste d'imaginer que la voiture est en fait une penderie, et que du père noël j'ai gardé la couleur rouge sang.

Je me suis donc "réveillée" dans une flaque de sang (si si c'est comme ça qu'ils ont dit à l'hôpital : une flaque).  Ma migraine toujours bien présente (à moins que ça ne soit l’œuf qui ait poussé sur mon arcade sourcilière qui me faisait mal ?) et un nez en moins...

J'ai donc eu cette réaction tout à fait naturelle d'appeler mes parents :
 "Euh maman ? Je crois que je me suis fait un peu mal en tombant ! T'inquiètes je vais bien mais... je crois que je me suis peut être probablement sûrement cassé le nez... "

Et en les attendant j'ai eu la présence d'esprit de lancer une lessive pour ne pas que le sang attache et j'ai commencé à nettoyer le sol à coup de sopalin (pour ne pas que le sang attache), tout en continuant d'en disséminer (du sang hein) par-ci, par- là.  J'ai ensuite attaqué ma penderie (bordel elle a 4 mois, et le sang ça tache ! ... Oui j'étais un peu en boucle sur la propreté et le sang qui tâche... Bizarrement beaucoup moins sur ma tronche de Mike Tyson piqué par Maya l'abeille dont il aurait été allergique. )

A un cheval près, je ressemblais à ça : (avec le bleu au dessus de l’œil et pas en dessous quoi ! et en version féminine... Enfin vu les formes de mon visage, fallait encore deviner que j'étais une créature humaine alors de là à déterminer un sexe...)



Mes parents sont arrivés, ma maman m'a demandé si j'avais mis la lessive à 30 degrés car il ne faut pas bouillir le sang sinon c'est mort ! (Ouais on est tous comme ça dans la famille). Et puis finalement ils ont appelé les pompiers parce que quand même c'était pas folichon.

Pompiers au top professionnellement (bon pour le physique, faudra quand même qu'on m'explique : il travaille où lui ?
Parce que perso, je ne tombe jamais dessus ... Mais c'est un détail...)

 Ambulance, urgences !

On m'emmène en traumato, sauf que la traumato ne veut pas me prendre car il y a eu malaise avant la chute, donc direction les urgences médicales... On vous prévient mademoiselle, il va y avoir de l'attente (pas de soucis, je le comprends je ne suis pas une urgence vitale donc je sais bien.) Je suis sage, je suis dans mon coin, tranquille. J'écoute les gens rouspéter, je regarde les nanas arriver à l'article de la mort : main sur le front, râle dans la voix ... pour finalement sortir le portable 3 minutes après (dès que les infirmières tournent le dos quoi !).

Puis vient le box... Mes parents m'y rejoignent. Entrée de l'infirmière qui vient poser une voie veineuse. Bon déjà elle dégage autant d'amabilité  que Germaine... (vous vous souvenez de Germaine ? C'est elle : )


Dialogue ? Allez dialogue ....

Moi : Juste pour information, mes veines roulent et claquent facilement (pour ceux qui me suivent assidument c'est un peu un gimmick de répétition l'histoire de mes veines...)
Germaine : Mais je sais faire mon travail hein !
Moi dans ma tête : Olà cannasson, touuuut douuuuux.
Moi en vrai : Je n'en doute pas, je vous prévenais juste.

Elle tâte, re tâte, se saisit de l'aiguille et...

Moi : Aiiiiieuuuuh (Les bips du scope sur lequel j'étais branchée ont dit eux aussi : aiiiieuuuuuh (à leur manière quoi, en s'agitant  !) )
Germaine : Nan mais. faut pas bouger hein !
Moi : Oui sauf que là vous avez piqué dans un nerf, j'ai des décharges et des fourmis dans la main ! (moi dans ma tête : grognasse tu recommences une fois je te la fiche dans le fion ton aiguille on verra si tu bouges pas !)
Elle :  Ha ben non en fait pas elle, car madame n'a même pas pris la peine de s'excuser.
Je me suis contentée de broyer la main de ma maman qui s'inquiétait en parallèle de savoir pourquoi les alarmes s'étaient lancées au moment où j'avais eu mal. Réponse de Germaine : ha nan mais ça c'est pas important, on s'en fiche.

Départ de Germaine, entrée du médecin. Là on était plus sur du Cruella (niveau dédain bien sûr).

Elle est entrée dans la pièce sans un bonjour, a lancé un : vous sortez à mes parents sans un regard.  Elle s'est ensuite dirigée vers l'ordinateur et a finalement daigné me regarder pour me lancer

Cruella : Vous n'avez rien à faire ici ! C'était en traumato qu'il fallait aller, c'était facile pourtant.
Moi : Mais ce sont les pompiers qui...
Cruella : Oui ben si ils ne savent pas faire leur boulot aussi ... on voit bien là quand même hein !
Moi : Mais ils m'ont emmené en traumato, c'est la traumato qui a dit de venir ici car j'avais fait un malaise avant et...
Cruella : Ha ben oui, la traumato c'est des CHIRURGIENS  (elle l'a dit avec tout le dégoût possible qu'elle pouvait mettre dans ce mot), faut pas trop leur en demander, ça sait pas ce que c'est un malaise vagal. Bref vous avez le nez cassé ! La prochaine fois hein ça sert à rien de vous lever, vous lever les jambes et puis c'est tout. Enfin... Il m'est arrivé la même chose en voyage, j'avais la tourista, j'ai fait un malaise bim nez cassé. Allez antibiotiques, anti-inflammatoires, radio et puis vous irez voir un ORL d'ici 8 à 10 jours.

J'ai dit que j'avais mal aux cervicales, elle a tâté vaguement et elle m'a dit : "Ha ben oui c'est tout bloqué, faut aller chez l'ostéo."

Et elle est partie...

Là j'ai tilté que j'avais oublié de lui dire que je ne pouvais pas prendre les antibiotiques par la bouche (pour cause je vais les revomir 2 fois sur 3 quoi !) Ma gentille maman essaye de la rattraper, mais Cruella s'est déjà évaporée. Du coup elle transmet à Germaine.
Germaine toujours aussi aimable dit qu'on a le temps, que je ne suis pas partie blablabla et puis elle vient me chercher pour me remettre en salle d'attente. Et elle balance un délicat : et les parents ils vont partir hein, ils peuvent pas rester ! Et puis elle, elle est assez grande pour dire qu'il lui faut une perfusion, hein elle va s'en sortir ?
Là j'avais envie de lui dire d'arrêter de me parler comme à une débile, mais finalement je lui ai rétorqué : en fait, tout à l'heure je n'ai pas pu lui courir après, parce que je n'ai pas le droit de me lever ... c'était logique  en somme ! Mais bon promis la prochaine fois, je serais grande et je ne respecterais pas les ordres Germaine !

 Bref, j'ai ensuite attendu, passé une radio du nez, attendu, écouté le personnel rigoler d'une fille qui aurait du aller en psy et qui ne voulait pas être attachée, attendu, attendu, attendu. J'ai osé demander pour aller aux toilettes au bout de 5h de présence... Ils n'avaient pas entendu le son de ma voix encore... On m'a dit que je ne pouvais pas me lever mais qu'on m'emmenerai. J'ai attendu... On ne m'a jamais emmené.

L'interne est venue avec une ordonnance. J'ai dit que je ne pouvais pas prendre les antibiotiques et les anti-inflammatoires par voie orale. Elle est partie. Elle est revenue et elle m'a dit que c'était trop compliqué de passer en perfusion... Elle m'a enlevé les anti-inflammatoires, elle m'a donné l'ordonnance et elle m'a dit de me débrouiller comme ça jusqu'à lundi et que lundi si ça n'allait pas je n'avais qu'à aller voir mon médecin traitant. J'ai attendu, on est venu m'enlever ma voie veineuse. On m'a dit : je vais vous emmener plus loin pour vous rhabiller avec tellement de lassitude dans la voix que j'ai proposé de me rhabiller entre mes deux paravents... De toute façon ma dignité à l'hôpital, ça fait un bail que je l'ai perdu. Il était content, il m'a dit ok. Il est partit...

Je me suis débrouillée pour retrouver mon chemin dans les couloirs de l'hôpital, il était presque minuit. Et je me suis dit que Cendrillon, elle avait quand même vachement dérouillé physiquement.
Ma citrouille m'attendait pour me ramener à la maison (mon père en cocher c'est bien plus la classe que le cheval Major !). 


Et puis ça aurait pu s'arrêter là, une tête déformée, une double fracture du nez (ah oui au fait, c'était ça ), mais non il y a eu le suivi  (enfin suivi... je vends du rêve !) en ORL.

Mais ça, ça vaut un article pour lui tout seul ...

PS : Même si j'avais pas mis à 30 degrés, le sang n'a pas bouilli ! Plus une trace ! Donc pour info, 40 ça passe encore...Je suis une souillon qui se respecte quand même dans les tâches ménagères ;)